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La Russie met en garde contre une «bombe sale»: décryptage

La Russie met en garde contre une «bombe sale», mais personne n'est dupe

Depuis le Kremlin, le président russe Vladimir Poutine suit le grand exercice d'armement nucléaire de ses forces armées.
Depuis le Kremlin, le président russe Vladimir Poutine suit le grand exercice d'armement nucléaire de ses forces armées.srouce: ats
La Russie met en garde contre une «bombe sale» qui serait en préparation en Ukraine. Le Kremlin intervient même à l'ONU à ce sujet. Mais l'avertissement passe mal aux yeux des Occidentaux.
27.10.2022, 18:5527.10.2022, 21:06
Paul Flückiger, varsovie / ch media
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Des détecteurs de fumée légèrement radioactifs mis au rebut en Slovénie font ces jours-ci, à la surprise générale, sensation dans la guerre en Ukraine. Sur Twitter, le ministère russe de la Défense prétend que l'Ukraine construit une «bombe sale» sous les instructions de l'Occident. Le ministère slovène des Affaires étrangères a immédiatement démenti l'information russe.

Mais l'histoire de la «bombe sale» qui serait sur le point d'être déclenchée par l'armée ukrainienne – c'est-à-dire une explosion conventionnelle de composants contaminés par la radioactivité qui, à la différence d'Hiroshima, n'entraîne pas de réaction nucléaire – s'est déjà répandue. La bombe devrait être déclenchée par Kiev, mais mise ensuite sur le dos de Moscou: c'est ce que répètent depuis quelques jours des membres du gouvernement et de l'état-major russe.

Poutine réitère les accusations de son ministre de la Défense

«On sait qu'il y a des projets de provocation avec la fameuse "bombe sale"», a même affirmé mercredi Vladimir Poutine à Moscou en faisant référence à Kiev. Poutine a qualifié l'Ukraine d'«instrument de la politique étrangère américaine» et a affirmé qu'elle avait été «transformée en terrain d'entraînement pour des expériences de biologie militaire». Dans le même temps, le chef du Kremlin a suivi un exercice d'armement nucléaire de ses forces armées.

Le ministère russe de la Défense a publié cette image du lancement d'un ICBM Yars russe à la suite de ses propres exercices nucléaires.
Le ministère russe de la Défense a publié cette image du lancement d'un ICBM Yars russe à la suite de ses propres exercices nucléaires.source: keystone

Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait auparavant téléphoné à deux reprises – pour la première fois depuis six mois – à son homologue américain Lloyd Austin afin de l'avertir du danger présumé. Les ministres de la Défense britannique, français et turc ont également reçu des appels de Choïgou.

Ils ont tous balayé cette approche. L'Ukraine a immédiatement invité des experts de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à venir vérifier les deux sites de recherche mentionnés par Moscou, à Kiev et à Jovti Vody près de Dnipro, où la «bombe sale» serait en cours de fabrication. Les experts sont en route pour l'Ukraine. Mais Moscou a déjà laissé entendre – sans surprise – qu'elle ne ferait de toute façon pas confiance aux résultats de l'AIEA.

Intervention russe au Conseil de sécurité de l'ONU

Mercredi, la nouvelle panique nucléaire déclenchée par la Russie a atteint un point culminant: Moscou a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU à New York deux procédures de vérification en Ukraine. Une commission de l'ONU devrait clarifier sur place où se trouvent les laboratoires ukraino-américains d'armes biologiques et ce qu'ils produisent. Une deuxième commission devrait examiner la fabrication de «bombes sales».

Les requêtes russes n'ont aucune chance d'être entendues au sein du comité de 15 personnes. Mais elles font déjà l'objet de nouvelles discussions médiatiques, ce qui permet au Kremlin d'atteindre un objectif.

Ces accusations ne sont pas nouvelles. Moscou avait déjà accusé Kiev de la même chose en février, juste avant l'invasion de l'Ukraine. Après l'attaque surprise de la Russie contre le pays voisin, les réactions actuelles manquent de clarté.

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a réagi avec véhémence aux accusations russes.
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a réagi avec véhémence aux accusations russes.source: keystone

«L'Otan ne se laisse pas provoquer», a déclaré mercredi le secrétaire général Jens Stoltenberg de l'organisation. Washington, Paris et Londres avaient déjà rejeté en début de semaine les accusations de Choïgou dans une déclaration commune, les qualifiant d'«affirmations clairement fausses» en provenance de Moscou.

Mardi, Joe Biden a été très clair: «La Russie commettrait une erreur incroyablement grave si elle utilisait des armes nucléaires tactiques», a répondu le président américain à la question de savoir si la Russie se préparait à utiliser une bombe ou des armes nucléaires contaminées par des substances nucléaires. biden a également déclaré, en référence à l'affirmation de la Russie selon laquelle l'Ukraine prévoit de faire exploser une «bombe sale» et de l'attribuer ensuite à la Russie:

«Je ne peux pas garantir qu'il s'agit d'une opération sous fausse bannière»

«Nous avons vu dans le passé que les Russes ont parfois tenu les autres responsables de choses qu'ils avaient l'intention de faire», a averti, lundi soir, John Kirby, chef de la communication du Conseil national de sécurité de Biden.

Des drones kamikazes iraniens sont utilisés par l'armée russe en Ukraine

Vidéo: watson

Manœuvre de diversion sur les crimes de guerre russes

En Ukraine, l'avertissement fébrile de Moscou d'une prétendue «bombe sale» est perçu comme l'expression du désarroi et du désespoir croissants du Kremlin. «Le sentiment de défaite en Russie se renforce», a commenté le président Volodymyr Zelensky.

La Russie avait autrefois un poids politique, mais elle est aujourd'hui de plus en plus isolée sur la scène internationale. Aujourd'hui, la Russie doit même supplier l'Iran pour obtenir des drones et invente «diverses absurdités» pour obtenir des concessions de l'Occident, a raillé Zelensky dans un discours à la nation.

Volodymyr Zelensky.
Volodymyr Zelensky.Image: sda

Les commentateurs de Kiev voient également dans l'invention russe d'une «bombe sale» une tentative de détourner l'attention des crimes de guerre et des échecs militaires sur les fronts du Donbass et de Kherson.

Certains font également remarquer que le fait de jouer avec la menace de la bombe nucléaire vise à exercer une pression occidentale sur Zelensky pour qu'il négocie un cessez-le-feu ou même la fin de la guerre avec la Russie. Ces deux options pourraient à l'heure actuelle garantir à la Russie des gains de terrain en diminution.

Quoi qu'il en soit, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba a une nouvelle fois clarifié la situation à Kiev:

«Nous n'avons pas de bombes sales et nous ne prévoyons pas d'en fabriquer»

Selon les estimations des services de renseignement militaire ukrainiens, l'utilisation d'une bombe nucléaire russe ou d'une «bombe sale» contaminée par l'atome est pour le moment «peu probable», mais pas totalement exclue. (aargauerzeitung.ch)

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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