Les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev, récemment repris aux troupes russes, a affirmé la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova.
«Oui, c'est un génocide. L'élimination de toute la nation et des gens (...). Et cela se passe dans l'Europe du 21e siècle», a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky à la chaîne américaine CBS.
L'AFP avait vu samedi les cadavres d'au moins vingt hommes portant des vêtements civils gisant dans une rue de Boutcha, reconquise cette semaine par les troupes ukrainiennes. L'un d'eux avait les mains liées et les corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres. «C'était l'enfer (...) Dieu nous a sauvés», a déclaré un homme dans la ville à l'AFP.
Les corps de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune à Boutcha, a déclaré dimanche le chef des secours locaux, en montrant à une équipe de l'AFP ce site.
L'armée russe a, elle, démenti avoir tué des civils à Boutcha, assurant s'être retirée le 30 mars de cette ville et accusant l'Ukraine d'avoir fabriqué les images «à l'intention des médias occidentaux».
Moscou a demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour statuer sur ce qu'il s'est passé. L'ambassadeur adjoint de la Russie aux Nations unies Dimitri Polianski a déclaré:
Volodymyr Zelensky a estimé que les dirigeants russes devaient être tenus pour responsables des «meurtres» et des «tortures» à Boutcha, précisant qu'un «mécanisme spécial» allait être créé pour enquêter sur tous les «crimes» russes en Ukraine.
Tour à tour, Washington, Paris, Berlin, Rome, Madrid ou Londres ont dénoncé les «atrocités», voire les «crimes de guerre», commis notamment à Boutcha, une petite ville au nord-ouest de Kiev où de nombreux cadavres de civils étaient visibles dans les rues.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui s'est dit «profondément choqué», a réclamé «une enquête indépendante».
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a exigé de nouvelles sanctions immédiates du G7 à l'encontre de la Russie, notamment un embargo total sur l'énergie, la fermeture des ports à tout bateau ou marchandise russe et la déconnexion de toutes les banques russes de la plateforme financière internationale Swift.
Le chancelier allemand Olaf Scholz a également réclamé de nouvelles sanctions contre Moscou.
Dans le sud-est du pays, les efforts des troupes russes pour consolider leurs positions se sont heurtés jusqu'ici à la résistance des Ukrainiens à Marioupol, où quelque 160 000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5000 habitants ont été tués, selon les autorités locales.
Parmi ces victimes figure le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius, 45 ans, tué en tentant de quitter cette ville portuaire assiégée par les Russes, a annoncé dimanche l'armée ukrainienne.
Pour Moscou, contrôler Marioupol permettrait d'assurer une continuité territoriale de la Crimée jusqu'aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass. La Russie a annoncé en fin de semaine vouloir «concentrer ses efforts sur la libération» de ce bassin minier de l'est de l'Ukraine.
Sept personnes ont été tuées et 34 blessées dans une frappe russe dimanche sur un quartier d'habitations à Kharkiv, la grande ville du nord-est de l'Ukraine, a annoncé le parquet local.
«Les occupants russes ont bombardé des bâtiments résidentiels dans le quartier Slobodskyy de Kharkiv. Résultat, une dizaine de maisons et un dépôt de trolleybus ont été endommagés. Selon les informations préliminaires, sept personnes ont été tuées, 34 ont été blessées, dont trois enfants», a déclaré le service de presse du bureau du procureur de la région.
Par ailleurs, à Dergatchi, tout près de Kharkiv, «au moins trois personnes sont mortes et sept ont été blessées à des degrés divers» dans le bombardement d'un quartier d' habitations, a dit son maire Viatcheslav Zadorenko sur Facebook. Il a précisé que les victimes étaient toutes des civils. (ats/asi)