Quand William White, un professeur de mathématiques de l'État de New York a entrepris d'évaluer, au début du 20e siècle, ce que ses étudiants retenaient de leurs cours après les congés d'été, il leur a fait passer à la rentrée un examen comparable à celui qu'ils avaient eu à la fin de la précédente année scolaire. Avant de comparer les résultats.
Alors que les étudiants s'étaient trompés lors de leurs examens de fin d'année sur 9 questions en moyenne sur les 70 posées, ce taux est passé à 25 erreurs en moyenne après la coupure estivale. Mais au bout de deux semaines de révisions, il est redescendu à 15.
Intitulée Reviews Before and After Vacation et publiée en 1906, l'étude de White en arrivait à la conclusion suivante: «ce sont les notions qui sont le moins vitales qui sont le plus vite oubliées».
Le travail de White est l'un des premiers à avoir identifié ce que les professionnels de l'éducation appellent la perte des acquis scolaires en période estivale – soit l'effet négatif d'une longue pause sur la capacité des élèves à se rappeler des connaissances, et à mobiliser les compétences qu'ils avaient acquises pendant l'année scolaire.
Les études sur cet oubli estival se sont multipliées dans les années 1990 avec l'attention portée à la réussite de tous. Elles ont montré qu'au cours de l'été, les étudiants perdent généralement l'équivalent d'un mois d'apprentissage dans des matières comme les maths et l'orthographe. La recherche a aussi montré que les acquis perdus sont plus importants chez les étudiants souffrant d'un handicap, ceux dont la langue du pays n'est pas la langue maternelle, et qui sont en train de l'apprendre, ainsi que les enfants vivant en situation de pauvreté.
Mais la compréhension de ce phénomène évolue encore. D'après une nouvelle recherche, les élèves qui perdent le plus de connaissances l'été sont aussi ceux qui avaient affiché les progrès les plus nets juste avant les examens de fin d'année. Cela pose la question de savoir si les apprentissages étaient bien consolidés ou si les gains ne faisaient que refléter une préparation spéciale au test.
Certains disent que les oublis de connaissances pendant l'été seraient moins importants si l'année scolaire était plus longue. Ils s'appuient pour cela sur les comparaisons internationales et remarquent entre autres qu'un pays comme la Chine, où les élèves ont 245 jours d'école, fait partie des 20 pays les mieux classés en termes de résultats scolaires en maths, sciences et lecture. Alors que les États-Unis, où l'année scolaire s'étale sur 180 jours, sont classés à la 25e place sur 77 pays, plusieurs points derrière l'Australie, la Suisse, la Norvège et la République tchèque qu'on retrouve entre la 21e et la 24e place.
Mais une année scolaire plus courte ne se traduit pas forcément par des résultats scolaires plus faibles. Ainsi, selon PISA (Program for International Student Assessment), les élèves irlandais surpassent de 10 points en moyenne les élèves américains en maths, sciences et lecture alors qu'ils vont à l'école 167 jours par an, soit treize jours de moins que leurs camarades aux États-Unis.
Certains parents s'appuient sur des programmes de soutien scolaire ou des cahiers de vacances pour aider leurs enfants à entretenir leurs acquis scolaires pendant l'été. Mais il y a d'autres attitudes, ressources et activités auxquelles on peut avoir recours, sans forcément faire référence à l'univers scolaire, et en voici quelques-unes.
Cet article a été publié initialement sur The Conversation. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original