Alexandre Khodakovski est un vétéran de la guerre en Ukraine. Cet homme de 50 ans faisait partie des troupes pro-russes qui ont envahi le Donbass dès 2014, lançant ainsi l'invasion de l'Ukraine. Il a brièvement servi comme ministre de la Sécurité de l'Etat et comme secrétaire du Conseil de sécurité de la République populaire de Donetsk, non reconnue par le droit international, rappelons-le. Khodakovski dirige également le bataillon «Vostok». Il est considéré comme un fidèle allié du Kremlin.
Après la tentative de coup d'Etat d'Evgueni Prigojine – le maître des milices Wagner –, contre le Kremlin, Khodakovski sort du bois: «Notre pays ne sera plus jamais le même», écrit-il dans un message qu'il a publié dimanche sur son canal Telegram:
Le post du chef militaire peut nous éclairer sur l'état d'esprit des forces armées russes. Elles sont visiblement plus divisées que jamais depuis le début de l'invasion:
Au début de la guerre, l'année dernière, Khodakovski s'est fait remarquer par une interview dans laquelle il estimait que l'escalade était injustifiée (ce qu'il a ensuite démenti). Dans son post, il soutient désormais le commandant en chef, autrement dit: Poutine. Cela met en évidence également la fragilité du maître du Kremlin.
Khodakovski s'en prend explicitement au meneur de l'insurrection de samedi: Prigojine. En effet, celui-ci aurait mis en danger les troupes russes sur le front en Ukraine par sa «marche sur Moscou», comme l'explique le commandant de «Vostok»:
Il semblerait également qu'il y ait eu pas mal de grogne au sein même du groupe Wagner envers le chef de l'organisation. Selon plusieurs experts militaires, Prigojine aurait laissé le gros de ses hommes dans l'ignorance du soulèvement. De plus, de nombreux membres de Wagner n'auraient pas approuvé la destruction d'hélicoptères de l'armée régulière russe. Certains mercenaires auraient donc quitté l'organisation.
La contribution de Khodakovski témoigne également de la manière dont Poutine semble perdre le contrôle des différentes factions au sein de l'armée russe. Il assène:
Cette situation a également pu se produire parce que Poutine a laissé faire son ami Prigojine et l'a laissé devenir de plus en plus populaire au sein de la population. Et ce, malgré les attaques violentes contre le commandement militaire russe.
Mais depuis samedi, le ministre de la Défense Sergueï Choïgou n'est plus le seul à être affaibli. Désormais, le commandant en chef lui-même ne semble plus maîtriser la situation et perd visiblement de plus en plus le contrôle des intérêts divergents au sein de l'élite du pouvoir russe, les militaires, les oligarques et les politiques.
Le règne de Vladimir Poutine vacille, lit-on dans le courrier de mauvais augure de Khodakovski.
This is a good descriptive post by Khodakovsky. The rift that occurred in Russia after the invasion failed to achieve its main goal has formalised yesterday and the tensions between the two camps will continue.
— Dmitri (@wartranslated) June 25, 2023
Prigozhin, who has been posting comments and audio messages… pic.twitter.com/1qWYef2yvN
(Traduit et adapté par Nicolas Varin)