Faire l'amour dans une piscine comme Loana et Jean-Edouard de Loft Story, les caméras en moins, dans la mer façon Leonardo DiCaprio et Virginie Ledoyen dans La Plage, ou bien encore se câliner sur le sable comme Burt Lancaster et Deborah Kerr dans Tant qu'il y aura des hommes, voilà qui reste terriblement émoustillant. Comme l'explique le sexologue Antoine Spath:
Sans oublier le risque de se faire surprendre, qui accroît l'excitation, et le fait que les mouvements y sont plus faciles, les corps étant plus légers. Car comme l'a démontré un certain Archimède, «tout corps plongé dans un liquide subit une poussée verticale vers le haut égale au poids du volume de liquide déplacé». Autrement dit, c'est le moment d'essayer ces positions synonymes, sur la terre ferme, de lumbagos et de tours de rein. Oui? Mais en fait, non. Tout bien considéré, ce ne serait pas une si bonne idée que cela.
D'abord, s'ébattre en extérieur est considéré comme une exhibition sexuelle et peut donc vous valoir une année d'emprisonnement, ainsi que 15 000 euros d'amende. Ça gâche les vacances au soleil de se retrouver à l'ombre, n'est-ce pas? Ensuite, la flore vaginale et la vulve ne sont pas du tout friandes de ces explorations hors des sentiers battus. Eau salée, eau chlorée, sable? Autant d'éléments susceptibles de provoquer des irritations, des démangeaisons et bien d'autres réjouissances.
«Les bactéries contenues dans l'eau, agressives pour les muqueuses génitales, favorisent l'apparition d'infections urinaires», ajoute Catherine Fohet, gynécologue à Brignoles (dans le Var), qui rappelle également un point fondamental:
À noter également que dans la mer, on peut faire de mauvaises rencontres avec des méduses ou des oursins, et que sur le sable vivent des bêtes microscopiques. Plus généralement, la pollution de l'eau peut être un facteur aggravant de certaines infections cutanées. Certaines plages bénéficient heureusement du label Pavillon bleu qui atteste de leur bonne qualité environnementale. Mais tout ça ne donne pas tellement envie d'aller s'ébrouer!
Dans le cas, néanmoins, où l'appel des flots se ferait tout de même trop pressant, la gynécologue recommande d'écourter le rapport et de bien se rincer les parties génitales à l'eau claire. Autres conseils: mettre et retirer le préservatif hors de l'eau, car faut-il le rappeler, l'eau ne préserve pas des IST ni des MST. Il vaut mieux choisir une zone où l'on a pied, cela va sans dire. Pour contourner ce problème de sécheresse souligné par le Dr Fohet, il existe dans les commerces spécialisés du lubrifiant waterproof. Et pour une séance «caliente» sur le sable, une grande serviette peut permettre d'éviter quelques intrusions indésirables.
Après, place à l'imagination. Pour se donner quelques idées, il existe un Kama-sutra aquatique, l'Aqua Kama-sutra. Une petite baignade est l'occasion de tester la position de la liane: une personne debout, les pieds bien posés au sol; et l'autre, les jambes enroulées autour de son bassin, car le porté est facilité – merci Archimède. Ou bien celle de l'entrevue, où les deux partenaires sont debout, l'un des deux penchés en avant.
Évidemment, la levrette ne peut être ici recommandée pour cause de risque de noyade. Il ne faudrait pas que la petite mort soit suivie de la grande, tout de même. On peut également se passer de partenaire, comme Cathline Smoos, sexologue, qui raconte avoir fait l'amour directement avec l'océan.
«On a créé un dispositif où il y avait mon sextoy qui était connecté en temps réel aux données météorologiques de l'océan, hauteur des vagues et espacement entre deux vagues, qu'on a retransférées sur le sextoy en temps réel», explique-t-elle dans le documentaire Sexplorations diffusé par BrutX. Autrement dit, le sextoy vibre différemment selon l'intensité et la fréquence des vagues. Verdict de la chercheuse: «Ça marche et ça me plaît.»
D'après une étude IFOP, si 73% de Français déclarent avoir envie de faire «plus souvent l'amour» en été, l'eau n'est pas un lieu de fantasme. 52% des hommes souhaiteraient réaliser le fantasme de faire l'amour sur la plage, contre 39% de femmes. La piscine emporte quant à elle l'adhésion de 47% des hommes et de 39% des femmes.
On est loin d'un plébiscite. En réalité, ce sont les lieux dits «secs», comme la forêt ou les champs, qui ont la cote (à 62% pour les hommes et à 46% pour les femmes). Eux aussi ont leur lot d'inconvénients – brindilles, cailloux, épis – mais ils présentent sans doute moins de complications que l'eau.
Pour finir de briser le mythe, Virginie Ledoyen a raconté les dessous de sa scène d'amour avec le beau Leonardo DiCaprio pour le film La Plage de Danny Boyle: «À l'écran, avec la musique des All Saints, c'est très joli.» Mais à tourner, c'est une autre histoire:
Précision qui tue: un technicien leur tenait les pieds pour qu'ils restent immergés. De quoi remettre les nôtres sur terre.
Cet article a été publié initialement sur Slate. watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original