Au moment où la police se penche sur d'éventuelles complicités, la direction de Harrods a reconnu jeudi une «culture toxique» au sein du grand magasin londonien lorsque Mohamed Al-Fayed en était le propriétaire. L'homme d'affaires égyptien est accusé par des dizaines de femmes d'agressions sexuelles et de viols.
Le père de Dodi Al-Fayed, décédé en 2023, «a géré cette entreprise comme son fief personnel. Il est désormais clair qu'il avait instauré une culture toxique du secret, de l'intimidation, de la peur des représailles et de comportements sexuels répréhensibles», a déclaré le directeur général de Harrods, Michael Ward, qui a travaillé pour l'homme d'affaires entre 2006 et 2010, date à laquelle le célèbre magasin a changé de propriétaire:
Dans la foulée, la police londonienne a appelé à nouveau toute victime de Mohamed Al-Fayed à se faire connaître. Elle a indiqué rechercher si d'autres personnes pouvaient être incriminées dans cette affaire, rappelant qu'aucune poursuite n'était possible contre une personne décédée.
Des dizaines de femmes, pour certaines mineures à l'époque des faits, accusent de viols et d'agressions sexuelles Mohamed Al-Fayed, mort en août 2023 à 94 ans. Au moins cinq d'entre elles disent avoir été violées par cet homme, qui était le père du dernier compagnon de la princesse Diana, Dodi, mort avec elle dans un accident de voiture à Paris le 31 août 1997.
L'une d'elles a raconté jeudi à la BBC qu'elle était âgée de 16 ans et travaillait chez Harrods – sa première expérience professionnelle – lorsqu'elle a été violée par l'homme d'affaires:
Elle explique que peu de temps après avoir commencé son travail auprès de Mohamed Al-Fayed, elle avait été soumise à des questions «humiliantes» de la part de son patron sur sa vie sexuelle.
Elle a aussi raconté avoir dû subir un examen gynécologique. D'autres femmes ont témoigné d'expériences similaires dans le documentaire de la BBC qui a révélé l'affaire il y a une semaine.
Les avocats des victimes, qui vont lancer une action au civil contre le magasin, ont assuré il y a quelques jours avoir reçu «plus de 150 nouvelles demandes» de renseignements de la part d'accusatrices et de personnes ayant des preuves contre l'ex-propriétaire de Harrods.
«Nous avons manqué à notre devoir envers nos collègues et nous en sommes profondément désolés», a regretté Michael Ward jeudi, qualifiant les faits présumés «d'horreur». «Il s'agit d'une période honteuse de l'histoire de l'entreprise, mais le Harrods d'aujourd'hui est méconnaissable par rapport au Harrods qu'il (Mohamed Al-Fayed) possédait», a-t-il assuré.
La direction actuelle du prestigieux magasin a conclu des accords amiables avec une partie des accusatrices qui se sont manifestées depuis 2023. Une étude «indépendante» menée par un comité du conseil d'administration de l'entreprise est «actuellement en cours», et «je n'influencerai en aucune manière son fonctionnement ou ses recommandations», a affirmé le patron. (ats/afp)