L'homme est en train de porter un mouvement, d'inspirer des masses de militants et militantes, comme actuellement à Sainte-Soline en France, où les affrontements entre forces de l'ordre et défenseurs du climat virent à la gabegie.
Les bassines de la discorde ont révélé une nouvelle façon de protester pour faire passer un message. Il est désormais révolu le temps où les sit-in pacifistes de Greta Thunberg noircissaient les lignes de la presse. Cette fois-ci, les cocktails molotov pleuvent. Les actions de «Dernière rénovation», comme bloquer des routes ou encore asperger d'un liquide noir le célèbre «Mort et vie» de Gustav Klimt, ont pris une autre dimension personnifiée par le nouvel oracle de l'écologie radicale: Andreas Malm.
A 45 ans, né à Mölndal, le Suédois est un maître à penser que le mouvement «Soulèvement de la Terre», l'organisation des anti-bassines à Sainte-Soline, prend en exemple pour véhiculer leur idéologie.
Géographe et auteur du livre Comment saboter un pipeline, Malm appelle au sabotage, à la violence pour se faire entendre. Il critique même avec véhémence le pacifisme des militants qui, selon lui, auraient renoncé à la radicalité dans un hypothétique espoir d’être entendus.
Le conférencier et gourou préfère basculer dans un discours de désobéissance civile pour imprégner la population de l'urgence climatique. Il s'attaque aux riches et à leurs SUV, lançant des actions pour dégonfler les pneus, combattant le fatalisme de la crise climatique.
Dans un entretien accordé à Mediapart, le maître de conférence à l'université de Lund prend en exemple le mouvement Black Lives Matter (BLM), pour sa combinaison: la confrontation assumée avec la police, le déboulonnement de statues et des mobilisations pacifistes de masse. Selon lui, les trois jours qui ont suivi le meurtre de George Floyd, où les manifestants ont pris d’assaut le commissariat de police de Minneapolis, ont démontré l'impact d'une telle désobéissance.
Le militant témoignait dans un magazine belge en juin 2022:
Ce processus est un exemple parfait pour développer une conscience sociale et efficace, selon lui. Se faire entendre pour changer de cap, pour obliger les dirigeants à se mobiliser. Malm est devenu une icône pour une frange de l'extrême gauche, un exemple à suivre ces prochaines années, si bien qu'un film a été adapté à l'écran, déjà présenté en septembre 2022 au festival de Toronto, mais encore inédit en Suisse.
These drone images look like a dystopia, but this is reality.
— ᴊᴏᴀɴɪᴇ ʟᴇᴍᴇʀᴄɪᴇʀ (@JoanieLemercier) March 31, 2023
The battle for water has started.#SainteSoline pic.twitter.com/HGIrhPOmUR
La hype monte pour cet homme qui prendrait des airs de prophète des temps modernes. Dans le collimateur du Ministère de l'Intérieur français, Malm rappelle les limites du pacifisme et rassemble des foules de jeunes adeptes. Son passage à Paris, lundi 27 mars, poursuit et consolide cette mouvance violente pour incarner le discours (alarmiste) climatique.
Outre cette radicalité qui fait dresser les poils de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur français abasourdi par ces débordements à Sainte-Soline, Malm avance une théorie dans son ouvrage L’anthropocène contre l’histoire: le réchauffement climatique à l’ère du capital. Pour lui, anticapitaliste aguerri, l'environnement est victime du capitalisme. Un concept qu'il expliquait dans une conférence à l'Institut La Boétie:
🌎 Andreas Malm : le capitalocène, c’est quoi ?
— Institut La Boétie (@i_laboetie) March 24, 2023
Andreas Malm explique le concept de capitalocène, qui pointe la responsabilité d’un petit groupes d’individus dans la crise climatique dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.
Revivez la conférence : https://t.co/KXaDkDUR5U pic.twitter.com/17V5xrxJVb
Mattias Svensson, écrivain suédois, éditorialiste pour le journal de centre droit Svenska Dagbladet, écrivait au sujet de Malm:
Malm n'est pas à son premier combat. C'est dans les rangs d'un parti trotskiste suédois que le jeune homme fait ses premiers pas en politique, avant l'écologie. Il s'était battu, dans les années 90, pour la cause palestinienne et contre l'impérialisme américain - et déplore aujourd'hui celui de la France dans les pays d'Afrique.
Ses positions ont toujours été en inadéquation avec la loi. Il expliquait même que «la loi ne doit en aucun cas être un repère pour les mouvements pour le climat.» L'homme s'inscrit dans ce registre. Il apprend même à son fils de 4 ans, à chanter «tout le monde déteste la police».
Une police qu'il tient pour responsable, appelée à maintenir le statu quo:
Dans sa conception radicale de l'écologie, le militant dénonce et adopte un «léninisme écologique», traçant une ligne intellectuelle dans le bassin bouillant des questions environnementales. Aux yeux de certains, le «Lénine vert» incarne la révolution écologique et cette tentation de l'activisme radical.