Face à la variole du singe, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) doit-elle ou non déclencher le plus haut degré d'alerte?
C'est la question que s'est posée un comité composé de 16 experts. Leur décision ne devrait pas être connue avant vendredi au moins. Une chose est sûre: la recrudescence inhabituelle des cas, détectée depuis mai en dehors des pays où le virus circule d'ordinaire, inquiète. Après l'Afrique, c'est désormais la région européenne qui est au centre de la propagation.
Face à cette flambée d'ampleur mondiale, l'OMS a annoncé le 14 juin dernier vouloir réunir un comité d'urgence pour déterminer si la situation constitue une «urgence de santé publique de portée internationale» - soit, le plus haut degré d'alerte de l'organisation. Une telle urgence a par exemple été décrétée début 2020 pour la pandémie de Covid-19 et deux fois pour le virus Ebola.
La décision finale revient toujours au chef de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Si l'urgence sanitaire est déclarée, le comité est également chargé de faire des recommandations «sur la manière de mieux prévenir et réduire la propagation de la maladie et de gérer la réponse de santé publique mondiale».
Du 1er janvier au 15 juin, 2103 cas confirmés, dont un décès au Nigeria, ont été signalés à l'OMS dans 42 pays, y compris en Afrique.
Au niveau de l'Europe, le bureau régional européen de l'OMS a indiqué mercredi que 2746 cas avaient été signalés au 21 juin. L'OMS juge probable que le nombre réel de cas soit supérieur à travers le monde, et considère que le virus devait déjà circuler avant la flambée actuelle - peut-être depuis 2017 - sans que sa transmission soit détectée.
En Suisse, 52 cas ont été recensés à ce jour, selon les données mises à jour jeudi par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP). Six cas ont été enregistrés durant les dernières 24 heures.
La majorité des cas signalés concerne jusqu'à présent des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. S'il ne s'agit pas d'une infection sexuellement transmissible, la transmission peut se produire par contact rapproché comme une relation sexuelle.
«On ne s'attendait pas à avoir un aussi grand nombre de cas. Et il est un peu difficile de voir quelle est la partie émergée de l'iceberg», notamment parce que le dépistage n'est pas facile, a indiqué à l'AFP Philippe Duneton, directeur exécutif d'Unitaid, une organisation qui aide les pays pauvres à prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies.
«Il n'y a pas de tests faciles à utiliser pour dépister. Cela se fait essentiellement sur le plan clinique. Et donc un enjeu important est d'avoir des tests qui soient évidemment plus précoces et qui permettent de dépister les cas notamment dans les cas contacts», a-t-il expliqué. (mbr/ats)