C'est un succès en librairie qui se transforme en phénomène de société. Le consentement de Vanessa Springora, après avoir fait beaucoup parler de lui à sa sortie dans les rayons en 2020, devient un film et une pièce de théâtre.
L'histoire est celle de l'autrice du roman, prise dans une relation intime d'emprise avec l'écrivain Gabriel Matzneff, dans les années 1980. Alors mineure, elle est prise dans un engrenage de manipulation et d'abus dans le milieu intellectuel et petit-bourgeois parisien.
Le roman, qui avait séduit les cercles littéraires, intellectuels et féministes début 2020, prend une tout autre dimension cet automne. Adapté dans un long-métrage avec Jean-Pierre Rouve dans le rôle du prédateur des cercles littéraires, il est sorti le 22 octobre en France.
Le film, qui a fait peu d'entrées lors de sa première semaine dans les salles obscures, voit sa fréquentation augmenter de 40% puis 60% les semaines qui suivent. Un cas rare, la tendance étant d'habitude à la baisse dès la deuxième semaine. En conséquence, le nombre de salles qui le diffuse a doublé depuis sa sortie, indique France Culture.
Mais que vient faire Tiktok là-dedans? Des ados de 13 ou 14 ans, souvent de jeunes filles, se ruent dans les salles pour voir Le consentement. Derrière ce succès, une tendance apparue sur le réseau social: de jeunes spectateurs se filment avant et après la séance et postent avec le hashtag #consentement. La plupart sont choqués.
@lucaillouux Hard le film #leconsentement #film ♬ son original - CineTrailers 🍿
Ce genre de succès est inhabituel dans le monde du cinéma, confirme Diana Bolzonello Garnier, attachée de presse de Prasens-Film, le distributeur suisse du Consentement.
Pour cette jeunesse biberonnée au féminisme 2.0, le propos de l'histoire est un thème majeur. La séance de cinéma est vécue à mi-chemin entre le récit initiatique, le conte d'avertissement et le film d'horreur; quasiment comme une expérience transformatrice, explique France Culture.
Pour Marc Maeder, responsable ventes et acquisitions auprès de Prasens-Film, il est essentiel que le film puisse être vu par les ados. Car le long-métrage doit encore passer devant la Commission des âges suisse pour décider de sa limite.
«Il est très important que la parole des victimes soit entendue», complète Marc Maeder, qui se réjouit de la «progression spectaculaire» du long-métrage dans les cinémas français.
Les critiques, quant à elles, sont divisées. Mais toutes louent la performance de Jean-Paul Rouve, qui s'est transformé pour tenir le rôle de Matzneff, qu'il compare volontiers à un vampire moderne. L'acteur, visiblement chamboulé par l'expérience d'avoir joué un prédateur, a déclaré dans l'émission de FranceTélévisions, C à vous:
Le comédien s'est aussi confié sur le caractère libérateur que le film peut prendre lors d'un autre passage dans la même émission: «J'ai un ami proche que je connais depuis 25 ans, il est venu me dire à l'avant-première qu'il partirait peut-être avant la fin». A demi-mot, l'homme lui fait comprendre qu'il a été victime d'inceste. Un phénomène amorcé par le roman et amplifié de manière populaire au cinéma, qui explique peut-être aussi son succès.
Le film doit sortir le 6 décembre en Suisse. Il sera accompagné, dans la foulée, de la pièce de théâtre sur la même histoire, avec Mathilde Ségner dans le rôle de la jeune Vanessa. La pièce sera notamment jouée en Suisse le 9 décembre au théâtre de l'Octogone, à Pully, en présence de son autrice.