La RTS a gagné sa «guerre des sexes»
Le pitch est simple: quatre hommes, trois femmes et une personne non binaire passent deux jours dans un chalet de montagne, devant les caméras de Temps présent. Les codes du reportage – diffusé en deux épisodes, le 26 janvier et le 2 février prochain – adoptent ceux de la télé-réalité. L'objectif? Débattre et échanger sur les thématiques de genre, de sexualité, de séduction, de rapport au corps, de féminisme ou encore d'égalité hommes-femmes.
Dans la maison, on retrouve (selon leurs propres présentations):
- John, naturopathe genevois et pro-féministe repenti.
- Maria, ancienne politicienne du Parti socialiste (PS) qui défend la cause des femmes, mais qui comprend mal les revendications féministes d'aujourd'hui.
- Basil, étudiant en études genre à l'Université de Genève (Unige).
- Coralie, féministe radicale et personne non binaire.
- Léon, étudiant de 24 ans à l'Université de Genève, en études de genre et créateur de contenu. Plus tard dans l'émission, il expliquera qu'il s'identifie comme un homme transgenre.
- Stéphanie, une artiste qui défend, dans sa musique, les questions liées au genre, à la place de la femme et à la sexualité.
- Clément, un militant qui aide les hommes à reprendre leur place, pour qu'ils puissent s'épanouir dans leur relation avec les femmes.
Premier épisode: réussi ou pas?
Le téléspectateur découvre un beau mélange de générations et de profils, qui rend les discussions intéressantes et qui permet d'adresser correctement les thématiques abordées, car on entend les différents points de vue.
Attention toutefois, en début de reportage, à certaines fautes de langage. Les protagonistes présentés comme «quatre hommes et quatre femmes», alors qu'il y a une personne non binaire dans l'équipe. Ou encore, titrer La guerre des sexes, quand on connaît la différence entre le sexe (un ensemble d’attributs biologiques que l'on retrouve chez l'humain) et le genre (qui renvoie aux rôles, aux comportements, aux expressions et aux identités que la société construit pour les hommes et pour les femmes).
Outre ces petits hics, le premier épisode est réussi.
Dès leur arrivée dans le chalet, la journaliste Laurence Gemperle met à l'aise les protagonistes. Ils se présentent, l'ambiance est détendue. Ils se taquinent, aussi: «Ça sent la viande», lance Clément. «L'homme primaire, je le savais», répond Coralie, en rigolant.
S'en suit la préparation d'un barbecue, puis d'un dîner, où les conversations s'animent autour, par exemple, de «comment se définit-on en tant qu'homme ou en tant que femme?» Les réponses:
Ou encore:
Un dernier pour la route:
«Toustes» (forme inclusive pluriel de «tout») s'expriment avec les bons mots et expliquent correctement leurs différentes opinions. Les échanges sont cordiaux, même si parfois, on ressent quelques tensions.
Ne pas monter dans les tours est en effet un exercice qui peut parfois s'avérer difficile lorsqu'on aborde ces thématiques, qui peuvent toucher à l'émotionnel. Plus tard dans l'épisode, les protagonistes sont à nouveau autour de la table. Ils discutent cette fois des problématiques du harcèlement de rue ou de l'hypersexualisation des corps féminins.
Le casting est un bon metling pot entre, d'un côté, les personnes qui ne comprennent pas, qui ne connaissent pas, qui n'adhèrent pas à ces thématiques. Et de l'autre, celles qui sont sensibilisées et, surtout, concernées. Temps présent a également imaginé un système de pastilles colorées pour expliquer certains termes, comme «homme déconstruit», le pronom «iel» ou encore «cisidentité».
Le premier épisode aurait toutefois pu durer un poil plus de temps, histoire d'être vraiment sûr de bien tout comprendre. Qui sait, peut-être que la RTS nous réserve une saison 2?
