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Olena Bilozerska, la tireuse d'élite qui «veut tuer Poutine»

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images: twitter, facebook, montage: watson

Olena Bilozerska, la redoutable tireuse d'élite qui «veut tuer Poutine»

Après avoir économisé pendant deux ans pour se payer son premier fusil, cette journaliste-poète-snipeuse de 44 ans est devenue, dès 2014, le visage de la résistance ukrainienne face au maître du Kremlin. Interviewée dimanche par The Sun, elle considère qu'un «ennemi armé n’est pas un être humain, mais une cible». Portrait d'une guerrière qui prédit la mort du président russe.
20.02.2024, 11:5320.02.2024, 12:45
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Elles sont nombreuses à incarner les combattantes ukrainiennes depuis le début de l'agression de Vladimir Poutine, depuis deux ans maintenant. Parmi elles, une poétesse a joué un rôle de détonateur. Elle s'appelle Olena Bilozerska et c'est son mari, militaire professionnel, qui lui a offert ses premiers cours de tir il y a une grosse décennie. Aujourd'hui âgée de 44 ans, elle tue aussi vite que son ombre et ne compte pas remiser son arme avant la mort du président russe. Si Olena Bilozerska rêve de le tuer de ses propres balles, elle garde néanmoins les pieds sur terre.

«Bien sûr, je tuerais Poutine si je le pouvais. Mais je crois qu'il n'est pas réaliste pour moi d'avoir une telle chance»
Olena Bilozerska, au tabloïd anglais The Sun, dimanche.

Mais elle ne déprime pas pour autant, car, selon elle, «lorsque l’élite russe se rendra compte que le règne de Poutine ne lui est plus rentable, il sera empoisonné ou tué d’une autre manière». Aujourd'hui, cette journaliste de profession est lieutenante principale du bataillon Artan, pour le Renseignement de défense ukrainien. Mais en 2014, dès l'annexion de la Crimée, elle s'enrôle comme simple volontaire, parmi tant d'autres, le fusil à l'épaule et le ventre à l'envers.

Lorsqu'elle enfile pour la première fois le treillis, Olena comprend qu'elle est investie d'une mission quasi divine. Une impression qui ne la quittera plus. «C'est une chance unique de défendre son pays avec une arme à la main», confessera-t-elle au magazine Esquire, qui l'avait suivie en mission dans l'oblast de Dnipropetrovsk, en novembre dernier.

Armée de son fusil Zbroyar Z-10, elle descend les soldats russes qui osent s'aventurer dans son viseur. Si Olena avoue ressentir une grosse appréhension avant chacune de ses missions, une fois l'arme chargée, plus rien n'est en mesure de lui couper la route ou les jambes. Dans le jargon, on appelle ça avoir de la bouteille: «Je considère aujourd'hui qu'un ennemi armé n’est pas un être humain, mais une cible. C'est comme ça et c'est impossible d'envisager ce métier différemment».

«Lorsque l’ennemi rampe vers notre position pour me tuer, se demande-t-il si j’ai un mari, des parents ou des enfants? Bien sûr que non. Ce truc émotionnel, c'est pour les livres et les films. Quiconque pense ainsi au combat est déjà considéré comme mort»
Olena Bilozerska

Après des débuts remarqués en qualité de soldate amateur, elle attrapera très vite le grade d'officier et de chef de peloton d'artillerie. Et sans jamais n'avoir mis un pied dans une école militaire. Elle aime à rappeler qu'elle a dû économiser deux ans pour se payer son premier flingue. Selon ses propres dires et sa propre expérience, qu'elle compilera d'ailleurs dans son Journal d'une soldate illégale (publié en 2019), son aisance naturelle à la gâchette lui permettra de se hisser au sommet des tireurs d'élite ukrainiens.

