Samedi 15 mars 2025, une foule immense a envahi Belgrade, faisant de cette mobilisation la plus grande manifestation de l’histoire moderne de la Serbie. Des centaines de milliers de personnes se sont rassemblées pour protester contre le gouvernement d’Aleksandar Vučić. D'après un organisme de comptage indépendant, entre 275 000 et 325 000 manifestants ont défilé pour dénoncer la corruption.
Les manifestations se succèdent dans le pays depuis l’accident survenu le 1er novembre à la gare de Novi Sad, où l’effondrement de l’auvent en béton du bâtiment récemment rénové a causé la mort de 15 personnes. Cet événement a déclenché une vague de colère, les protestataires y voyant la preuve d’une corruption généralisée qui, selon eux, gangrène les institutions et les projets de travaux publics.
La tension est montée d’un cran lorsque le gouvernement a accusé les manifestants d’être financés par des agences étrangères et de préparer des actions violentes, voire une révolution, des accusations particulièrement mises en avant lors de la mobilisation de samedi dans la capitale.
Dans l’ensemble, la manifestation s’est déroulée dans une ambiance festive et pacifique. Pourtant, de nombreuses vidéos circulent sur les réseaux sociaux, montrant une scène troublante. Lors du quart d'heure de silence en mémoire des victimes de la gare Novi Sad, on peut observer des milliers de personnes se disperser en criant, sans raison apparente.
L’accusation portée contre la police? Elle aurait dirigé un canon sonore LRAD, une arme acoustique, vers la foule des manifestants, comme l’écrit, entre autres, le portail BalkanEU. Un photographe de l’Associated Press présent sur place a indiqué que les gens se sont mis à se mettre à l’abri, laissant le centre-ville presque vide, tandis que les manifestants commençaient à se bousculer.
Un dispositif de harcèlement acoustique – en anglais Long Range Acoustic Device (LRAD) – est capable d’émettre un son puissant, soit pour transmettre des messages, soit pour perturber les personnes à proximité. Ces canons sonores sont capables d’émettre un faisceau ciblé de bruit à haute fréquence pouvant atteindre 160 décibels, ce qui peut entraîner des dommages auditifs.
Lors de ce moment silencieux, l'usage d'un tel dispositif aurait déchiré le silence, semant la panique parmi les manifestants. Nombre d'entre eux sont restés désorientés et ont en souffert. Des niveaux de volume de 85 décibels peuvent être nocifs pour l’oreille humaine. Les personnes exposées à l’arme ressentent de vives douleurs aux oreilles, une désorientation et un état de panique, selon les experts militaires. Une exposition prolongée peut provoquer des ruptures du tympan et des lésions auditives irréversibles.
La police serbe et le ministère de la Défense ont nié l’utilisation de cette arme controversée.
Les partisans des manifestations accusent le gouvernement d'extrême droite serbe d'avoir voulu créer le chaos et des émeutes en utilisant le canon sonore afin de discréditer les mouvements de contestation.