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Les gadgets de James Bond dévoilent leurs secrets

Les gadgets de James Bond dévoilent leurs secrets

James Bond, ce sont des scènes d'actions, des Bond girls et... des voitures et des gadgets. Mais tout cela ne sort pas de nulle pas: d'où les matériaux des voitures et gadgets de 007 proviennent-ils donc?
20.08.2023, 11:4320.08.2023, 11:43
Nicolas Charles / the conversation
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Montre-laser, pistolet à empreintes digitales, explosifs et bien sûr voitures suréquipées... les gadgets sont un des symboles de James Bond. Leur inventeur génial s'appelle «Q». Si certains de ces gadgets ont réellement existé (laser, reconnaissance d'empreintes digitales, réacteur dorsal), d'autres sont, comme on va le voir, plus fantaisistes.

Un article de The Conversation
The Conversation

Mais tous reposent pourtant sur un socle commun: les matières premières nécessaires à leur fabrication, et en particulier les ressources minérales, que les géologues contribuent à trouver dans la croûte terrestre. De tout temps, les humains ont utilisé les ressources minérales pour créer et utiliser des technologies, du silex préhistorique au lithium des batteries actuelles. Le plus célèbre agent secret de Sa Majesté ne fait pas exception.

Une Aston Martin peu discrète

En 1964 dans Goldfinger, James Bond (Sean Connery) doit abandonner sa Bentley pour une Aston Martin DB5 modifiée par l'ingénieux Q (l'inoubliable Desmond Llewelyn). C'est la première des huit apparitions du bolide désormais indissociable de 007.

This film image released by Columbia Pictures shows Daniel Craig as James Bond in the action adventure film, "Skyfall." (AP Photo/Sony Pictures, Francois Duhamel)
La voiture est indissociable du personnage.Image: AP Sony Pictures

L'automobile est un bon exemple de la complexification des produits et de l'augmentation de la diversité des matières premières utilisées au cours du temps. La DB5 recèle ainsi divers métaux et minéraux à commencer par l'aluminium, un métal permettant de gagner en légèreté. Il est extrait de la bauxite, un minerai notamment exploité en Jamaïque aux environs d'Ocho Rios, qui a servi de décor pour l'île Crab Key, repaire du Dr. No, en 1962.

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La mythique Aston Martin DB5.Image: EPA

La carrosserie de la DB5 est un ensemble de plaques en alliage d'aluminium et de magnésium reposant sur une structure en tubes d'acier. Le bloc-moteur est aussi en aluminium, à l'instar des pistons et de la culasse. Les bielles et le vilebrequin sont constitués d'un acier dopé au chrome et au molybdène qui assurent une meilleure résistance. Les jantes en aluminium reposent sur des moyeux en acier chromé tout comme les rayons.

Beat Roos von Roos Engineering Ltd. stellt den "James Bond Aston Martin DB5 Jg. 1964" im Verkehrshaus der Schweiz, Luzern vor, am 10. Dezember 2010. Beat Roos ist der Restaurator des Fahrzeu ...
Ici au Musée des transports de Lucerne, en 2010.Image: PHOTOPRESS

Il ne faut bien entendu pas oublier la silice des vitrages, le cuivre du câblage électrique, le plomb de la batterie ou les carbonates et le kaolin dans la peinture, et le pétrole pour faire rouler l'ensemble à vive allure!

epa10207041 An Aston Martin DB5 stunt car from the film 'No Time To Die' is displayed during a media preview of 60 years of James Bond at Christies Auction House in London, Britain 26 Septem ...
Avec des mitrailleuses intégrées, bien évidemment.Image: EPA

Bond conduit un véhicule électrique en 1971

L'industrie automobile a largement évolué depuis 1964 et les innovations se succèdent, augmentant la diversité des ressources minérales utilisées. Plusieurs dizaines sont nécessaires aujourd'hui pour un véhicule standard. Et que dire des derniers bolides pilotés par 007 depuis les années 2000 comme la BMW Z3 ou l'Aston Martin Valhalla.

Cela se poursuit avec les véhicules électriques qui voient intervenir lithium, cobalt, graphite, nickel et terres rares dans les batteries. D'ailleurs en 1971, dans Les diamants sont éternels, James Bond vole et conduit un module lunaire électrique! Plus récemment dans Mourir peut attendre (2021), l'Aston Martin Valhalla est un bolide hybride rechargeable, mais James Bond n'est pas encore passé au tout électrique.

Un flingue en inox

Autre objet culte: le Walther PPK, pistolet allemand qu'utilise 007 dans bon nombre d'opus de la saga. C'est une arme faite d'un alliage d'acier inoxydable. Bien que l'acier soit principalement constitué de fer, il contient aussi d'autres éléments en fonction de l'utilisation et des propriétés recherchées : chrome, molybdène, nickel, manganèse, carbone, silicium, cuivre, soufre, azote, phosphore, bore, titane, niobium, tungstène, vanadium, cérium.

Walther PPK.
Le fameux Walther PPK (ici un exemplaire américain). Shutterstock

Beaucoup plus précieux, le pistolet de Francisco Scaramanga (Christopher Lee) est en or massif et se présente sous la forme d'un assemblage d'objets du quotidien afin de ne pas être repéré lors des contrôles: briquet, boutons de manchette, stylo-plume et étui à cigares. Limité à un coup, ce pistolet tire des balles d'un calibre de 4.2 mm, pesant 30 g, et surtout en or 23 carats avec des traces de nickel. Voilà pour la fiction?