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De quoi susciter quelques jalousies, du moins à ses débuts, mais aussi l'ire du Kremlin. Consciente du potentiel de nuisance d'Olena Bilozerska, la garde rapprochée de Vladimir Poutine tentera à plusieurs reprises d'annoncer sa mort, pour remonter le moral des troupes russes et catapulter dans les chaussettes celui des Ukrainiens. Depuis 2014, les trolls de Moscou n'arrêtent pas de se payer sa tête sur les réseaux sociaux. Qui aime bien châtie bien? Pas vraiment. Qu'on ne s'y trompe pas, derrière ses pupilles azur et sa douce frange vénitienne se planque une redoutable tueuse.

Si l'armée ukrainienne compte aujourd'hui plus de 5 000 soldates, en 2014, Olena faisait tache sur le champ de bataille. L'enrôlement des femmes n'a été autorisé qu'en 2016 et officialisé en 2018. Jusque là, la journaliste originaire de Kiev était donc effectivement une «soldate illégale».

La lieutenante doit bien sûr son succès militaire à ses grandes compétences de tireuse d'élite. Mais son succès populaire, lui, a déboulé juste avant la publication de son livre. Dans la nuit du 24 au 25 août 2017, elle va dégommer deux soldats russes et en blesser un troisième gravement. Ce carton plein sera immortalisé par ses lunettes à vision nocturne et la séquence va être durablement virale sur Internet. Avec une question qui prendra racine sur toutes les bouches: qui est cette mystérieuse femme qui descend du Russe au beau milieu de la nuit?

Son mari, Valeriy Voronov, qui était à ses côtés au moment des deux tirs meurtriers, s'est contenté de «ramasser les douilles, en silence», avec un objectif en tête. Quelques mois plus tard, il lui offrira une bague en argent, fabriquée avec la base de la cartouche. Une «tradition de tireur d'élite qui remonte à la Première Guerre mondiale», se souvient-elle quand elle s'autorise à baisser la garde et faire parler son coeur.

Après avoir servi durant deux ans en qualité de commandante d’un peloton d’artillerie dans le Donbass, elle rangera son fusil en 2020, pour redonner un peu de place à sa vie privée. Son mari s'autorisera lui aussi quelques mois de répit. Mais à peine avait-elle repris ses boulots de poète et de journaliste à Kiev, qu'elle va dépoussiérer son treillis.

Le matin de l'invasion commanditée par Vladimir Poutine, Olena Bilozerska embarque son amoureux et son Zbroyar Z-10 pour rejoindre les tranchées. La combattante confesse que le premier jour de l'agression russe sera le plus douloureux pour elle: «C'était effrayant. Je veux dire... si les occupants russes avaient pris Kiev, ils auraient certainement tué mes parents. Lorsque nous avons chassé les ennemis de la capitale, c'est devenu moralement plus facile à gérer».

«Quelques jours avant le début de l'agression, alors qu'il est devenu évident qu'elle était inévitable, mon mari, mes frères d'armes et moi-même, on s'est inscrits dans l'une des unités de l'armée ukrainienne. Et le matin du 24 février, nous étions au boulot»
Olena Bilozerska, dans The Sun.

Toujours selon ses propres déclarations, elle serait désormais la tireuse d'élite la plus meurtrière de l'armée ukrainienne. Pas forcément de quoi être fière, mais largement suffisant pour justifier son enrôlement, dix ans plus tôt. De la guerre, elle retient des milliers de souvenirs et une blessure: sa joue droite est paralysée depuis qu'une balle de mitrailleuse russe lui a frôlé le visage «lors d'un échange de tirs».

Et l'avenir de Vladimir Poutine, elle en pense quoi? «Si Poutine réussit à conquérir définitivement l'Ukraine, ses prochaines victimes seront la Moldavie, la Pologne, les Etats baltes et la Finlande. Il faudrait ne jamais oublier que l'Ukraine n'a jamais été une fin en soi pour le président russe. J'ai beaucoup d'injures en tête, mais ce type est d'abord un président simplement inadéquat.» Et Olena ne collectionne pas les faux espoirs, car le «successeur de Poutine ne sera jamais un ami de l'Ukraine».

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