En temps normal, le feed Instagram de nombreux influenceurs a pour objectif de vendre du rêve. Il est donc normal d'être intrigué lorsqu'une photo est postée avec écrit blanc sur noir: «Injonction de cesser des pratiques commerciales trompeuses sur le compte Instagram» de Madame Rym Renom.
Cette interpellation est faite par la DGCCRF. Pourquoi? Parce que l'influenceuse a donné l'impression qu'il est licite de se faire injecter de l'acide hyaluronique par une personne qui n'est pas médecin, ce qui est faux.
Intrigué par cette nouvelle manière de condamner les influenceurs, watson a pris contact avec la DGCCRF pour comprendre comment fonctionnent ces contrôles et pour connaître les sanctions à l'encontre de ceux qui ont recours à des pratiques commerciales frauduleuses.
«Cela fait plusieurs années que nous exerçons des contrôles publicitaires. Ceux-ci se sont cependant intensifiés ces derniers mois car le sujet a pris une grande ampleur publique et que le nombre de signalements est croissant, notamment parce que les consommateurs sont beaucoup mieux informés sur la problématique», explique Remi Slove, le porte-parole de la DGCCRF. Depuis fin 2022, la DGCCRF a également l'autorisation de communiquer plus largement sur les actions qu'elle mène, d'où la création d'un compte Instagram dédié.
Comment fonctionnent les contrôles? Remi Slove explique que beaucoup se font à la suite de signalements de la part des consommateurs. Pour ce faire, il suffit de remplir un formulaire sur le site internet de la DGCCRF.
Les sanctions sont ensuite définies au cas par cas. Par exemple, si une personne fait la promotion d'un bien et n'a pas indiqué explicitement qu'il s'agit d'une publicité ou d'une collaboration commerciale elle risque deux ans d'emprisonnement et 300 000 euros d'amende.
«Nous privilégions les injonctions», précise toutefois le porte-parole. Une fois épinglés, les influenceurs ont un droit de réponse et la possibilité de fournir des justificatifs. Si la sanction est justifiée, la DGCCRF fixe une date à laquelle ils doivent opérer une remise en conformité. «Si ce délai n'est pas respecté, ils risquent des jours-amendes», poursuit Remi Slove. Quels sont les critères pour une remise en conformité? «Je ne peux pas divulguer ces informations», répond-t-il.
Depuis le mois de juillet, 7 influenceurs ont fait l'objet d'injonctions relayées sur le compte Instagram de la DGCCRF. Les 4 dernières datent de ce jeudi 10 août. Pourtant, seule Rym Renom a été condamnée à publier une photo sur son profil qui informe publiquement de cette injonction. Pourquoi? «Je ne peux pas me prononcer sur un cas en particulier», répond le porte-parole. Il explique que lorsqu'une telle mesure est prise, l'influenceur a été mis au courant et a un droit de décision sur le contenu de la publication.
Depuis début 2023, 50 influenceurs ont été contrôlés en France. 30 d'entre eux ont fait l'objet de constats d'infractions.
Contacté, le Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) affirme que pour l'instant, une seule plainte à l'encontre d'un influenceur a été déposée en Suisse, en 2022. «Il faudrait qu'il y en ai plusieurs, au moins une trentaine, pour que l'on fasse quelque chose», précise Fabian Maienfisch, le porte-parole du Seco. Et de conclure: