«On va se faire enfoncer, menacer, attaquer, bollorer… Mais si vous êtes là, ça va bien se passer.» C'est ainsi que le média français indépendant Blast, a introduit son Projet M, pour «Projet Marioles». Le pitch? Des marionnettes, de la politique et de l'humour. Oui, les Guignols de l'Info.
Ce n'est pas tout à fait un hasard puisque l'un des instigateurs de cette résurrection ne serait autre que Bruno Gaccio, ancien auteur historique de l'émission satirique, diffusée sur Canal+ jusqu'en juin 2018. Avant d'être définitivement supprimée, après trente ans d'existence, par le comité d'entreprise mené par Vincent Bolloré. Dans l'ultime épisode, deux marionnettes emblématiques se font d'ailleurs licencier par un Bolloré incarné par le mythique Monsieur Sylvestre: «PPD» et Jacques Chirac.
En 2023, le hic (enfin, l'un des hics), c'est que la chaîne a déposé depuis bien longtemps la marque et les marionnettes des Guignols de l'Info. Canal+ est même allé jusqu'à déposer le latex précis, utilisé dans le format original.
Les chicanes ne sont d'ailleurs pas que juridiques. En 2023, des marionnettes sont-elles compatibles avec le flux et la cadence des réseaux sociaux? On se souvient de quelques essais manqués par le passé, comme celui de Cyril Hanouna en 2021. La présence de la marionnette de Macron sur le plateau de Touche pas à mon poste avait aligné les moments de malaise, au point que le format a été abandonné deux jours après sa naissance.
Pour lancer son format, le Projet M a décidé de parodier les voeux du président de la République pour l'année 2023. La marionnette est plutôt bien bricolée, la voix de Macron est acceptable et le texte est bien torché. On évite donc le malaise total et c'est déjà, en soi, une bonne nouvelle. Au niveau des thèmes empoignés, rien de bien surprenant: les retraites et l'ego du locataire de l'Elysée.
La marionnette de Macron poursuit: «Bien sûr, m'aimer ne sera pas obligatoire. La liberté de culte est totale et le restera. Mais cet amour devra être fortement encouragé. Vous le voyez, je suis gentil, je suis intelligent, je suis visionnaire... et beau. Je ne vois ce qu'il y a d'arrogant à le dire.»
Si cette première vidéo tient la rampe, elle ne tutoie pas non plus le génie. Un rythme lent, digne de la télévision d'avant et un ton plutôt inoffensif, en tout cas bien loin de la verve corrosive des Guignols de l'Info. L'autre hic majeur d'un projet comme celui-ci? Bruno Gaccio.
#InfoCmediatique : bientôt un retour du programme culte « Les Guignols de l’info »?
— Cmédiatique (@cmediatique) December 11, 2022
Le comeback se prépare mais en version web cette fois-ci par @blast_france ! #Cmediatique vous en dit plus…
Votre rendez-vous #Cmediatique avec @melanietaravant c’est à 13h30 sur @France5tv 📺 pic.twitter.com/qrxHyhD0jg
Depuis la fin des Guignols, l'auteur s'est progressivement recyclé sur Twitter, où son talent passé s'est mué en haine féroce d'Emmanuel Macron et du pouvoir en général. Sans compter ses saillies répétées contre la «dictature sanitaire», durant la pandémie de Covid-19. Pour que le format puisse s'installer dans la durée, la satire va devoir s'éloigner (un peu) de la ligne éditoriale de Gaccio sur les réseaux.
Selon l'émission Cmédiatique, sur France 5, l'auteur travaille «depuis plusieurs mois» sur ce retour des marionnettes, en collaboration avec Blast et «une vingtaine de personnes». Or, le 2 janvier sur Twitter, le principal intéressé a réagi à la première vidéo diffusée sur YouTube de manière étrangement... distante:
J’ai vu. C’est pas si mal. Plutôt finaud pour une première. Ils vont en baver mais on verra bien. https://t.co/lOjp24dnMn
— Bruno Gaccio (@GaccioB) January 2, 2023
A noter enfin que le projet de ce média indépendant cherche un financement, notamment par l'intermédiaire du site KissKissBankBank. Avant de savoir si les marionnettes 2023 auront véritablement un avenir sur internet: «à tchao bonsoir», comme dirait l'autre.