Une sentinelle haute comme trois pommes, vêtue d'un jean, assise nonchalamment sur un rebord de fenêtre défraîchie. Dans ses mains, un flingue. Dans sa bouche, une sucette. Et cette queue de cheval maintenue sur la veste par les couleurs ukrainiennes. La photo a ému un paquet d'internautes ces derniers jours. Pourquoi cette fillette est-elle armée? Qui est-elle? Que guette-t-elle? Et qui a pris la photo?
Il faut dire que dans cette guerre d'images que se livrent Russes et Ukrainiens entre deux bombardements, ce n'est pas la première fois qu'un cliché cristallise toutes les émotions du monde le temps d'un partage sur les réseaux sociaux. Mais contrairement à beaucoup d'autres, elle a une histoire. Précise, datée et racontée par... son propre père, Oleksii Kyrychenko.
Le succès de l'image a subi un coup d'accélérateur ce week-end, quand le président du Parti populaire européen, de centre droit, a, lui aussi, dévoilé le cliché sur Twitter. Pour demander, par le truchement de l'émotion, des sanctions encore plus fermes contre la Russie de Poutine.
Just don’t tell her please that tougher sanctions would be too expensive for Europe! pic.twitter.com/dJUGPMzPZX
— Donald Tusk (@donaldtuskEPP) March 11, 2022
Le papa de la fillette a expliqué dimanche sur Facebook qu'il voulait «faire des photos pour attirer l’attention sur la possible guerre». Car, oui, la séance s'est déroulée dans un immeuble abandonné le 21 février. Et la photo a été publiée une première fois le lendemain, 22 février. Soit deux jours avant le discours d'invasion de Vladimir Poutine. La gamine n'est donc pas une combattante en plein conflit, mais le symbole d'une Ukraine alors aux portes de l'enfer.
Si son prénom n'a pas été dévoilé, on connait son âge: 9 ans. Et, dans le regard de son père, elle représentait initialement «ce à quoi pourrait ressembler l’Ukraine dans un futur proche». C'est du moins ce qu'on peut lire dans le post Facebook publié par Oleksii Kyrychenko et traduit une première fois par le HuffPost.
Si le papa n'évoque pas le fait qu'il risque, aussi, par ce cliché, de romantiser une guerre meurtrière, il raconte que depuis le début de l'invasion, «le monde a vu le vrai visage de l’invasion russe» par l'intermédiaire de sa fille.
Son post Facebook est particulièrement fertile depuis dimanche. Et les commentaires sont partagés. Si beaucoup soutiennent la famille et remercient le père d'avoir donné un «visage à la guerre», certains s'offusquent de l'utilisation d'une gamine de 9 ans dans une série de clichés «trop beaux» alors que le sang coule encore en Ukraine. Dans son explication, l'homme précise qu'il a trois enfants et qu'il a fui Kiev en famille dès le début des bombardements. Pourtant mobilisable, il dit ne pas avoir encore été appelé.
D'autres photos ont été faites durant la séance et partagées par le papa. Si le look change, la sucette et le flingue sont toujours là.