Sebastian Krähenbühl se promène dans la rue principale de la petite ville de Kaiserstuhl en Argovie. «Je m'étonne parfois moi-même d'avoir atterri ici», confie celui qui assure aimer l'effervescence des grandes villes. Pourtant, le village où il réside depuis un an est minuscule. A peine 426 habitants.
Ce n'est pas le premier artiste connu qui s'installe dans ce village idyllique au bord du Rhin. Kaiserstuhl a vu passer plusieurs personnalités comme l'acteur et réalisateur autrichien Dietmar Schönherr, l'acteur zurichois Dieter Moor ou le photographe Eric Bachmann, qui a photographié des stars comme ABBA, John Lennon, Tina Turner ou Muhammad Ali ont tous craqué pour le petit village.
Dans le cas de Sebastian Krähenbühl, il n'est cependant pas question de retraite ou de résidence pour personnes âgées. A 49 ans, il est au sommet de sa créativité, que ce soit en tant qu'acteur de cinéma et de théâtre ou en tant que metteur en scène. Le déménagement était dû à des raisons beaucoup plus pratiques.
L'appartement dans lequel il vivait à Zurich devait être rénové.
Il a commencé à se renseigner et a reçu un tuyau pour un logement à Kaiserstuhl. Le nom du propriétaire: Dominik Bachmann, le neveu d'Eric Bachmann. Le célèbre photographe a vécu dans l'appartement jusqu'à son décès en 2019.
Depuis, la nouvelle de l'arrivée d'une nouvelle célébrité s'est répandue dans le village. Avec le temps, Sebastian Krähenbühl s'est habitué à entendre «c'est lui!», ou à être interpellé dans un café, dans le train ou dans la rue. Bien qu'il soit sur scène depuis plus de 20 ans, c'est grâce à un spot publicitaire qu'il a été remarqué par le grand public.
En effet, Sebastian est l'acteur principal d'une campagne Migros, dans laquelle il joue un père célibataire et aimant de sa fille Léa. Depuis, il a tourné plus de 40 spots pour le géant orange.
On lui a déjà posé des dizaines de fois la question de savoir si ce rôle ne nuirait pas à son sérieux d'artiste. Une chose est claire, sa notoriété lui vient du théâtre. Et à juste titre puisqu'il a arpenté la scène dans Woyzeck et Le songe d'une nuit d'été, et qu'il a des affinités avec Shakespeare et joue dans Tatort.
Lui aussi s'est posé cette question. Sa réponse? «C'est étrange, mais pas vraiment grave.» Peut-être aussi parce que ces rôles sérieux ne représentent qu'une facette de ses activités d'acteur. Dans son CV, on trouve également des rôles dans des sitcoms ou dans Les chansons des Monty Python et autres crimes.
Depuis son enfance, Sebastian Krähenbühl connaît bien les déménagements. Son père était travailleur humanitaire au Népal. Lorsqu'il avait six ans, sa famille est revenue en Suisse, à Birr, en Argovie. «Nous étions des étrangers et étions perçus comme tels», se souvient-il. Au lieu d'aller à l'école publique, il a fréquenté l'école Steiner de Baar (ZG). Il a ensuite été à la Haute école d'art de Zurich, où il a suivi une formation d'acteur.
Il a occupé son seul poste permanent en tant que membre de la troupe au Nationaltheater de Mannheim. Depuis, il gagne sa vie comme acteur, metteur en scène et danseur indépendant. S'adapter à des structures rigides et se soumettre à la hiérarchie, ça n'a jamais été son truc.
«Mon indépendance me laisse toute liberté, en revanche les finances sont volatiles», explique Sebastian Krähenbühl. Mais le carnet de commandes pour l'année en cours est bien rempli. On le verra prochainement au théâtre et bien sûr – en tant que père célibataire – toujours dans les spots publicitaires de Migros.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci