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Ukraine: A Sjewjerodonezk, des bénévoles n'ont retrouvé que des cadavres

«A Severodonetsk, nous n'avons retrouvé que des cadavres»

Le bénévole allemand Patrick Münz a évacué des personnes de la ville assiégée de l'est de l'Ukraine, où seul un pont était encore intact. Il décrit dans un entretien les horreurs qu'il a vues.
19.06.2022, 08:0419.06.2022, 08:27
Cedric Rehmann et Daniel Fuchs / ch media
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Dans le Donbass, à l'est de l'Ukraine, l'armée de Poutine est en pleine progression. La Russie aspire, en effet, à contrôler l'ensemble de la zone. Et la ville de Severodonetsk est au coeur de cette terrible lutte.

A Ukrainian serviceman walks past a gypsum manufacturing plant destroyed in a Russian bombing in Bakhmut, eastern Ukraine, eastern Ukraine, Saturday, May 28, 2022. Fighting has raged around Lysychansk ...
Tout est détruit à Severodonetsk. image: keystone

Des milliers de civils, parmi lesquels des enfants et des personnes âgées, attendent encore au milieu des débris d'une ville assiégée. Beaucoup d'entre eux ont trouvé refuge dans une usine chimique. Une situation qui rappelle fortement celle de Marioupol, également assiégée pendant la guerre. Depuis que les derniers combattants ukrainiens se sont rendus, Severodonetsk est contrôlée par la Russie.

Les personnes âgées sont en danger

Patrick Münz, de l'organisation humanitaire berlinoise Leave No One Behind, s'est rendu à Severodonetsk ces dernières semaines pour aider à évacuer les civils. CH Media s'est entretenu avec le bénévole allemand sur cette mission de sauvetage, au péril de sa vie.

Le bénévole allemand Patrick Münz
Le bénévole allemand Patrick Münz.Image: CH media

D'ailleurs, peu après cet entretien, le dernier pont de la ville a été détruit, interrompant ainsi la fuite et l'approvisionnement des civils. Heureusement, le convoi de Patrick Münz avait réussi – en quatre jours seulement – à mettre en sécurité 187 personnes de Severodonetsk et du Lyssytschank. Parmi elles figuraient des enfants et des blessés graves.

«La situation est inimaginable pour la population. Les bombardements sont incessants. Aucun être humain ne peut supporter de telles conditions»
Patrick Münz

En plein cœur, de la ville ukrainienne, le bénévole allemand affronte une souffrance difficile à décrire. Il explique:

«Ce sont surtout les personnes âgées qui restent chez elles. Beaucoup ne peuvent plus bouger: elles ne parviennent plus à descendre dans les caves en cas de bombardement et restent dans leur appartement avec seulement quelques bouteilles d'eau. Elles sont fortement exposées au danger et peuvent à peine subvenir à leurs besoins.»

Les convois bénévoles sont attaqués

Patrick Münz raconte que les bénévoles travaillent dans des conditions qui mettent leur vie en danger. Par exemple, pour se distinguer des convois militaires ou d'autres troupes de combat, le bénévole et ses collègues ont choisi des véhicules rouges bien visibles. Mauvaise idée: ils ont failli être touchés de très près.

«Si les engins avaient explosé sous notre véhicule, même le blindage ne nous aurait servi à rien. Les centres humanitaires, où les civils trouvent de l'aide sont eux aussi régulièrement attaqués»
Patrick Münz

La population est prorusse

Mais si la mission de sauvetage s'est avérée extrêmement difficile, ce n'est pas seulement en raison de la brutalité de la guerre. En effet, les habitants de Severodonetsk sont majoritairement prorusses. Patrick Münz explique:

«Les gens se fient aux médias russes. Du coup, beaucoup ne savent pas qui leur tire dessus entre les Russes ou les Ukrainiens»

Il est donc difficile de les convaincre. Certains habitants ne voulaient même pas quitter la ville! Et ceux qui venaient avec nous voulaient absolument rester à proximité de Severodonetsk.

Ces évacuations demandent donc un gros travail de persuasion. Patrick Münz raconte que les bénévoles expliquent aux habitants que la ville ne sera pas plus sûre si les Russes prennent le contrôle. En cause: les Ukrainiens risquent de continuer à tirer.

Un retour déjà prévu en juillet

Le bénévole allemand craint le pire pour la population. Pour lui, la seule issue est la négociation d'un corridor humanitaire afin que les personnes puissent quitter le site en toute sécurité.

L'exemple de Marioupol et de l'aciérie assiégée d'Azovstal montre, toutefois, combien il peut être difficile de mettre en place de tels itinéraires de fuite. Patrick Münz ne se fait donc pas d'illusions: il retournera en Ukraine pour aider début juillet.

D'ici là, la bataille de Severodonetsk sera probablement terminée. Selon lui, les Russes contrôleront probablement la région de Lougansk. Désormais, les Ukrainiens se préparent à défendre la grande ville de Sloviansk. Les bénévoles y seront probablement en mission.

Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz

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