
Nataëlle DelacroixCynthia Ruefli, watson
Témoignage watson
Nataëlle Delacroix avait 40 ans lorsqu'on lui diagnostique un cancer du sein. Une onde de choc qui l'a transformée et incitée à chercher ses valeurs notamment dans son parcours professionnel. Comment reprendre le travail après cette épreuve? Récit d'une working mum qui ne lâche rien.
31.10.2022, 06:1431.10.2022, 09:13
Nataëlle Delacroix a le sourire facile. La quadra, maman de deux garçons, nous accueille chez elle dans la campagne morgienne. «Je n'ai pas l'habitude d'être interviewée, mais vous verrez, je parle beaucoup», lance-t-elle d'un air amusé. Une fois les questions d'usage posées, la Grenobloise d'origine entre dans le vif du sujet.
«J'ai appris que j'avais un cancer à 40 ans, pile-poil, soit quelques semaines après mon anniversaire»
Nataëlle Delacroix
L'annonce du diagnostic a eu lieu chez sa gynécologue le 19 juin 2018. Cancer du sein, stade 1, grade 3. «Le stade 1, c'est la localisation, donc il était situé dans mon sein et ne s'était pas encore propagé. Le grade, c'est la vitesse à laquelle il prolifère, soit, dans mon cas, rapidement», précise-t-elle. Passé le choc de l'annonce, Nataëlle et son mari se sont mis en «mode projet» selon ses propres termes. Il faut penser rapidement à l'organisation familiale et à la manière d'annoncer le diagnostic à leurs enfants. «C'était notre façon d'être acteurs et d'avoir l'impression de contrôler la situation», explique l'ancienne cheffe de projet.
Octobre rose
Le mois d'octobre est considéré au niveau international comme le mois de la sensibilisation au cancer du sein. Son symbole est le ruban rose. Ainsi, du 1ᵉʳ au 31 octobre, différentes campagnes visent à promouvoir la prévention, le dépistage précoce et la recherche dans le domaine du cancer du sein. Rappelons que la ligue suisse contre le cancer recommande le dépistage par mammographie chez les femmes âgées de plus de 50 ans tous les 2 ans. Les chances de guérison augmentent considérablement si le cancer est détecté précocement.
Arrêt maladie d'un mois renouvelable
Le travail était-il encore une préoccupation pour la Vaudoise à l'annonce de son cancer du sein? Oui, répond la jeune femme qui travaillait alors à 60% dans une entreprise de cosmétique et à 40% comme indépendante.
«Je ne voulais pas m'arrêter de travailler, je ne voulais pas être une malade à plein temps»
Nataëlle Delacroix
Mais il n'y aura pourtant pas de discussion sur l'arrêt maladie complet d'un mois signé par sa gynécologue. «Elle m'a dit que j'allais avoir beaucoup de rendez-vous médicaux. Je n'imaginais pas à ce moment-là ce qui m'attendait.» Et ce qui attend Nataëlle, c'est l'intervention chirurgicale pour l'ablation de la tumeur, suivie de la chimiothérapie, toutes les trois semaines, entre les mois d'août et octobre. Puis, enfin, de la radiothérapie, cinq jours de suite, sur cinq semaines d'affilée (25 séances au total), «un vrai job à mi-temps», plaisante-t-elle.
Les traitements s'enchaînent et les arrêts maladie aussi, 1 mois, puis 2, puis 5 et enfin 10 mois. Durant cette période qu'elle qualifie de «parenthèse», elle n'a pas eu de véritables échanges avec son employeur, traitant directement avec les ressources humaines.
«Mes collègues ont porté tout le côté humain, pas ma hiérarchie»
Nataëlle Delacroix
En effet, Nataëlle s'est sentie particulièrement soutenue par ses collègues durant son absence, entre petits gestes et rencontres autour d'un verre, les discussions évitaient pourtant subtilement le sujet de travail. «J'étais anxieuse quant à mon retour au bureau», avoue l'ancienne cheffe de projet. Elle fait une pause et précise:
«Avant mon cancer, je me posais déjà des questions sur mon travail et durant la maladie j'étais stressée à l'idée d'y retourner»
Nataëlle Delacroix
Guérie et après?
Et les appréhensions de Nataëlle vont se révéler à son retour au bureau après dix mois d'absence. Tout d'abord, elle est confrontée à une nouvelle supérieure qui lui donne l'impression de «ne pas trop connaître ses compétences» et puis elle se rend compte que ses tâches ont changé.
