Seize ans après la disparition la plus médiatisée de mémoire policière, l'affaire Maddie est-elle sur le point de connaître ses ultimes développements? Les enquêteurs allemands semblent y croire.
Souvenez-vous: ce 3 mai 2007, la petite Maddie McCann, qui n'a pas encore quatre ans, disparaît en pleines vacances familiales à Praia da Luz, ville côtière paisible du Portugal. Malgré l'un des dispositifs policiers les plus importants jamais mis en œuvre pour une affaire d'enlèvement, on ne la retrouvera jamais.
C'est loin des plages dorées de l'Algarve ou des plaines brumeuses du Royaume-Uni, pays d'origine de la fillette, que le mystère pourrait trouver sa résolution. Plus précisément, dans la ville allemande de Brunswick, en Basse-Saxe.
En 2017, la police locale reçoit un signalement inattendu. Au bout du fil, un homme désireux de soulager sa conscience. Il leur signale une «connaissance» qui clame «tout savoir sur Madeleine». L'individu, un résident de Brunswick, lui a également fait parvenir des vidéos d'abus sexuels de plusieurs femmes, sur son téléphone portable.
Ce tuyau met les enquêteurs sur la piste d'un délinquant sexuel multi-récidiviste, Christian B. Un Allemand de 45 ans dont le casier judiciaire, déjà lourd, pourrait encore s'étoffer.
Lui qui a déjà été condamné à sept ans de prison pour le viol d'une septuagénaire américaine en 2019, rappelle l'Argauer Zeitung, Christian B. est visé aujourd'hui par un nouvel d'acte d'accusation. Un dossier fourni de plus de 100 pages, qui dresse en long, en large et en travers, le portrait d'un prédateur sexuel notoire, impitoyable et brutal.
Selon les conclusions de l'Office fédéral de la police criminelle (BKA), Christian B. a vécu «de manière plus ou moins permanente» en Algarve, entre 1995 et 2007, vivotant de petits jobs dans la restauration, de cambriolages et de trafic de drogue. Parmi les indices les plus compromettants sur une culpabilité dans l'affaire Maddie: son numéro de téléphone portable portugais a été localisé à Praia da Luz en 2007, au moment du crime.
Un procès contre Christian B. devrait se tenir prochainement à Brunswick. L'accusé ne répondra pas des soupçons sur la disparition de Maddie - mais de cinq délits sexuels commis entre 2000 et 2017, dont trois viols aggravés et deux abus sexuels sur des enfants. Tous les crimes auraient eu lieu en Algarve, dont au moins deux à Praia la Luz.
Parmi les victimes: une touriste âgée de nationalité inconnue, une jeune femme germanophone et une Irlandaise de 20 ans. Toutes trois ont été ligotées et frappées avec des fouets. Dans les trois cas, l'agresseur a filmé les viols. En ce qui concerne les allégations d'abus sur mineurs, Christian B. se serait masturbé devant des enfants en 2007 et 2017.
La date exacte du procès et le lieu du procès ne sont pas encore connus. L'avocat de la défense de Christian B. met encore en doute les compétences du parquet judiciaire de Brunswick.
Si le parquet est persuadé d'avoir assez d'éléments pour ces cinq chefs d'inculpation, il est encore en quête de preuves dans l'affaire Maddie. Les enquêteurs ne perdent pas espoir que de nouvelles découvertes sur sa disparition puissent émerger au cours du procès.
En ce qui concerne Maddie, qui serait âgée de dix-neuf ans aujourd'hui, peu de doutes sont permis. «Nous supposons que la fille est morte», a asséné devant la presse mondiale le procureur de la République Hans Christian Wolters en juin 2020.
Il existerait des «preuves matérielles» de la mort de Madeleine, a complété par la suite le procureur au cours d'une interview, sans donner plus de détails sur lesdites preuves.
En mai dernier, le procureur Wolters a réitéré ses accusations à l'égard de Christian B. au cours d'un entretien avec la télévision portugaise. «Nous sommes certains qu'il est le meurtrier de Madeleine McCann», a-t-il indiqué, ajoutant que «Christian B. n'a pas d'alibi».
L'enquête sur la disparition de Madeleine McCann se poursuit malgré l'acte d'accusation. Le principal suspect, pour sa part, continue à nier toutes les allégations.