Société
Sciences

Le sexome pourrait révolutionner les affaires de viol

Paar im Bett bei Sex und Z�rtlichkeit. Liebe und Erotik im Schlafzimmer., Couple in bed with sex and affection. Love and eroticism in the bedroom. Austria Couple in bed with sex and affection. Love an ...
Le sexome est unique et personnel. Il pourrait permettre d'identifier des auteurs d'agressions sexuelles.Image: www.imago-images.de

Pendant le sexe, nous laissons «une empreinte génitale» unique

Des chercheurs australiens mettent au point une technique pour pouvoir confondre les auteurs de viols sans trace de sperme ou d'ADN.
22.02.2025, 11:5522.02.2025, 11:55
Daniel Huber
Daniel Huber
Plus de «Société»

Chaque contact, en particulier sexuel, laisse des traces. Lorsque nous faisons l'amour, nous ne transmettons pas seulement des fluides corporels, mais également des éléments de notre microbiote intime. Une sorte d'«empreinte digitale» génitale unique, et qui va au-delà des traces d'ADN.

Et cela va pourrait s'avérer d'une grande utilité dans les enquêtes médico-légales, comme le montre une nouvelle étude publiée dans la revue spécialisée « iScience ».

Les délinquants sexuels sont généralement identifiés grâce à l'analyse de traces de sperme ou d'autres résidus biologiques. Cette méthode n'est toutefois pas toujours efficace. C'est le cas lorsqu'aucun sperme n'est retrouvé, notamment lorsque l'auteur a utilisé un préservatif. De même, si trop de temps s'écoule après un acte sexuel, l'analyse ADN ne peut plus fournir de résultats probants.

Le sexome, véritable microbiote de l'intimité

Une équipe de recherche de l'université de Murdoch, en Australie, s'est penchée sur une autre piste. Est-il possible qu'une signature bactérienne unique, un microbiome individuel de la zone intime, le «sexome», soit transmise lors des rapports sexuels?

Pour savoir si ces traces bactériennes uniques pour chaque individu pouvaient être utilisées comme marqueur médico-légal, et si elles étaient transmises lors de rapports sexuels même protégés, les scientifiques ont étudié douze couples hétérosexuels monogames.

Au début de l'étude, chaque participant a prélevé des échantillons de son microbiome génital à l'aide de cotons-tiges. Grâce au séquençage génétique de l'ARN, les chercheurs ont déterminé à la sous-espèce près quelles souches de bactéries étaient présentes. Ils ont ensuite identifié les signatures microbiennes pour chaque participant.

Les couples ont ensuite dû s'abstenir de rapports sexuels pendant des durées allant de deux à quatorze jours. Des échantillons du microbiome génital de chaque participant ont été à nouveau prélevés après leurs derniers rapports sexuels. Et il s'est avéré que l'empreinte bactérienne unique d'un participant a pu être identifiée dans l'échantillon de son partenaire à ce moment-là.

Doctorante à l'Université de Murdoch en Australie, Ruby Dixon mène des recherches sur le sexome.
Doctorante à l'Université de Murdoch en Australie, Ruby Dixon mène des recherches sur le sexome.source: LinkedIn

La capote n'y peut rien

Trois couples utilisaient un préservatif. L'analyse a montré que cela avait certes une certaine influence sur la transmission des micro-organismes, mais ne pouvait pas l'empêcher complètement:

«Lorsqu'un préservatif était utilisé, la transmission se faisait principalement de la femme à l'homme. C'est prometteur pour les enquêtes qui cherchent à résoudre une agression sexuelle. Cela signifie qu'il existe peut-être des marqueurs microbiens qui permettent de détecter un contact sexuel, même en cas d'utilisation d'un préservatif.»
Ruby Dixon

Les chercheurs ont également vérifié les cas d'hommes circoncis, ou lorsque des participantes avaient des poils pubiens. Ils ont constaté qu'aucun de ces deux facteurs n'influençait la transmission de souches bactériennes entre les partenaires. Ils ont toutefois constaté que la composition du microbiote vaginal changeait pendant les menstruations, ce qui pourrait influencer les résultats.

