Elle se qualifie d'activiste pour la justice sociale et climatique et débarque sur les plateaux TV pour débattre avec poigne, quitte à prendre des coups sur les réseaux sociaux. Camille Etienne est là pour se faire entendre, elle et ses valeurs.
Le titre de son ouvrage, paru le 19 mai, ne passe pas par quatre chemins: Pour un soulèvement écologique. Dépasser notre impuissance collective. Cette impuissance qu'elle veut transformer en puissance sur les plateaux TV. Considérée comme une «Greta Thunberg à la française», sa radicalité dans le débat (et une dent tenace contre le groupe Total) lui a ouvert les portes d'une popularité toujours plus grande.
Avec ses yeux bleus, Camille Etienne pose un regard critique sur notre quotidien:
Elle se faufile aussi dans la nuit pour éteindre les néons des magasins. Comme Jean-Marc Jancovici, l'ingénieur et gourou de l'écologie, elle est persuadée qu'on n'y coupera pas et distille un discours frontal, s'attaquant aux capitalistes aveuglés par l'appât du gain, insensibles aux rapports du GIEC.
La droite capitaliste, bien sûr, est dans le viseur de Camille Etienne. Elle s'attaquait en 2022 à Valérie Pécresse: «L'écologie de droite n'existe pas aujourd'hui, vous en êtes l'incarnation». Une haine de la droite, qui se mesure, selon elle, à cette folie qu'est le capitalisme. Une véhémence qui rappelle les saillies signées d'Edouard Louis. L'écrivain disait qu'on ne pouvait être à la fois un intellectuel et de droite. Etienne, à travers son combat climatique, veut tordre le cou des puissants «qui nous endorment et se reposent sur l'ordre établi.»
Taxée d'idéologue par certains, déconnectée pour d'autres militants, la native de Peisey-Nancroix, en Savoie, est clivante et se retrouve souvent ciblée par la sévérité des politiques, comme en témoigne son passage dans le «Grand Entretien» sur France Inter, où elle assimile les ruraux, les agriculteurs à des électeurs d'extrême droite. Tollé. Un mépris auquel l'écrivain et journaliste Jean-Paul Pelras a répondu sèchement dans Le Point.
« Les lobbys pétroliers sont tous les jours à Bruxelles, ce sont des acteurs politiques. Ils ont un pouvoir immense. Ils ne font pas que répondre à une demande, ils la créent » @CamilleEtienne_
— C ce soir (@Ccesoir) May 29, 2023
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Une autre frange de ses détracteurs ne la rate pas quand, selon L'Express, ses cachets pour des conférences sont compris entre 2000 et 7000 euros l'heure. Selon elle, «être écologiste ou anticapitaliste ne veut pas dire que l’on doit forcément vivre sous une tente.»
Incohérence ou simple logique, la jeune femme de 25 ans ne recule devant rien, se prépare à déboulonner l'écoanxiété ambiante et s'évertue à poser un regard saignant sur «les décisions des puissants qui vont complètement à l'inverse de l'urgence écologique».
Et si nombreux sont ceux qui lui rabâchent les oreilles sur sa méconnaissance de l'économie, elle prend le taureau par les cornes et entame des études d’économie pour être prise au sérieux. «La première chose qu’on y apprend, c’est que l’économie repose sur la confiance», confessera-t-elle à Marianne.
Or, sa balade climatique sur fond de critiques incessantes échafaude un discours qui fonctionnerait tel un disque rayé, a répété que les puissants sont coupables de cette dérive climatique. Un discours un peu facile et qui lui est reproché par l'opinion publique.
Camille Etienne n'en démord pas: elle est une fonceuse. Elle s'est forgé une carapace, façonnée par 296 000 followers (ou fadas) sur Instagram. Et comme Andreas Malm, le nouvel oracle des défenseurs de la planète, elle en appelle à la désobéissance civile pour trouver des solutions, pour bousculer ces discours consensuels.
Une voie tracée par l'urgence climatique pour cette fille d'une championne d'escalade et de snowboard, d'un menuisier et guide de montagne. La jeune femme a grandi au grand air, loin des écrans. Face aux monts et glaciers de son patelin de Peisey-Nancroix, l'envie de regarder vers le haut lui a sûrement donné des envies d'escalade. Les montagnes à gravir ne lui font pas peur.
Elle peut (déjà) se targuer d'avoir commencé la première ascension, en tenant un rôle, l'an dernier, dans la capitulation d'Emmanuel Macron concernant l'exploitation minière des fonds marins. Un fait d'arme qui en appelle d'autres, surtout depuis la publication de son bouquin qui n'a pas tardé à grimper tout en haut du classement des ventes.
Même ses amourettes font causer. La presse people s'est emparée du phénomène, déversant ses rumeurs sur la prétendue relation qu'elle aurait entretenu avec Benjamin Millepied, chorégraphe et mari de Natalie Portmann. La preuve, qu'elle est vraiment partout.