Si ce n'est que ce fait-divers glaçant prend place dans la localité d'Ingolstadt, en Bavière. Les protagonistes: une esthéticienne en fuite, son petit ami complice et une influenceuse beauté prise au piège.
17 août 2022. Les parents de Shahraban, jeune Allemande de 23 ans d'origine irakienne, se trouvent à la morgue. Avec la tâche cruelle, cauchemardesque, d'identifier leur fille. Le corps a été retrouvé la veille au fond d'une Mercedes, abandonnée près de leur domicile.
Son visage est méconnaissable, mais certains détails ne trompent pas: même longs cheveux noirs très lisses, même peau mate et bronzée, même maquillage travaillé. Pas de doute possible: c'est bien leur enfant qui vient d'être sauvagement assassinée, le 16 août.
Le 18 août, coup de théâtre. Le cadavre n'est pas celui de leur fille. Shahraban est bien vivante. Sauf que, désormais, c'est une meurtrière présumée en cavale.
L'autopsie et les analyses ADN sont formelles: la victime s'appelle Khadidja, blogueuse d'origine tunisienne résidant à Heilbronn, dans l'Etat voisin du Bade-Wurtemberg. Elle avait 23 ans.
Khadidja a payé de sa vie sa ressemblance «étonnante» avec Shahraban. Les médias allemands, le tabloïd Bild en tête, s'emparent de l'affaire, bientôt baptisée: le «meurtre du doppelgänger d'Igolstadt».
Durant plusieurs semaines, Shahraban se lance dans un casting. Une véritable traque au sosie parfait. Armée de faux comptes sur Instagram, elle prend contact avec des jeunes femmes qui lui ressemblent. Au moins cinq d'entre elles, méfiantes, parviennent à lui échapper.
Au terme de quelques semaines de recherche, Shahraban déniche la perle rare: Khadidja, une blogueuse beauté qui lui ressemble trait pour trait.
Selon les enquêteurs, Shahraban contacte une première fois sa cible, avec une proposition alléchante: tourner dans le prochain clip de Lune, une rappeuse connue dans la région. Intriguée, Khadidja s'enquiert du sérieux de cette invitation auprès de la musicienne, qu'elle connait personnellement. Lune la met en garde. Khadidja préfère ne pas se rendre pas au prétendu tournage de la vidéo.
Peu de temps après, c'est une autre une offre, cette fois-ci pour être modèle, qui lui parvient de la part d'autre profil Instagram. La blogueuse accepte. Rendez-vous est pris le 16 août, à son domicile d'Heilbronn.
Assistée de son compagnon, Seriq, Shahraban passe récupérer Khadidja devant son appartement. La voiture fait un détour. Elle s'immobilise sur un chemin de forêt entre les deux localités. Les chauffeurs inventent un prétexte pour que leur proie sorte du véhicule.
C'est là, obéissante, que «la victime a été tuée de plus de 50 coups de couteau. Le visage complètement défiguré», note, platonique, un communicant de la police bavaroise.
Le rapport d'enquête indique que le couple a achevé son œuvre en glissant le cadavre sur la banquette arrière de la Mercedes, pour terminer son sinistre itinéraire dans un quartier résidentiel calme d'Ingolstadt, au bord du Danube.
Leur plan est simple: laisser la voiture à un endroit bien visible, pour que le corps soit retrouvé rapidement, et identifié dans la foulée comme celui de Shahraban. Peu avant minuit le jour-même, mission accomplie. Les parents de Shahraban découvrent la voiture, cadavre de «leur fille» sur la banquette. C'est le choc.
Deux jours plus tard, la jeune femme et son complice sont arrêtés par la police bavaroise, avant d'être placés en détention provisoire pour «homicide involontaire».
Au fil de l'investigation, les motifs et motivations se précisent.
«Les enquêtes nous ont amenés à supposer que l'accusée voulait se cacher en raison d'un différend familial et simuler sa propre mort», a déclaré ce lundi Veronika Grieser, la procureure d'Ingolstadt. Au moment du meurtre, Shahraban était réfugiée depuis deux semaines chez ses parents, après des mois de dispute avec son mari et sa belle-famille, précise encore Bild.
Les 26 et 27 janvier 2023, deux mandats d'arrêt ont été émis contre la meurtrière présumée et son complice. S'ils sont reconnus coupables, le couple encourt une peine d'emprisonnement à perpétuité. (mbr)