Viktor Röthlin a assisté aux Championnats du monde en tant que consultant pour la télévision. L'ancien grand marathonien est bien placé pour juger l'évolution de la Suisse: il a vécu la grande bascule de 2014, lorsque des moyens importants sont arrivés dans l'athlétisme et en ont durablement changé le niveau.
«J'ai moi-même appartenu à la génération qui a précédé les Championnats d'Europe à domicile en 2014 à Zurich.» La génération des parents pauvres. «À cette époque, rappelle Röthlin, les délégations suisses aux grands événements étaient extrêmement réduites. Tout ce que l'on visait, c'était une ou deux places en finale. C'était le plus grand frisson que l'on pouvait ressentir. Quand j’ai parlé d’une médaille au marathon et affirmé que ce serait mon unique objectif, beaucoup ont trouvé cela arrogant.»
Les temps ont vraiment changé et Röthlin le mesure pleinement. «En 2014, beaucoup d’attention et d’argent ont été consacrés à ce sport. De nombreux jeunes ont reçu l'opportunité de participer à au moins un événement majeur.» Résultat:
«Il est aujourd’hui tout à fait normal que les athlètes suisses croient en une médaille et le communiquent au monde extérieur. Cette génération sûre d’elle me fait très plaisir.»
Pourtant, tout n'est pas parfait, selon Röthlin. «Il existe encore des disciplines qui ne sont pas, ou très marginalement représentées dans les grands événements. Je pense au lancé (poids, disque, javelot).
Viktor Röthlin n'a pas peur de l'affirmer: «Des efforts énormes sont encore nécessaires dans ce domaine. Le grand défi consiste à encadrer tous les athlètes talentueux.»
Et d'expliquer: «À mon époque, très peu de Suisses pouvaient vivre de l’athlétisme. Nous n'avions de professionnels que le nom. Aujourd’hui, ils nombreux à en faire leur métier. C’est une condition pour réussir à l’internationale. Il faut maintenant passer à l’étape suivante.»
Laquelle? «Tous les entraîneurs qui passent des heures sur le terrain le soir après le travail en tant que bénévoles doivent également pouvoir le faire pendant la journée. Ne nous méprenons pas: l’athlétisme vivra toujours du bénévolat. Mais la prochaine étape de la professionnalisation s’impose désormais au niveau des équipes régionales et des clubs. C'est encore un énorme chantier. Car il faut le dire:»
Viktor Röthelin ne parle pas seulement de fonds publics ou institutionnels: «De nombreux athlètes peuvent aujourd’hui gagner bien plus d'argent grâce à leur sport. Ils doivent aussi être prêts à payer leurs entraîneurs en conséquence.» (rs/chd)