«Si ça peut mal se passer, ça arrivera.» Ces derniers jours, la loi de Murphy, version George E. Nichols, plane quelque part au Nouveau-Mexique. Trois femmes ont été infectées par le VIH après une séance vampirique. Sur le papier, faire mumuse avec du sang pour paraître dix ans de moins, c'est sans doute l'antithèse d'une bonne idée.
Ce qui n'empêche pas les stars, les riches et des citadins vulnérables (certains cumulent d'ailleurs les trois caractéristiques) de penser que ce sont des risques à prendre pour frôler l'idée d'une jeunesse éternelle.
On parle ici du PRP (plasma riche en plaquettes). Une solution qui n'est pas seulement utilisée pour se ravaler la façade. Il doit en revanche son succès à sa version cosmétique, baptisée Vampire Facial™, popularisé en 2013 par une Kim Kardashian littéralement en sang sur Instagram.
Si ce petit nom rouge vif est accompagné d'une marque déposée, c'est qu'un médecin/homme d'affaires américain s'est un jour approprié la technique, contraignant tous les autres à lui verser de l'argent à chaque utilisation. Pour les adeptes, cette recette «embellit la peau et peut réduire les rides, car le plasma riche en plaquettes favorise la croissance de nouvelles cellules cutanées et de collagène», lit-on dans le Washington Post cette semaine. En France, mais aussi dans le reste du monde, on trouve plus ou moins le même positivisme.
Seul le charabia diffère:
En pratique, ça paraît simple. Une fois le sang du client prélevé, on sépare ses composants dans une puissante centrifugeuse. Le bouquet final? «De minuscules aiguilles injectent le plasma prélevé dans le visage du client, afin de rajeunir la peau», nous explique l'agence AP. Et si les plus grands médias américains s'emparent aujourd'hui de cette petite boutique des ténèbres, c'est que ça a méchamment dérapé.
D'ordinaire, chaque patient se voit réinjecter son propre sang. Une sécurité qui parait couler de source, sauf pour un centre de cosmétique paumé dans la ville d'Albuquerque, au Nouveau-Mexique. (Oui, le patelin où Walter White bricolait de la méthamphétamine en débardeur, dans la caravane de la série Breaking Bad.) Un bouiboui qui porte plutôt mal son nom, VIP Spa, et qui a ruiné la vie «d'au moins trois» de ses clientes. A quelques années d'intervalle, trois femmes ont découvert qu'elle y avait contracté le VIH.
Une sale histoire d'aiguilles dégueulasses.
Selon une enquête du Center for Disease Control (CDC) and Prevention, menée entre 2018 et 2023, la clinique cumulait manifestement les scandales. Seringues non emballées et éparpillées sur les comptoirs, équipements vétustes, ustensiles usagés, éprouvettes pas étiquetées, aucun stérilisateur à vapeur, pas de registre de rendez-vous et dossiers des clients égarés.
Sans compter que ce scandale sanitaire abrite un triste record, puisqu'il s'agit «de la première documentation d'infections probables impliquant des services cosmétiques». Se voulant rassurante, l'épidémiologiste responsable de l'enquête précise que la technique du Vampire Facial™ présente «un faible risque d'infection au VIH», lorsque le boulot est bien fait. A Albuquerque, il parait que la stupéfaction domine, car le patron du VIP Spa est un homme «bien intégré dans la communauté et qui inspirait une grande confiance».
Un indice pouvait malgré tout mettre la puce à l'oreille aux trois malheureuses clientes de l'établissement. L'ancienne propriétaire, «Maria de Lourdes Ramos De Ruiz, 62 ans, purge une peine de trois ans et demi de prison, pour exercice de la médecine sans permis». Rajeunir coûte que coûte, c'est une chose. Risquer la mort prématurément, sous l'aiguille de docteurs mabouls, en est une autre.