Le cirque blanc s'apprête à redémarrer: une première étape est prévue ce dimanche pour les hommes. Comme de coutume, le fameux géant de Sölden lance la saison (accessoirement, la vente de skis dans le grand public). Un peu de coulisses avant l'entrée en piste: des critiques se font entendre sur la répartition des courses et des disciplines, un problème constant, année après année.
Jamais contents, ces skieurs? Les slalomeurs ont de quoi rouspéter, tant leur saison commence tardivement. Leur première course est agendée le 11 décembre à Val d'Isère. A titre de comparaison, les spécialistes de géant commencent le 23 octobre. Des athlètes ironisent sur le fait que les géantistes ont presque terminé leur saison quand les slalomeurs la commencent.
Un skieur helvétique nous explique que la configuration du calendrier n'a pas fondamentalement changé par rapport à l'année dernière. Or Johan Eliasch, le tout puissant président de la Fédération internationale de ski (FIS), avait promis une révolution.
Zagreb (désormais réservé aux femmes) ne figure pas sur le carnet de route, remplacé par un slalom nocturne à Garmisch-Partenkirchen à la même période.
Le grand changement est cette (nouvelle) escapade aux Etats-Unis, une deuxième après la traditionnelle tournée nord-américaine de début de saison qui passe par Lake Louise et Beaver Creek. De fin février à début mars, Palisades Tahoe et Aspen figurent au programme pour les techniciens et les spécialistes de vitesse, en lieu et place des épreuves norvégiennes de Kvitfjell. L'idée d'Eliasch est de redonner un coup de fouet au marché nord-américain en perte de vitesse et d'attirer de nouveaux téléspectateurs.
Outre la longue traversée de l'Atlantique, le spectre de l'annulation est à prendre en considération - la peur d'un déplacement pour rien. Certains spécialistes de slalom s'étaient plaints du long périple au Japon, à Naeba, en 2020, pour finalement rentrer après «quatre manches d'entrainement».
La FIS désire exporter son sport au maximum, mais le défi écologique est sur toutes les lèvres et continue à poser problème. La «mondialisation» du ski alpin interroge, surtout en cette période délicate sur le plan énergétique. Sans oublier l'influx nerveux et l'énergie dépensée par les skieurs qui jouent le classement général. Avaler plusieurs heures de vol et de décalage horaire est un effort non négligeable pour l'organisme. Il faut encore y ajouter le défi logistique car, c'est bien connu, le skieur voyage chargé.
Le nœud se trouve dans une organisation qui, selon plusieurs skieurs, devrait se diviser pour mieux s'organiser. Deux cellules organisationnelles: l'une pour les épreuves dites techniques et une autre pour celles de vitesse. Par exemple: puisque seul un nombre très restreint d'athlètes couple descente et slalom, voire aucun, l'idée serait de programmer une descente et un slalom simultanément. Une parade qui permettrait de mieux échelonner les épreuves.
Deux entités séparées permettraient une meilleure flexibilité dans la saison. Ils sont plusieurs à penser que les descendeurs sont mieux lotis, ou plutôt peuvent mieux gérer leur calendrier avec des plages de repos mieux réparties malgré un plus grand nombre de courses.
Pour mieux comprendre, les slalomeurs se plaignent d'aligner les courses sur un très court laps de temps. Un sprint plutôt qu'un marathon, symbolisé par le fameux mois de janvier (très rempli) des spécialistes du virage court. Depuis le 22 décembre et Madonna di Campiglio, c'est une course contre la montre chaque week-end. Cinq slaloms sont prévus rien que sur le premier mois de l'année. Entre le début février et la fin de la saison à la mi-mars, il ne restera que trois slaloms - les Championnats du monde à Courchevel/Méribel du 6 au 19 février viennent resserrer le timing.
Eliasch voulait une équité entre les disciplines, la promesse est non tenue: nous recensons 14 descentes, 7 Super-G, 10 slaloms géants et 10 slaloms.
Concernant les polyvalents, pas de changements: les Marco Odermatt, Loïc Meillard, Alexis Pinturault, Alexandre Aamodt Kilde vont transpirer pour gratter le moindre point; une réelle gymnastique entre les trajets harassants, la récupération et la logistique pour la consécration.