Taxonomic composition of the female vagina and male penile skin in couple 1
https://www.cell.com/iscience/fulltext/S2589-0042(25)00121-X
On peut voir les différents types de bactéries génitales, avant et après les rapports sexuels sans préservatif, chez l'homme (en haut) et la femme (en bas).Grafik: iScience
Taxonomic composition of the female vagina and male penile skin in couple 4
https://www.cell.com/iscience/fulltext/S2589-0042(25)00121-X
Les résultats pour des rapports avec préservatifs se présentent de façon similaire, avec un mélange des types de bactéries présents chez l'homme et la femme. Grafik: iScience

L'utilisation n'est pas encore possible

L'objectif principal de cette avancée est donc de mieux appréhender les auteurs d'agressions sexuelles. Mais on est encore loin de pouvoir avoir recours à ce procédé, admet Ruby Dixon:

«L'un des plus grands défis est la collecte des données. Pour comprendre pleinement le sexome et les facteurs qui peuvent l'influencer, nous devons collecter des échantillons d'une plus grande population et voir comment nos résultats évoluent.»

Ce qui est également délicat, c'est que la composition du microbiote génital peut changer sous l'influence des menstruations, de l'hygiène ou de l'environnement. Ruby Dixon explique:

«D'autres études se concentreront sur ces facteurs et examineront comment ils affectent le sexome, afin que nous puissions avoir une idée de la manière dont ces changements peuvent être pris en compte dans le cadre d'une analyse médico-légale.»

Par exemple, les menstruations réduisent la charge bactérienne d'une bactérie vaginale dominante, le lactobacillus, qui est utilisée pour l'analyse du sexome. «Avec ces connaissances, nous pouvons nous assurer que nous n'analysons pas seulement le lactobacillus, mais également d'autres bactéries qui sont dominantes pendant les menstruations», confie Ruby Dixon.

Les deux chercheurs australiens en sciences forensiques sont convaincus que le sexome va s'avérer utile dans le cadre d'enquêtes médico-légales.
Les deux chercheurs australiens en sciences forensiques sont convaincus que le sexome va s'avérer utile dans le cadre d'enquêtes médico-légales.Image: Muroch university

Elle et ses collègues sont toutefois optimistes. «Nous n'en sommes qu'au début, mais nous sommes confiants dans le fait qu'à l'avenir, l'analyse du sexome rejoindra la boîte à outils de l'ADN médico-légal», explique Brendan Chapman, responsable de l'étude, dans un communiqué de l'université.

Le microbiote génital devrait devenir un complément aux preuves médico-légales actuelles et jouer un rôle important en l'absence de preuves ADN. Cela pourrait également résoudre des problèmes éthiques, selon Ruby Dixon:

«L'ADN d'une personne ne change pas, et peut donc être utilisé pour identifier une personne longtemps après un incident. La composition du microbiote d'une personne varie, de sorte que cette technique sera probablement utilisée au cas par cas.»

Voilà qui pourrait donc alléger des procédures et aider les victimes d'agressions sexuelles.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

22 manucures qui vont vous filer la chair de poule
1 / 24
22 manucures qui vont vous filer la chair de poule
partager sur Facebookpartager sur X
Voici le plus grand rassemblement humain du monde
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
0 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
Une bestiole «colossale» a été filmée pour la première fois
Les toutes premières images attestées d'un calamar colossal juvénile dans son habitat naturel montrent un animal délicat, gracieux et plus étrange que la science-fiction.

Le calamar colossal (Mesonychoteuthis hamiltoni) est une espèce qui a été décrite pour la première fois en 1925 à partir de restes de spécimens trouvés dans l'estomac d'un cachalot pêché à des fins commerciales. Un siècle plus tard, une expédition a permis de capturer les premières images attestées de cette espèce dans son habitat naturel. Elle nous montre un spécimen juvénile de 30 centimètres, à une profondeur de 600 mètres, près des îles Sandwich du Sud, à mi-chemin entre l'Argentine et l'Antarctique.

L’article