Dans les montagnes de la province indonésienne de la Papouasie occidentale, un groupe rebelle a revendiqué, mardi 7 février, une prise d'otage: le groupe a ciblé l'avion d'une compagnie aérienne civile et kidnappé son pilote, de nationalité néo-zélandaise. Phillip Mehrtens était chargé de récupérer quinze ouvriers du bâtiment dans l'ouest de la Nouvelle-Guinée.
Immédiatement après avoir atterri à l'aéroport de Paro dans le district reculé de Nduga, son avion a été pris d'assaut par l’Armée de libération nationale de la Papouasie occidentale (TPNPB). C'est la branche militaire de l’Organisation pour une Papouasie libre (en indonésien: Organisasi Papua Merdeka), le principal groupe séparatiste de Papouasie.
Le pilote néo-zélandais a été emmené dans le quartier général des séparatistes. Les cinq passagers à bord, eux, avaient tous été libérés rapidement, car appartenant à l'ethnie papoue. Depuis l’attaque, nous étions sans nouvelle du pilote néo-zélandais, jusqu’à mardi. Les rebelles séparatistes ont diffusé une vidéo de l’otage détenu depuis sept jours. On le voit entouré par sept combattants armés de la TPNPB, contraint par ses ravisseurs de demander que l’Indonésie reconnaisse l’indépendance de la Papouasie occidentale. Le chef rebelle ajoutant que Phillip Mehrtens ne sera pas libéré tant que le gouvernement indonésien n’aura pas accédé aux revendications de l’Organisation pour une Papouasie libre.
L'Organisation pour une Papouasie libre se bat depuis longtemps pour l'indépendance de la Nouvelle-Guinée occidentale vis-à-vis de l'Indonésie. L'ancienne colonie néerlandaise s'est déclarée indépendante en 1961, mais deux ans plus tard, l'Indonésie voisine avait mis la main sur ce territoire riche en ressources comme l'or et le cuivre.
Lors d'un référendum, une majorité de Papous a ensuite voté contre l'indépendance, mais ce scrutin a été largement considéré comme truqué. Depuis, l'armée indonésienne contrôle sa province d'une main de fer et est régulièrement accusée de graves violations des droits de l’homme.
Selon le chef rebelle Egianus Kogoya, Phillip Mehrtens est en sécurité avec eux tant que le gouvernement indonésien n'essaie pas de le libérer par la force des armes. Le ministre chargé de la coordination des affaires politiques, de la sécurité et des affaires juridiques, Mohammad Mahfud, a déclaré que le gouvernement faisait tout son possible pour persuader les rebelles de libérer le pilote. La sécurité de l'otage est prioritaire. La persuasion est le meilleur moyen d'assurer la sécurité des otages, mais «le gouvernement n'exclut pas d'autres efforts».
Le gouvernement indonésien reste ferme et a déclaré que la Papouasie resterait à jamais «une partie légitime» de l’Indonésie. Les autorités indonésiennes se disent néanmoins pleinement engagées dans les négociations. Le chef de la police de Nouvelle-Guinée occidentale a déclaré qu'ils essayaient de gagner la liberté du pilote en impliquant divers dirigeants communautaires, y compris des responsables tribaux et religieux afin d'établir des communications et négocier avec les rebelles. (sbo)