Paris, sous le pont Alexandre III. Le bruissement de la Seine s'entend au loin. Nous sommes le jeudi 25 janvier et John Galliano pour Maison Margiela clôture la Fashion Week Haute Couture avec excès, décadence et mélodrame, écrit Harper's Bazaar. Une «brutale poésie».
Pour cette collection, le couturier revient à la Belle Epoque, «la période qui l'inspire le plus», précise Harper's Bazaar. Les silhouettes sont en sablier et les tailles exagérément marquées par des corsets du 19e siècle. L'atmosphère sombre, le décor, la démarche et le jeu d'acteur des modèles sont autant d'éléments qui nous plongent dans le Paris de l'époque. Une «démesure à laquelle John Galliano avait habitué l'industrie [de la mode] au début des années 2000», rappelle Vogue.
Dans une taverne recréée pour l'occasion, les invités sont en décalage total avec les mannequins. Ces derniers ne défilent pas, ils errent, titubent, se contorsionnent presque et s'approche parfois trop près de ces spectateurs venus du futur qui les observent d'un œil fasciné. Le maquillage réalisé par la célèbre maquilleuse britannique Pat Mcgrath complète avec brio ces figures à la féminité exagérée et donne aux modèles un air de poupée de porcelaine.
C'est ce détail précis du défilé qui obsède depuis médias et internautes. Ces derniers essaient tant bien que mal de recréer ce maquillage sur TikTok ou Instagram. Malgré de bons résultats, il manque toujours ce je-ne-sais-quoi. Car, comme toute bonne magicienne, Pat Mcgrath ne révèle pas ses secrets.
Dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux, la maquilleuse britannique a montré une partie du processus de création sans toutefois en dévoiler toutes les étapes. La seule chose que l'on sait actuellement est que le produit s'applique en utilisant la technique de l'aérographie et qu'il se décolle du visage lorsqu'on tire dessus.
Ni une ni deux, nombreux sont celles et ceux qui ont tenté d'élucider le mystère. L'Officiel, Grazia ou The Cut se sont également pris au jeu et ont émis diverses théories qui expliquent comment recréer ce teint de poupée de porcelaine. Certains ont tenté d'appliquer du gloss sur le visage sans obtenir de résultat probant. D'autres explications plus nombreuses tendent vers l'utilisation d'un masque qui apporte ce côté vitrifié à la peau.
Erin Parson, historienne de la beauté et ancienne protégée de Pat Mcgrath, est persuadée qu'un masque Freeman à 4 dollars est la clé du mystère, car il a des propriétés spécifiques qui se retrouvent dans le produit utilisé lors du défilé Maison Margiela. Tous deux ont la même consistance et couleur qu'un rince-bouche de la marque Listerine.
Une théorie que confirme une source qui a travaillé sur le défilé. Elle raconte que les maquilleurs ont reçu un mélangé personnalisé dans des coupes – impossible dès lors de savoir qui l'avait créée, Pat Mcgrath et ses équipes ou quelqu'un d'externe. Le produit était à base d'eau, sa couleur bleutée et sa consistance un peu opaque ressemblaient effectivement au bain de bouche Listerine.
Katie Jane Hughes, une maquilleuse professionnelle citée par The Cut, pense que l'ingrédient mystère est un masque à 105 dollars. Son argument? Il y a 15 ans, elle a vendu le produit à Pat Mcgrath qui serait ainsi familière avec la marque. Le problème? La couleur rosée du «Natura Bissē Diamond Luminous Glowing Mask» ne correspond pas au bleu du produit original.
La troisième hypothèse est devenue si virale que le masque évoqué est désormais en rupture de stock. Le «Kryolan Liquid Glass» coûte 5 dollars, il est utilisé par les maquilleurs professionnels dans le milieu du cinéma et il apporte aussi ce résultat glacé lorsqu'on l'applique par couches.
Pat Mcgrath s'est amusée des différentes théories et a commenté certains posts en reconnaissant l'effort fourni. Elle a également reposté sur Instagram une sélection de maquillages recrées par les internautes.
Celle qui pourrait avoir le fin de mot de l'histoire s'appelle Samantha Lim Achatz. Cette TikTokeuse qui a travaillé avec la maquilleuse britannique assure dans une vidéo que cette dernière serait en train de «mener tout le monde en bateau» et qu'elle aurait en réalité développé un nouveau produit bientôt disponible sur le marché.
Une explication plausible lorsqu'on sait que Pat Mcgrath n'en est pas à son coup d'essai marketing: elle a déjà présenté par le passé de futurs produits durant les défilés.
Dans une publication Instagram, la principale concernée semble avoir bel et bien confirmé cette théorie:
La rupture de stock est assurée.