Dans toutes les grandes histoires, il y a un chat. Même les plus épouvantables. A Boutcha, théâtre d'un massacre qui a sidéré la communauté internationale, un chat errant au pelage blanc et roux est en passe de devenir le symbole de la survie des Ukrainiens. Ce petit félin, dont on ignore (encore) le nom, est pourtant au coeur d'un scandale depuis mercredi.
Le 6 avril 2022, à 22h49, l'Ambassade de Russie en France a publié une photo sur Twitter censée nourrir la thèse d'une «mise en scène» ukrainienne. Alors que des centaines de cadavres ont été découverts dans cette petite ville non loin de Kiev, le compte officiel «Russie en France» a réduit l'horreur en un «plateau de tournage». Une propagande qui a suscité une telle controverse que, jeudi après-midi, l'ambassade a fini par supprimer son tweet.
Mais le mal était fait. En une poignée de minutes, le message a fait le tour de Twitter, puis de tous les médias du monde. Résultat, la photographie utilisée pour étayer la propagande a aussi fait partie du «voyage». Un cliché réalisé par un média ukrainien dans le cadre d'un article sur les exactions de Boutcha.
Dans cette fresque encore chaude, on peut y voir un tank russe endormi, de la fumée qui s'échappe des gravats et une nuée de journalistes en reportage. Au cœur de l'enfer, un chat. Roux et blanc. Un félin qui mange toute l'attention, tenu en joue par six objectifs d'appareils photo, de caméra ou de smartphones.
Qui est ce chat? A qui appartient-il? Quelle est son histoire? Nous ne le savons pas encore. En revanche, à défaut de sa pièce d'identité, nous avons retrouvé son petit minois, après une petite enquête dans les couloirs mal éclairés d'internet.
Jeudi, un petit embryon de succès auréolait déjà la mignonne petite bestiole ukrainienne. Et, comme le dit très bien ce correspondant du journal canadien The Globe and Mail, «ce chat a besoin d'un agent».👇
That cat needs an agent. https://t.co/9ygrzifJs8
— Mark MacKinnon (@markmackinnon) April 6, 2022
Si le félin a tout pour incarner avec élégance la résistance ukrainienne dans l'enfer de Boutcha, la scène ne fait pas plaisir à tout le monde. En cause? L'«indécence des journalistes occidentaux» qui n'auraient rien de mieux à faire que de photographier un chat, alors que le bitume est jonché de cadavres.
a Swarm of foreign journalists in #Bucha in the Ukraine. Six people take pictures of a cat.
— Angelo Giuliano 🇮🇹 🇨🇭/ living in 🇨🇳 (@Angelo4justice3) April 7, 2022
This is the level of Western media pic.twitter.com/y6NaywfaoG
When you and the gang are out reporting on one of the biggest massacres in modern day Europe, but someone sees a cute cat. pic.twitter.com/ElDaxcVwp8
— Thomas van Linge (@ThomasVLinge) April 6, 2022
Reste que, ce chat, qui n'a rien demandé à personne (ni à l'ambassade Russe en France, ni aux journalistes présents sur les lieux) va sans nul doute refaire parler de lui ces prochains jours.