Le pistolet d’or de Francisco Scaramanga. La balle, en or elle aussi, est gravée «007».
Le pistolet d’or de Francisco Scaramanga. La balle, en or elle aussi, est gravée «007». image: Exposition au «International Spy Museum»
AD004 - 20021015 - LONDON, UNITED KINGDOM : Actor Christopher Lee holds the golden gun beside the Bond logo during the opening of the Bond, James Bond exhibit at The Science Museum in London 15 Octobe ...
Christopher Lee pose avec «son» pistolet d'or, lors de l'ouverture d'une exposition dédiée à 007, en 2002.Image: EPA

Il est difficile en effet d'imaginer un pistolet entièrement constitué d'or, un métal très dense et surtout très mou, qui ne résisterait pas longtemps à la puissance répétée d'un coup de feu. En bijouterie, l'or, pour pouvoir être porté, est souvent d'ailleurs allié à l'argent, au cuivre ou au zinc. Au 1er juillet 2023, un kilogramme d'or se négociait environ 56 500 euros. Pas étonnant, l'or est depuis l'Antiquité un métal précieux, inaltérable et brillant avec une couleur jaune soutenue qui suscite convoitise et sert de valeur refuge.

Ainsi, dans Bons baisers de Russie (1963), James Bond reçoit 50 souverains britanniques en or dissimulés dans une mallette truffée de gadgets. Attiré par les pièces d'or, l'ennemi Grant ouvre la mallette piégée alors qu'il tient en joue 007. Du gaz lacrymogène s'en échappe, ce qui sauvera la vie de Bond.

Des lasers dans tous les sens

La saga est aussi l'occasion de mettre en avant des technologies de pointe peu connues du grand public au moment de la sortie d'un film. Des technologies qui reposent sur des matières premières.

Quel meilleur exemple que le laser (de l'anglais «light amplification by stimulated emission of radiation» et signifiant «amplification de lumière par émission stimulée de rayonnement»). Pistolet, montre, voiture, satellite? Dans un scénario, tout est «mieux», si équipé d'un laser!

A scene from the Bond movie "Tommorrow Never Dies" which was released in 1997, with Desmond Llewelyn as Q and Pierce Brosnan as 007 James Bond, right. 85-year-old Llewelyn who was made famou ...
Le maître des gadgets de Bond: Q (Desmond Llewelyn), ici avec Pierce Brosnan dans Demain ne meurt jamais.Image: AP

Dans Goldfinger (1964), James Bond est menacé par un laser - qui remplace la scie sauteuse imaginée dans le roman éponyme de Ian Flemming. Le laser sera également mis en avant dans d'autres épisodes: sur un satellite dans Les diamants sont éternels (1971) et Meurs un autre jour (2002); tirés par des pistolets-laser dans Moonraker (1979); projeté par une montre dans Jamais plus jamais (1983) ou Goldeneye (1995); et que dire d'une voiture équipée d'un laser dans Tuer n'est pas jouer (1987)?

Des pistolets laser (en plastique !) de la base spatiale dans Moonraker, 1979.
Des pistolets laser (en plastique !) de la base spatiale dans Moonraker, 1979. image: Nicolas Charles

Au final, les applications réelles des lasers sont entre autres: télémétrie, découpe, projection lumineuse. Le premier laser opérationnel date de mai 1960 — le physicien Théodore Maiman l'introduit donc tout juste avant James Bond. Ce premier laser fonctionnait à l'aide d'un rubis, minéral de la famille du corindon (oxyde d'aluminium), comme le saphir. Mais il s'agit d'un rubis synthétique créé à partir d'oxyde d'aluminium (issu de la bauxite) mélangé à une infime quantité de chrome (principalement produit à partir de la chromite). Selon les applications, il existe différents types de lasers :

  • Lasers cristallins: constitués d’un verre siliceux (à partir de quartz très pur) ou de cristaux synthétiques de rubis ou de saphir (oxyde d’aluminium dopé au titane, au chrome ou aux terres rares: néodyme, ytterbium, praséodyme, erbium ou thulium);
  • Lasers à fibre: composés de fibre optique à base de silice (issue d’un quartz ultra-pur) et dopée aux terres rares (métaux principalement extraits de minéraux comme la bastnaésite, la monazite ou le xénotime);
  • Lasers à gaz: fonctionnant avec de l’hélium (extrait des gisements de gaz naturel) et du néon (extrait des gaz de l’air atmosphérique) ou du CO2;
  • Lasers à colorants organiques.

Le faisceau lumineux de couleur rouge dans Goldfinger a été émis à partir d'un laser (probablement à rubis) dont la luminosité a été amplifiée par effets spéciaux. En revanche, le caractère destructeur du laser n'est que pure fiction. Lors du tournage, un opérateur a utilisé un chalumeau à acétylène sous la table prédécoupée alors même que Sean Connery y était allongé!

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Retrouvailles entre Roger Moore et Richard Kiel, en 2007.Image: AP

Pour finir, puisque les méchants ont toujours une dent contre James Bond, évoquons la mâchoire en acier chirurgical de l'impressionnant Requin (Richard Kiel) dans L'espion qui m'aimait (1977) et Moonraker (1979). C'est un acier inoxydable qui limite les risques de réactions allergiques lorsqu'il est en contact avec la peau (très pauvre en carbone, c'est un alliage fer-nickel-chrome-manganèse-molybdène résistant à la corrosion).

Les dents de Requin (L’espion qui m’aimait de 1977 et Moonraker de 1979) sont en acier inoxydable de qualité chirurgicale. Exposées au «International Spy Museum».
Les dents de Requin (L’espion qui m’aimait de 1977 et Moonraker de 1979) sont en acier inoxydable de qualité chirurgicale. Exposées au «International Spy Museum». image: Shaun Versey, Flickr, CC BY-SA

Cet article a été publié initialement sur The Conversation. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original

«James Bond» a été spotté sur un toit de New York
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