Vendredi 12 janvier marquait le début de la Fashion Week avec Milan comme première destination. Saison après saison, une question récurrente demeure en suspens, et intrigue probablement un certain nombre d'amateurs de prêt-à-porter et de haute couture: pourquoi diable les mannequins tirent la tronche sur les podiums des défilés?
Chanel, Gucci, Louis Vuitton, Valentino: aucune marque n’échappe à cette règle érigée en loi universelle. Les mannequins défilent pourtant dans des villes incroyables durant la semaine de la mode: Milan, Paris, New-York, Londres. Il y a pire comme karma.
Mais les destinations de rêve et les fringues qui coûtent une fortune n'y changent rien: nous avons beau scruter de près, il est impossible de déceler le moindre rictus sur les visages. Et évidemment, il y a plusieurs (bonnes) raisons à cela.
Une des explications avancée par le New York Times suppose que les mannequins ont le choix de l'expression abordée sur les podiums. Ce qui n'est, en règle générale, pas le cas. Nous y reviendrons plus tard.
La journaliste Vanessa Friedman dresse donc une liste de facteurs inhérents à un défilé qui, si on se met à la place du modèle, permettent d'imaginer pourquoi il serait effectivement compliqué de se coller un grand sourire sur le visage lorsqu'on marche sur un podium.
Parmi les exemples cités, il y a les chaussures portées qui ne sont parfois pas à la bonne taille, car il s'agit d'échantillons, les flashs des photographes qui crépitent et aveuglent, ainsi que la présence d'un public trié sur le volet qui fixe et juge les tenues, la démarche et l'attitude générale.
A ceci s'ajoute le fait que certains défilés ont certes lieu dans des endroits grandioses, mais par des températures qui demanderaient un peu plus, ou un peu moins, de tissu sur le corps. Un cahier des charges bien rempli auquel s'ajoute une dernière tâche et pas des moindres: faire en sorte de ne pas se vautrer devant des centaines de personnes.
Une autre explication avancée par le New York Times pour justifier cette absence de rictus est plus juste (et assez évidente) lorsqu'on s'imagine à quoi pourrait ressembler un mannequin qui défile en souriant de toutes ses dents:
Si vous avez du mal à vous représenter l'image, pensez au chat d'Alice au pays des merveilles.
Certes, plusieurs créateurs se sont aventurés dans ces contrées risquées, comme Yves Saint Laurent en 1999 qui présentait une Laetitia Casta de fleurs vêtue et tout sourire. Iconique.
Sonia Rykiel avait quant à elle pour habitude de demander à ses mannequins de rire et pour le coup, ça fonctionnait très bien.
«Et les défilés Victoria's Secret alors?» demande une collègue de watson en entendant parler du sujet de cet article. Ces événements de grande ampleur avaient pour particularité d'être célèbres pour leur lingerie, certes, mais surtout pour leur casting 5 étoiles. Les plus grands top-modèles du monde catalysaient l'attention: Adriana Lima, Gisele Bündchen, Miranda Kerr, Candice Swanepoel, Heidi Klum pour ne citer qu'elles. Elles faisaient la renommée de ce qui s'apparentait plus à un spectacle qu'à un défilé de mode (Rihanna, Taylor Swift ou The Weeknd ont d'ailleurs chanté à leurs côtés sur le podium) et devaient, dès lors, sourire et faire le show.
Si ces exceptions existent, elles ne font cependant que confirmer la règle: la principale raison pour laquelle un mannequin ne sourit pas, c'est parce que son job est de mettre en avant le vêtement et non de focaliser l'attention sur sa personne. Point.
A ce sujet, The Wall Street Journal cite en exemple Armani, qui est ravi que les stars portent ses créations lors d'avant-premières par exemple, mais qui applique une tout autre politique à ses mannequins durant les défilés:
En revanche, comme un réalisateur qui dirigerait ses acteurs, le designer demande à ses modèles de se mettre dans un personnage, afin que celles et ceux qui présentent sa nouvelle collection incarnent ce qu'elle représente. Le défilé doit refléter la vision du créateur. Ainsi, comme le rappelle The Washington Post, les mannequins seront au gré des podiums tantôt forts, tantôt distants, confiants, nonchalants, etc.
Autant d'expressions qui permettent de forger une attitude sans qu'un sourire ne fasse partie de l'équation.