Le jugement a été rendu dans un tribunal hautement sécurisé, à quelques centaines de mètres seulement du lieu d’où avait décollé le MH17. Ce jeudi, trois ressortissants russes et un Ukrainien ont été jugés pour le crash de l'avion qui a fait 298 victimes, passagers et membres d'équipage confondus.
Ce 14 juillet 2014, le MH17 doit relier Amsterdam à la capitale malaisienne de Kuala Lumpur. Il n'atteindra jamais sa destination. Touché par un missile alors qu’il survole le ciel de l’Ukraine déjà en proie à un grave conflit armé, le Boeing est pulvérisé.
L'avion aurait été détruit en vol par un missile Buk de fabrication russe. Un système utilisé par de nombreux pays, dont la Russie et l'Ukraine. Il a été tiré depuis un champ agricole près de Pervomaïskyi (dans l'est de l'Ukraine), par une unité indépendantiste pro-russe.
La cour a rejeté un scénario alternatif avancé par la défense qui évoquait l'éventualité de l'implication d'un avion de chasse ukrainien. Depuis, Russie et Ukraine se rejettent la responsabilité du crash.
Sur le banc des accusés, ou presque : quatre hauts gradés militaires russes et ukrainiens, suspectés d'avoir joué un rôle central dans la sécurisation du système de missiles, probablement destiné à abattre un avion de guerre ukrainien. Seul un des suspects est représenté par un avocat. Il a été blanchi. Les trois autres hommes, qui brillent par leur absence, sont condamnés par contumace à la prison à perpétuité.
Parmi eux, le Russe Igor Girkin, «Strelkov» (le tireur) de son nom de guerre. Il vaut notamment sa condamnation à une «gaffe» publiée sur un réseau social russe, le jour de l'accident.
Peu après le crash de l'avion, le séparatiste pro-russe se serait félicité sur Vkontakte d'avoir fait abattre par ses troupes un avion Antonov An-26 dans la région où l'avion s'est écrasé, avant de supprimer son message une demi-heure plus tard.
Parmi les autres condamnés, Sergueï Doubinsky, 57 ans, qui serait lié au renseignement militaire russe, et Leonid Khartchenko, 48 ans, qui aurait dirigé une unité séparatiste dans l'est de l'Ukraine. Ils «n'ont pas appuyé sur le bouton eux-mêmes, mais (...) l'ont utilisé pour leur lutte armée dans le but de détruire un avion», explique le procureur, ajoutant que les quatre hommes ont servi «leurs propres intérêts militaires».
Quant au quatrième, le Russe Oleg Poulatov, 53 ans, il s'agit d'un ancien membre des forces spéciales russes et adjoint de Doubinsky. Il n'y a pas suffisamment de preuves pour montrer qu'il aurait été impliqué.
Le procès représente la fin d'une longue quête de justice pour les proches des victimes, qui venaient de 10 pays, dont 196 Néerlandais, 43 Malaisiens et 38 Australiens.
Ouvert en mars 2020 avec une triste lecture des noms des victimes, le procès dit «du MH17» est devenu entre-temps un test pour les efforts visant à traduire en justice les auteurs de crimes de guerre en Ukraine depuis 2014.