«J'étais cheffe de projets marketing et je m'occupais de plusieurs dossiers. A mon retour, j'étais devenue une simple assistante»
Aux changements de tâches s'ajoutent les effets secondaires du traitement hormonal comme l'irritabilité et «les sautes d'humeur». Mais ceux-ci sont aussi le reflet d'un besoin de changement dans sa carrière professionnelle, explique la Grenobloise d'origine.
«Je me sentais chanceuse et je voulais montrer que je pouvais m'investir dans mon job. Quand j'ai obtenu une promotion et une augmentation de mon taux d'activité, je pensais que les choses se remettraient en place, mais ça n'a pas été le cas.»
Nataëlle Delacroix
Finalement, Nataëlle Delacroix est licenciée en juillet 2020 soit un peu plus d'une année après son retour au bureau. Elle affirme que la collaboration ne pouvait plus durer car «personne ne trouvait son compte», mais elle l'a vécu comme un échec professionnel important.
La voilà donc, été 2020, rétablie d'un cancer, mais au chômage.
«Lorsque l'oncologue m'a dit "on vous remet 40 ans d'espérance de vie", je me suis demandé ce que j'allais en faire»
Nataëlle Delacroix
Nataëlle se tourne alors vers l'association genevoise Action Margaux qui accompagne les personnes atteintes de cancer ou en rémission à la recherche d'un emploi. Elle fait alors un bilan de compétence, redéfinit ses valeurs professionnelles, mais aussi personnelles.
«Mon cancer m'a appris à mieux me connaître et à ressentir de la gratitude. Je ne m'inquiète plus pour de petites choses»
Après une année et demie de chômage, elle retrouve un emploi à 60% en tant que marketing manager dans une start-up spécialisée dans les tuiles solaires, un travail «dans un environnement sain et qui a du sens». Et que retient-elle de ces quatre années qui se sont écoulées depuis l'annonce de son cancer et sa vie actuelle? Elle sourit et nous montre avec fierté le premier livre qu'elle vient de publier aux éditions Kiwi romans. Intitulé Perruque, jus vert et ruban rose, il retrace son combat contre le cancer sur un ton positif et parsemé d'humour.
«J'ai toujours aimé écrire et je suis en train de réaliser un de mes rêves»
Nataëlle Delacroix

La réinsertion professionnelle, grande oubliée
6350 nouveaux cas de cancer du sein ont été répertoriés chaque année en Suisse entre 2014 et 2018. Il s'agit du second type de cancer le plus fréquent après celui de la prostate.
«Une femme sur neuf aura un cancer du sein», analyse Yasmina Schmidt, responsable de la réinsertion professionnelle à la ligue vaudoise contre le cancer. «Le cancer du sein se soigne bien et la problématique du retour au travail se pose dans la majorité des cas», précise celle qui accompagne une soixantaine de personnes chaque année dans leur retour en emploi. Comment revenir au travail après une année d'absence? Vais-je retrouver le même poste? Pourrai-je commencer avec un petit pourcentage? A ces interrogations organisationnelles se pose la question des effets secondaires des traitements, car après un cancer du sein, certaines femmes poursuivent un traitement hormonal durant plusieurs années pour éviter la récidive.
«Les effets secondaires des traitements comme l'hormonothérapie peuvent être parfois très limitants» et à la job-coach de citer des douleurs neuropathiques dans les mains et les pieds, des pertes de mémoire et de mots. «Je vois des personnes qui n'ont pas de formation, qui travaillaient comme femme de ménage et qui sont aujourd'hui dans l'incapacité de porter des charges lourdes et qui ont encore beaucoup de douleurs, quel travail pouvons-nous leur proposer?», s'alarme Yasmina Schmidt. Quant à celles qui sont retournées dans leur ancienne entreprise, elles diminuent pour la plupart leur taux d'occupation. «Après un cancer, il y a une réflexion en profondeur sur les valeurs, je vois de nombreuses femmes qui s'engagent dans une activité bénévole pour donner du sens à cette épreuve.»
Privée d'Hanouna, qui a refusé tout entretien, l'équipe de Complément d'enquête s'est envolée pour Miami pour tendre le crachoir à un rappeur, qui n'est plus vraiment copain avec celui qu’il considère désormais comme un «fléau», «mi-mafieux, mi-racaille».
Booba en est certain: Cyril Hanouna «inviterait Hitler et Mussolini» sur son plateau s'ils étaient toujours de ce monde. Même s'il n'a toujours pas réussi à y traîner Macron. En revanche, il eût convié le rappeur, son ex-meilleur ami. Jadis. Quand les brouilles n'avaient pas encore détrôné les papouilles. Autre époque.