Cela vous a aussi sauté aux yeux? Les journées internationales poussent comme des champignons! Il y en aurait actuellement plus de 500, dépassant ainsi allègrement le nombre de jours disponibles dans l'année. Ainsi, dans la même journée, comme le 25 novembre, on peut se retrouver à militer contre les violences à l'égard des femmes et aussi contre le foie gras! Remarquez, ça peut s'avérer pratique si les deux causes vous tiennent à cœur...
Mais à côté des causes sérieuses pullulent aussi les thématiques plus légères, et de saison, comme la Journée de la raclette le 13 décembre, celle du pull (moche) de Noël le 15 décembre ou encore celle du bain moussant le 8 janvier.
C'est un tel méli-mélo que l'on s'est demandé comment naissaient ces journées mondiales et qui avait le pouvoir de décréter, par exemple, que le 21 décembre serait la journée de l'orgasme.
Pour schématiser, on trouve grosso modo deux «catégories» de journées mondiales: celles estampillées du sceau des Nations unies, et qui nous apparaissent souvent comme plus «officielles» (et sérieuses, avouons-le), et... les autres, qui peuvent émaner de n'importe quel quidam sur terre! Il n'y donc que votre imagination et l'adhésion du public qui peuvent les limiter. Et dans cette catégorie, les thématiques sont parfois pour le moins loufoques (continuez à lire... vous verrez!).
Mais commençons d'abord par les choses sérieuses. L'écrasante majorité des journées internationales dites «officielles» ont donc été lancées par l'ONU et les différentes organisations qui y sont affiliées, comme l'Unesco ou l'OMS. L'ONU a mis sur pied la première journée mondiale «officielle» le 10 décembre 1950 en la dédiant aux droits de l'homme. L'organisation voulait ainsi mettre en lumière la Déclaration universelle des droits de l'homme qu'elle venait de ratifier en 1948.
Depuis, beaucoup d'autres s'en sont suivies: l'ONU en recense près de 200. Et certaines sont devenues des rendez-vous mondiaux incontournables comme la Journée internationale des droits des femmes le 8 mars ou celle de la lutte contre le sida le 1er décembre.
Le but premier de ces journées mondiales? Sensibiliser le public à une thématique, un sujet particulier. Le site de l'ONU explique:
C'est aussi l'occasion pour l'ONU «pour conseiller les Etats sur les actions à mener pour résoudre les graves problèmes autour desquels gravitent nombre de ces journées».
Mais comment cette vénérable institution décide-t-elle des sujets qui auront droit à leur journée spéciale? Premièrement, les thématiques sont toujours liées aux causes défendues par l'ONU, à savoir «le maintien de la paix et de la sécurité internationales, la promotion du développement durable, la protection des droits humains et la garantie du droit international et de l'action humanitaire».
Quant à la marche à suivre, comme pour une autre résolution, les Etats membres de l'ONU peuvent soumettre leur proposition de journée internationale à l’Assemblée générale, qui décide par consensus si elle l'adopte ou pas.
Précisons encore que les agences dérivées de l'ONU peuvent elles aussi proclamer des journées internationales liées à la cause qu'elles défendent.
Vous rêvez de lancer votre propre journée mondiale du je-ne-sais-quoi? Pas de problème. Comme on le disait plus haut, aucune loi ni aucun organisme ne vous en empêche. Tout un chacun peut proposer un sujet à célébrer, il n'y a pas d'instance officielle qui décide.
Ce qui explique peut-être la ribambelle de journées aux thématiques insolites. Un Français, Vincent Tondeux, a d'ailleurs créé en 2004 un site internet qui mérite le détour en la matière: il recense à peu près toutes les journées mondiales existantes et essaie d'en expliquer l'origine. On apprend ainsi que la Journée de la raclette a été lancée par une marque de fromage... Ou encore que l'on doit la Journée des batailles d'oreiller, le premier samedi d'avril, à un groupe dont le but est «d'organiser des événements ludiques dans les villes».
Au rang des curiosités, citons également la Journée de la frite belge (1er août) ou encore nos amis les félins, qui ont droit, non pas à une, mais à deux journées mondiales au mois d'août! Il y a celle des chats mais aussi celle dédiée uniquement aux matous noirs, pour contrer les superstitions liées à la couleur de leur pelage...
Reste que, le succès de ces journées mondiales dépend beaucoup de l'écho – et de l'adhésion – qu'elles trouveront auprès des quidams que nous sommes. Et pour ça, il est vrai qu'avoir une bonne stratégie médiatique peut s'avérer primordial.
C'est un peu le test ultime: si la sauce médiatique ne prend pas, il y a peu de chances que votre journée soit adoptée à travers le monde et rejoigne la (longue) liste existante...
Mais il ne faut pas se décourager pour autant. Il arrive parfois que les coups de pouce du destin s'en mêlent. Prenez par exemple la Journée du parler pirate, qui a lieu de 19 septembre. Elle est le fruit d'une blague entre deux jeunes Américains amateurs de corsaires qui voulaient saluer leurs potes à coups de Ahoy Captain!
L'histoire aurait pu en rester là. Mais ces moussaillons ont eu l'idée de contacter un chroniqueur et humoriste américain, Dave Barry, qui a été de suite emballé par l'idée: leur événement a ainsi trouvé la couverture médiatique nécessaire pour pouvoir exister.
Alors, qu'en dites-vous? Prêts à lancer votre propre journée?