Pour l'heure, au moins quatre personnes sont mortes et de nombreuses autres ont été blessées lors de manifestations contre la nouvelle présidente du Pérou, Dina Boluarte, après le coup d’Etat manqué et l’arrestation de l’ancien président Pedro Castillo.
Pedro Castillo, le désormais ex-président, n'a pas résisté à une troisième procédure de destitution du Parlement mercredi dernier. Après à peine dix-sept mois, il a cédé le pouvoir à sa vice-présidente Dina Boluarte, investie à la tête du Pérou. Le pays connaît des crises politiques à répétition.
En effet, l'ex-président est sous enquête pour «rébellion», après sa tentative de dissolution du Parlement. Elle vient s'ajouter aux six autres enquêtes pour corruption ou trafic d'influence le visant, dont sont également accusés des membres de sa famille et de son entourage politique.
Les protestations se sont multipliées à travers le pays, notamment dans les villes du nord et des Andes. Des milliers de personnes se sont mobilisées dans les rues de Cajamarca, Arequipa, Tacna, Andahuaylas, Cusco et Puno, réclamant la libération de l'ancien chef de l'Etat, mais également de nouvelles élections.
Lima, la capitale, a toujours tourné le dos à Castillo, enseignant rural et dirigeant syndical déconnecté des élites, tandis qu'il était soutenu par les régions andines depuis les élections remportées mi-2021. Des syndicats agraires et organisations sociales paysannes et indigènes ont appelé dimanche à une «grève indéfinie» à partir de mardi. Le Front agraire et rural du Pérou exige la «libération immédiate» de Castillo.
Dina Boluarte, la nouvelle présidente et première femme à diriger ce pays d'Amérique du Sud, a tenté de désamorcer les tensions. Elle a annoncé vouloir avancer les élections à avril 2024 plutôt que 2026. Cependant, les manifestations se poursuivaient lundi dans tout le pays.
L'annonce n'a donc calmé personne. A Arequipa (sud), capitale de la région du même nom et deuxième ville du pays, 2000 manifestants ont pénétré sur les pistes de l'aéroport, suspendant le trafic. Un des décès y est survenu, lorsque la police est intervenue pour chasser des centaines de manifestants qui avaient installé des barricades en feu sur la piste.
(jah/ats)