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Cette décision de l'Indonésie rend nerveux les membres du G7

Cette décision de l'Indonésie envers la Russie fait craindre le pire.
L'absence de l'Indonésie au sommet du G7, couplée à une visite de trois jours de son président à Moscou, fait lever quelques sourcils à l'international.Image: Imago

L'Indonésie se rapproche de Poutine et ça inquiète

Le sommet du G7 touchant à sa fin, on ne peut que remarquer l'absence de l'Indonésie, pourtant conviée par Ottawa. Le président Prabowo aurait, en effet, préféré rendre visite à Vladimir Poutine, une décision qui inquiète.
18.06.2025, 16:5318.06.2025, 16:53
Marchio GORBIANO, jakarta / Marion THIBAUT, Montréal / afp
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La décision du président indonésien Prabowo Subianto d'aller rencontrer Vladimir Poutine plutôt que de répondre à une invitation du G7 peut s'interpréter comme une tentative d'élargir ses alliances, mais fait craindre un basculement de Jakarta en faveur de Moscou, estiment des analystes.

Un conflit de calendrier comme justification

Aux commandes de l'archipel depuis octobre dernier, Prabowo avait été convié par Ottawa au sommet des pays du «groupe des 7» achevé mardi, a indiqué une source gouvernementale canadienne. Mais l'ex-général a préféré accepter une invitation à rencontrer le dirigeant russe à Saint-Pétersbourg pour une visite de trois jours qui débute officiellement mercredi.

La présidence indonésienne a attribué cette décision à un conflit de calendrier. Mais les experts estiment qu'elle envoie un signal aux partenaires occidentaux sur l'orientation stratégique de la première économie d'Asie du Sud-Est qui, historiquement, entretient cependant une politique de non-alignement.

Pieter Pandie, chercheur au Centre d'études stratégiques et internationales (CSIS) basé à Jakarta, donne son analyse:

«Cela soulève certaines questions quant à un basculement en faveur de la Russie»
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Le président français Emmanuel Macron était en visite en Indonésie en fin mai dernier. Il est ici aux côtés du président Prabowo Subianto.Image: Keystone

Pour d'autres, le choix du président indonésien est une démonstration de son objectif de développer un réseau mondial d'alliances économiques et militaires, au lieu de s'appuyer uniquement sur les partenaires occidentaux au sein du groupe des économies avancées. Pandie exprime son désaccord:

«L'Indonésie devrait être consciente que ses décisions en matière de politique étrangère peuvent avoir des conséquences régionales et mondiales. Elle aurait au moins dû envoyer un représentant au G7.»
Pieter Pandie

Dedi Dinarto, spécialiste de l'Indonésie au sein du cabinet de conseil Global Counsel, estime quant à lui que:

«Le président Prabowo voit probablement un avantage stratégique dans le renforcement des liens de défense et économiques avec la Russie. Du point de vue de Jakarta, le sommet du G7 pouvait peut-être offrir moins de résultats concrets.»

Un réseau d'alliances minutieusement établi

Le porte-parole de la présidence indonésienne, Philips Vermonte, soulignait mardi que Prabowo était en visite officielle en début de semaine à Singapour avant de préciser:

«L'idée selon laquelle l'Indonésie aurait choisi la Russie plutôt que le G7 n'est pas juste»

Jakarta est habituée à entretenir des relations pondérées avec les grandes puissances, et entretient de longue date un équilibre diplomatique délicat entre les deux rivaux régionaux, à savoir Pékin et Washington.

Au lendemain de sa prise de fonction, Prabowo Subianto a effectué sa première visite à l'étranger auprès du président chinois Xi Jinping, puis s'est rendu à Moscou. Il a également publié plusieurs vidéos de ses appels téléphoniques avec le président américain Donald Trump.

L'ex-général a également cherché à diversifier les alliances indonésiennes par la signature d'un accord de sécurité avec l'Australie, des visites dans les pays du Golfe, une escale au Royaume-Uni, puis l'accueil récent du président français Emmanuel Macron.

Un rapprochement qui inquiète néanmoins

Entretemps, il a développé des liens plus étroits avec la Russie, la qualifiant de «grande amie» et organisant les premiers exercices navals conjoints des deux nations autour de l'île de Java en novembre dernier.

Jakarta et Moscou sont également en pourparlers sur des achats d'équipements militaires, la collaboration spatiale et un éventuel accord de libre-échange avec le bloc de l'Union économique eurasienne dirigé par Moscou. En outre, l'Indonésie a rejoint, en début d'année, le groupe des BRICS+, un bloc d'économies émergentes composé de 11 pays comprenant notamment la Chine, l'Inde et la Russie.

Et, tandis que son prédécesseur Joko Widodo avait tenu à se rendre à la fois à Kiev et à Moscou, Prabowo n'a prêté pour le moment attention qu'au côté russe, alors que la guerre entre les deux pays dure depuis plus de trois ans.

Mais pour Dedi, Prabowo ne devrait pas pour autant remettre en cause la stratégie traditionnelle de non-alignement de Jakarta:

«A l'avenir, nous verrons probablement un modèle d'engagement pragmatique, moins motivé par l'idéologie et davantage par les domaines dans lesquels l'Indonésie voit un avantage clair.»

(ysc/mrc-jfx/ebe/roc)

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source: ap ria novosti russian governmen / dmitry astakhov
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