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Ces trois femmes défient Poutine et montrent l'exemple à l'Europe

Ces trois femmes défient Poutine et montrent l'exemple à l'Europe

Kaja Kallas, Sanna Marin et Magdalena Andersson: cheffes des gouvernements estoniens, finlandais et suédois, ces trois femmes représentent une nouvelle génération de politiciens en Europe.
28.05.2022, 08:0028.05.2022, 12:02
Fabian Hock / ch media
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Kaja Kallas est la femme la plus dure d'Europe. L'un ou l'autre chef de gouvernement a sans doute déjà été agacé par la Première ministre estonienne. Car sa position claire sur la Russie met en lumière les manœuvres de nombreuses autres capitales.

Alors que les grands pays influents comme l'Allemagne et la France continuent de verser généreusement des milliards à Moscou - même après trois mois d'un conflit brutal en Ukraine, des milliers de morts et d'innombrables crimes de guerre commis par les soldats russes - Kaja Kallas coupe toutes les importations d'énergie en provenance de Russie. L'Estonienne commente ainsi les tentatives infructueuses d'Emmanuel Macron et d'Olaf Scholz de charmer Poutine au téléphone :

«Arrêtez de l'appeler!»
Kaja Kallas
Kaja Kallas
Kaja KallasImage: Keystone

Kaja Kallas, 44 ans, représente une nouvelle génération de politiciens en Europe. Avec son homologue finlandaise, Sanna Marin, 36 ans et la cheffe du gouvernement suédois, Magdalena Andersson, 55 ans, Kaja Kallas forme le rempart nordique contre Poutine. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, ces trois femmes politiques font preuve d'une clarté qui manque cruellement au reste de l'Europe.

Elle nous avait prévenus

Kaja Kallas est née en Union soviétique, le mur est tombé quand elle avait 12 ans.

«Nous vivions dans une prison, sans liberté»
Kaja Kallas

Elle connaît suffisamment d'histoires d'horreur de cette époque. Par exemple, celle de sa mère qui, en 1949, a été déportée dans un wagon à bestiaux avec sa propre mère vers la Sibérie. Ce n'est qu'à l'adolescence que Kaja Kallas a découvert ce qu'était la liberté.

Kallas partage avec Poutine l'expérience de l'époque soviétique, même si les enseignements tirés par le maître du Kremlin sont totalement différents de ceux retenus par l'Estonienne. Poutine veut retrouver l'ancien empire. Par la force si nécessaire. Alors que les gouvernements occidentaux refusaient de l'admettre jusqu'au 24 février dernier, jour de l'invasion de l'Ukraine, Kaja Kallas n'a cessé d'avertir que Poutine en était capable. Elle n'a pas été entendue.

Une tactique soviétique

Depuis le début de la guerre, Kaja Kallas met à nouveau en garde. Cette fois-ci, elle déconseille de faire des concessions à Poutine. Car ce que Berlin et Paris ne veulent apparemment pas voir, c'est que le chef du Kremlin négocie strictement selon le scénario soviétique. L'Estonienne a expliqué récemment dans une interview impressionnante à quoi cela ressemblait.

L'extrait s'est répandu sur Internet. La tactique soviétique, selon la première ministre, fonctionne ainsi: poser des exigences maximales et ne pas céder un millimètre. En Occident, il se trouve toujours quelqu'un prêt à faire un pas en avant. Au final, l'agresseur obtient quelque chose qu'il n'avait pas auparavant.

Dans le cas de l'Ukraine, l'Estonienne est convaincue que Poutine ne doit pas s'en tirer si facilement. Le maître du Kremlin ne doit pas être récompensé pour son agression. Seuls les Ukrainiens ont le droit de décider du sort de leur pays.

«Poutine doit perdre cette guerre»
Kaja Kallas

De par l'histoire de son pays, Kaja Kallas sait que la paix ne peut pas être le but ultime. «Nous avons eu la paix après la Seconde Guerre mondiale, mais les atrocités pour notre peuple n'ont commencé qu'à ce moment-là», a-t-elle déclaré au New York Times. Déportations massives, assassinats de l'élite et tentatives d'éradication de la culture et de la langue - c'est tout ce à quoi s'attendent les territoires ukrainiens qui tombent aux mains de Poutine.

C'est pour cette raison qu'il est si inutile de prendre le temps de téléphoner au maître du Kremlin selon elle. Poutine n'est pas intéressé par des discussions sérieuses. Kaja Kallas est convaincu qu'il n'y a qu'un seul moyen de s'imposer face aux dictateurs: montrer sa force. Son gouvernement montre la voie. Par rapport à sa taille et à sa puissance économique, aucun pays au monde ne soutient autant l'Ukraine que l'Estonie.

Suède et Finlande résistent aussi

La Finlande et la Suède prouvent également ces jours-ci qu'un petit Etat ne doit pas se laisser intimider par Poutine. En dépit de toutes les menaces d'extermination, Sanna Marin et Magdalena Andersson, à la tête des deux gouvernements, ont décidé de faire entrer leur pays dans l'Otan.

Alors qu'au début de la guerre, Berlin comptait un par un chaque casque qui pourrait éventuellement être envoyé en Ukraine, Helsinki et Stockholm préparaient la révolution en matière de politique de sécurité. Car l'adhésion des deux pays à l'Otan n'est rien d'autre que cela. Magdalena Andersson, que la télévision suédoise a surnommée de manière peu charitable «Bulldozer» en raison de son style direct, et sa collègue finlandaise ont fait preuve de clairvoyance et de force de persuasion dans la crise.

Les visages d'une nouvelle Europe

Sanna Marin et Magdalena Andersson
Magdalena Andersson et Sanna MarinImage: Keystone

La guerre en Ukraine modifie les priorités en Europe. Désormais, la Russie joue un rôle dans presque toutes les questions politiques. C'est la raison pour laquelle les pays nordiques sont de plus en plus écoutés.

Un avantage pour l'Europe, selon Andreas Umland, expert de l'Europe de l'Est au Stockholm Centre for Eastern European Studies. Dans certaines parties de l'Europe de l'Ouest, «il y a une perception erronée que la guerre est loin», observe-t-il. Selon lui, un rôle plus important des pays nordiques permettrait également de faire enfin reculer l'attitude compréhensive dont bénéficie encore trop souvent Vladimir Poutine.

Kaja Kallas, Sanna Marin et Magdalena Andersson représentent mieux que quiconque cette nouvelle politique européenne face à la Russie. (aargauerzeitung.ch)

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