Récemment, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a pris la décision de licencier Ivan Bakanov, le chef des services secrets (SBU). L’une des raisons de ce limogeage se réfère à la région de Kherson. Lors des premiers jours de guerre, l’armée russe aurait marché le long des champs de mines ukrainiens, sans aucun problème.
La ville de Kherson elle-même est tombée sans résistance. Le reproche fait à l'ancien chef du SBU et ami de Zelensky, Bakanov, est que ses collaborateurs auraient révélé à la Russie la position des mines et ainsi saboté la défense de la ville. Aujourd'hui encore, selon le président ukrainien, une soixantaine de collaborateurs du SBU travailleraient dans la ville de Kherson en collaborant avec l’ennemi.
Et pas seulement à Kherson. Dans la ville détruite de Marioupol, à Lyssytchansk ou à Melitopol, on observe également des liens entre le SBU et la Russie. Ces individus prennent ainsi de grands risques. La résistance ukrainienne les traque et les attaque.
Dmitro Orlov était le maire de la petite ville d'Enerhodar, située sur le fleuve Dnipro. Dès les premiers jours de guerre, Enerhodar a été prise par la Russie et le maire a pris la fuite. Les occupants russes ont ainsi déclaré Andreï Chevtchouk comme nouveau maire.
Moins de deux mois plus tard, le nouveau maire est hospitalisé dans la ville de Melitopol. Lui et ses gardes du corps ont été grièvement blessés dans un attentat à l'explosif. L'attaque aurait été perpétré juste devant son domicile à Enerhodar. Selon les milieux de la sécurité, l'explosion aurait été déclenchée par un «engin explosif improvisé», a rapporté l'agence de presse russe Ria Novosti.
L'administration militaire ukrainienne de la région de Zaporijjia a alors fait savoir qu'il s'agissait d'une attaque partisane ciblée contre un collaborateur. La vie de Chevtchouk n'est plus en danger.
Un autre attentat a fait rage sur le député ukrainien Oleksiy Kovalyov. Il a été blessé par l’explosion d’une voiture piégée à Kherson. Les services de renseignement militaires ukrainiens ont par la suite revendiqué l'attentat. Kovalyov avait été élu en 2019 à la Rada ukrainienne, le parlement, grâce à un mandat direct pour le parti «Serviteurs du peuple» du président Volodymyr Zelensky.
A la fin avril, Kovalyov, 33 ans, a été exclu du parti - soupçonné de collaboration avec la Russie. «Je suis vivant et en bonne santé et je prévois de reprendre le travail», a-t-il déclaré dans une vidéo tournée dans un hôpital après l'attentat et publiée par l'agence d'Etat russe Ria Novosti.
Dmytro Savluchenko, un employé de l'administration d'occupation russe à Kherson, a eu moins de chance. Il a été tué par l'explosion d'une voiture piégée dans une cour intérieure. L'agence de presse russe Tass a confirmé l'attentat. Savluchenko était directeur du département des familles, de la jeunesse et des sports de l'administration municipale.
Dans un autre coin de l'Ukraine, près de la grande ville de Kharkiv, Yevgeny Yunakov a également été tué par une voiture piégée. Il avait été nommé par la Russie administrateur de la petite ville de Velykyï Bourlouk. Selon l'agence russe Tass, Yunakov a été tué par un «groupe de sabotage et de reconnaissance ukrainien».
Le 7 juillet, c'est l'Ukrainien Serhii Tomko qui a été assassiné à Nova Kakhovka. La Russie s'était emparée de la petite ville située près de Kherson, de l'autre côté du fleuve Dnipro, et avait nommé le policier ukrainien comme nouveau chef adjoint de la police. Il a été abattu dans sa voiture.
D'autres ont été réaffectés par les forces d'occupation russes et ont jusqu'à présent été épargnés par les attentats. A Melitopol par exemple, après la destitution du maire élu Ivan Fedorov, la députée prorusse Halyna Daniltchenko a été nommée nouvelle «gouverneure».
Daniltchenko a ensuite appelé les habitants de cette ville du sud de l'Ukraine à s'adapter «à la nouvelle réalité». Elle a déclaré dans un message vidéo:
Mais elle aussi est exposée à de grands dangers. Les autorités d'occupation russe ont rapporté qu'Andreï Siguta, le chef de district de Melitopol nommé par la Russie, avait échappé à un attentat après que des saboteurs aient tiré sur sa maison.
Un maire prorusse, Konstantin Ivashchenko, a également été installé dans la ville portuaire de Marioupol. Ivashchenko est né ici et a déjà été plusieurs fois député de la ville. Pour le défilé de la victoire russe du 9 mai, il aurait reçu l'ordre de «nettoyer les rues des cadavres». L'Ukraine a ouvert une enquête pour haute trahison à son encontre.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz.