L'annonce est tombée mercredi de la part de la mairie de Marioupol, ville portuaire assiégée dans le sud-est de l'Ukraine, sur la messagerie Telegram:
La mairie de Marioupol a affirmé dans la nuit de mercredi à jeudi que «plus d'un millier» de personnes se trouvaient dans le théâtre.
D'après une photo satellite, le mot «enfants» était écrit sur le sol, en immenses lettres blanches et en russe, devant et derrière le bâtiment, le Théâtre dramatique de Marioupol.
Le cliché aurait été pris lundi 14 mars par la société américaine de technologies spatiales Maxar Technologies, spécialisée notamment dans l'imagerie satellite. Soit deux jours avant le bombardement.
La mairie de Marioupol a publié de son côté sur Telegram une photo du théâtre: sa partie centrale est complètement détruite. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, a dénoncé ce bombardement sur Twitter.
Another horrendous war crime in Mariupol. Massive Russian attack on the Drama Theater where hundreds of innocent civilians were hiding. The building is now fully ruined. Russians could not have not known this was a civilian shelter. Save Mariupol! Stop Russian war criminals! pic.twitter.com/bIQLxe7mli
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) March 16, 2022
Selon les autorités, c'est un avion qui a lancé une bombe sur l'édifice: «L'avion a largué une bombe sur le bâtiment où s'abritaient des centaines de civils. Il est impossible d'établir le bilan dans l'immédiat car les bombardements des quartiers d'habitations se poursuivent», selon la mairie.
«L'entrée de l'abri est bloquée par les débris. Les informations sur les victimes sont en cours de vérification», selon la même source.
L'information a été confirmée mercredi soir par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a précisé que «le nombre de morts n'est pas encore connu».
Pour le maire de Marioupol, Vadym Boïchenko, cette attaque est une «effroyable tragédie».
«Il est impossible de trouver les mots pour décrire le niveau de cynisme et de cruauté avec lequel les envahisseurs russes anéantissent les habitants pacifiques» de Marioupol, s'est indignée la mairie dans son communiqué.
Pour sa part, le ministère russe de la Défense a démenti avoir bombardé le théâtre. Il a affirmé que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov. Moscou a déjà rejeté sur cette unité militaire la responsabilité du bombardement la semaine dernière d'une maternité à Marioupol, qui avait provoqué un tollé international.
Plus tôt dans la journée, l'armée ukrainienne avait déjà annoncé que l'armée russe avait bombardé mercredi des civils fuyant Marioupol dans un couloir humanitaire, faisant «des morts» et des blessés, dont un enfant grièvement atteint.
Le convoi de civils était en route de Marioupol vers Zaporojie. Il a été visé par des tirs au lance-roquettes multiple Grad vers 15h30 (14h30 suisse).
Après une série d'échecs, faute de cessez-le-feu russo-ukrainien, les évacuations se sont accélérées à Marioupol, alors que dans ce port stratégique, les habitants manquent d'eau et de nourriture.
Plus de 2000 civils ont péri à Marioupol assiégée et pilonnée depuis des jours, selon les autorités locales. (mbr/ats)