La très attendue rencontre entre Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine n'aura pas lieu, ce jeudi, en Turquie, le président russe ne faisant pas partie de la délégation annoncée par Moscou mercredi soir. Si la Russie devait faire échouer les pourparlers avec Zelensky ou refuser un cessez-le-feu, l'Union européenne devrait sans doute lancer un nouveau paquet de sanctions contre Moscou, et celles-ci promettent d'être sévères, comme l'a annoncé le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot.
Les nouvelles mesures punitives devraient viser les secteurs de l'énergie et des finances, et être coordonnées avec de potentielles nouvelles sanctions du Sénat américain. Une initiative bipartisane y pousse en effet un projet de loi prévoyant des droits de douane punitifs de 500% sur les marchandises en provenance de pays qui importent du pétrole, du gaz ou de l'uranium russes, et si nécessaire contre la volonté du président des Etats-Unis.
Barrot n'a pas donné de précisions sur le contenu des nouvelles sanctions. Mais, selon les informations du Tagesspiegel, le 17ᵉ paquet de sanctions de l'UE devrait viser principalement la soi-disant flotte fantôme de la Russie. Des centaines de pétroliers souvent vétustes et non assurés exportent du pétrole russe pour le compte du Kremlin, contournant ainsi les sanctions occidentales. Une grande partie de ce commerce pétrolier clandestin transite par la mer Baltique, mais les Européens peinent jusqu'à présent à agir contre cette opération maritime.
Selon le Tagesspiegel, l'accès aux ports européens pourrait bientôt être interdit à 150 navires russes supplémentaires. Le Royaume-Uni, de son côté, vient tout juste de fermer ses eaux territoriales à une centaine de navires opérant pour le compte du Kremlin. L'Union européenne envisage depuis un certain temps déjà des mesures plus fermes contre cette flotte de l'ombre, que la Russie utilise aussi dans le cadre de sa guerre hybride en mer Baltique. Jusqu'ici, ces projets ont toutefois échoué en raison de réticences politiques et de craintes de représailles russes.
Une pression politique suffisante pourrait se dégager en faveur d'une action plus ferme contre cette flotte. Le projet de la Commission européenne visant à interdire totalement les importations de pétrole et de gaz russes d'ici 2027 pourrait lui aussi gagner en traction.
Les sanctions visant le secteur de l'énergie doivent frapper durement les finances publiques russes et compliquer le financement de la guerre par le Kremlin. Mais l'Union européenne entend désormais cibler plus directement la machine de guerre russe.
Selon le Tagesspiegel, plusieurs dizaines d'entreprises pourraient être sanctionnées pour avoir contribué à contourner les mesures existantes ou pour leur soutien à l'industrie de l'armement russe. Parmi elles, ne figureraient pas seulement des sociétés russes, mais également des entreprises turques et chinoises. En cause: des équipements et technologies occidentaux continuent d'arriver en Russie via des intermédiaires établis dans des pays tiers.
Il est toutefois incertain que l'UE parvienne à un accord sur de nouvelles sanctions, car cela nécessite l'approbation de tous les Etats membres. Selon des informations du Bild, les gouvernements slovaque et hongrois s'opposent actuellement à de nouvelles sanctions contre la Russie.
Selon le rapport, l'UE aurait même sollicité l'aide du président américain Donald Trump pour convaincre Robert Fico, président de la Slovaquie, et Viktor Orban, président de la Hongrie, de donner leur accord. Les résultats restent incertains, mais il semblerait que Trump soit récemment plus disposé à l'idée d'intensifier la pression sur la Russie. Il est donc possible que le président américain utilise son influence sur les gouvernements pro-russes de Bratislava et Budapest pour ouvrir la voie à de nouvelles sanctions de l'UE.
Avant même le débat récent sur les sanctions, la Commission européenne avait proposé la semaine dernière d'arrêter totalement les importations de gaz en provenance de Russie. Actuellement, les importations russes représentent environ 19% des importations de gaz de l'UE.
Traduit et adapté par Noëline Flippe