Wali est un tireur d'élite, ancien membre du Royal 22e Régiment, l'un des trois grands groupes d'infanterie des Forces armées canadiennes. Voilà pour le pedigree officiel. Le reste, c'est entre les lignes (de front et de bouquin), mais aussi sous les projecteurs que ça s'est construit. Wali est un pseudonyme. Si sa tronche a voyagé, sa véritable identité n'a jamais été dévoilée.
Jeudi matin, le sniper-star, 40 piges, a abandonné femme et bébé, fourré son ghillie suit dans un baluchon, avant d'aller prêter main-forte aux Ukrainiens. Dans un média canadien, il imagine déjà l'ambiance une fois dans la fournaise de la guerre, mais aussi l'accueil par les milices de Zelensky: «Tiens, sers-toi, il y a des lance-roquettes ici, des missiles là!» Surréaliste? Bah, un peu.
⚡️The most famous sniper "Wali" has arrived in #Ukraine to fight against occupiers
— NEXTA (@nexta_tv) March 10, 2022
The average productivity of sniper is 7 men a day. On the front type like Ukrainian, productivity can reach up to 10. "Vali" can provide up to 40 deaths per day. pic.twitter.com/XDOibKxiQq
Contrairement à d'autres – au hasard, le député franco-suisse, Joachim Son-Forget, parti «aider l'Ukraine» en voiture sur un coup de tête (et sur Facebook) – Wali est un professionnel de la gâchette. On raconte qu'il «peut livrer 40 morts par jour». L'anecdote paraît glaciale, mais c’est un sniper. Tuer, c'est son job. Il tue comme on pourrait chasser la truffe. Avec précision et de la patience dans le viseur. Officiellement à la retraite, l'homme connaît visiblement la feuille de match des Russes et les gros engins ne l'effraient qu'à moitié:
Le sniper-star a également prévu de potasser le vocabulaire ukrainien. Dans son paquetage: un dictionnaire (en plus d'un masque à gaz et sa veste de combat qu'il emporte partout avec lui depuis ses premières aventures).
Après avoir été tireur d’élite au sein des Forces canadiennes pour des missions ponctuelles, notamment en Afghanistan entre 2009 et 2011, il s'envole tout seul pour l'Irak en 2015. Objectif? Faire la guerre au groupe armé Etat islamique où il a d'ailleurs failli y passer, «après l’explosion d’un véhicule piégé à quelques dizaines de mètres de lui». Sous ses airs de bourrin de salle de paint-ball, l'homme est, au contraire, décrit comme un «stratège», un «intellectuel de la guerre», un «fin connaisseur du terrain», un «passionné d'histoire». Une carrière qu'il a d'ailleurs racontée dans un bouquin, au sous-titre hollywoodien: «L'histoire non censurée de quatre tireurs d'élite en Afghanistan.»
Mardi soir, il était à la frontière polonaise. Le journal, La Presse, a pu le contacter pour poser un doigt sur ce qui se trame dans son esprit.
Wali n'a «rien contre les Russes». Il n'est pas en Ukraine par gaieté de coeur. «C’est un peuple chrétien et européen. C’est bizarre à dire, mais il y a une certaine affinité. Intuitivement, c’est du monde qui nous ressemble plus. Je ne les déteste pas.» Mais le quadragénaire a «ça» dans le sang. Impossible pour le sniper de laisser une «invasion tous azimuts se produire ainsi devant ses yeux.» Sur Radio Canada, entre deux rires francs, le verbe enseveli sous l'accent typique et juste avant qu'il n'enjambe la frontière, l'homme a voulu rassurer. Il n'est pas fou et tout est très réfléchi. Même s'il sait qu'il peut devenir une monnaie d'échange particulièrement délicate.
Sa femme, qui fêtera sans lui la première bougie de leur bébé la semaine prochaine (tout est décidément très romanesque, chez Wali), n'est pas la plus heureuse. Mais il faut assumer ses choix:
Aussi mystérieux que surexposé, Wali est un soldat qui existe bel et bien. Il raconte aussi ce qu'il veut bien raconter. Mais on parie que Netflix a déjà acheté les droits pour conter son périple ukrainien?