La 80e cérémonie des Golden Globes a eu lieu ce mardi 10 janvier en Californie. Tout le gratin du cinéma était réuni, paré de ses plus belles tenues signées Dior, Dolce & Gabbana, Valentino, Gucci et tant d'autres.
Parmi les célébrités présentes, l'acteurice non-binaire britannique Emma D'Arcy – nominé dans la catégorie meilleure actrice dans une série dramatique pour son rôle de Rhaenyra Targaryen dans House of the Dragon – était vêtu d'une jupe et d'un haut de costard noirs. Comme il est de coutume, les journalistes ont demandé aux stars de décrire leurs tenues. Iel explique:
Et de poursuivre:
Emma D'Arcy, «à la fois attiré et repoussé par l'identité masculine et féminine», selon ses termes, a choisi un look qui exprime sa non-binarité. Le chanteur américain Billy Porter a lui aussi arboré une tenue – une robe-costard en velours rose signée Christian Siriano – qui subvertit les normes de genre.
Pour Loïc Valley, acteurice non-binaire suisse romand, qui axe sa recherche artistique autour des liens entre le genre et la scène: «Le message renvoyé par ce choix de tenue vestimentaire dépend de la personnalité publique qui porte le vêtement, et de ce qu'elle souhaite défendre ou représenter».
Selon l'artiste, ce genre d'esthétique, majoritairement associée à la communauté queer, est à la mode ces dernières années. Ceux qui reprennent ces codes, sans faire obligatoirement partie de cette catégorie de personnes, doivent avoir conscience de ce qu'ils représentent, surtout lorsqu'il s'agit de personnalités médiatiques.
On observe en effet de plus en plus d'acteurs qui jouent avec ces normes vestimentaires sur les tapis rouges, sans s'être forcément exprimés publiquement sur leur identité de genre ou sur une revendication particulière derrière leur choix de tenue. Timothée Chalamet en est un excellent exemple. Vogue France le décrit comme quelqu'un qui «bouscule les codes de la masculinité au cinéma».
Qui peut porter quoi, et où s'arrête la liberté de chacun lorsqu'il s'agit d'explorer sa garde-robe sans que le genre n'entrave les choix vestimentaires? «C'est difficile de trancher», répond Loïc Valley.
D'après Loïc Valley, il faut également faire attention à ne pas résumer le combat des personnes non-binaires à un vêtement, car il ne s'agit que de la face visible de l'iceberg. Il est aussi délicat de les interroger sur leur identité de genre. Pour rappel, c'est Emma D'Arcy qui a abordé la thématique devant la caméra; la journaliste ne lui a posé aucune question sur le sujet.
Loïc Valley reconnaît:
Pour l'artiste, c'est aussi une manière de montrer qu'il est possible de réussir et d'être légitime dans le monde professionnel. «C'est important de leur donner des rôles à l'écran, qu'ils incarnent ou non une forme de queerness. Le principal, c'est que leur identité de genre soit respectée par leurs collègues lorsque les caméras ne tournent plus.»