Une bonne centaine de manifestants ont tenté de s’introduire clandestinement, samedi 15 avril, sur l’hippodrome d’Aintree, afin d'empêcher la course d'obstacles la plus prestigieuse du monde: le Grand National de Liverpool.
La police britannique a procédé à 118 interpellations, essentiellement des défenseurs de la cause animale. 65 personnes ont été placées en garde à vue pour délit de «nuisance publique», selon le communiqué officiiel. Le départ du Grand National a pu être donné avec un petit quart d’heure de retard.
La majorité des militants se réclament du groupe Animal Rising. Ils sont âgés de 18 à 66 ans et demandent l'interdiction pure et simple des courses de chevaux, à commencer par le Grand National.
Selon Animal Rising, au moins deux membres ont réussi à s’attacher à un obstacle, les autres ayant été interceptés près des grillages qu'ils tentaient de franchir avec des échelles. L'objectif revendiqué est de faire cesser la mort des chevaux de course, relativement fréquente sur des parcours aussi exigeants. Samedi, le Grand National a encore été fatal à «Hill Sixteen», victime d'une chute dès le premier obstacle. Ses blessures étant impossibles à soigner, le vétérinaire n'a pas eu d'autre choix que de l'abattre. «Hill Sixteen» est le troisième cheval mort la semaine dernière au meeting d'Aintree.
La victoire sur le Grand National est revenue à «Corach Rambler», entraîné par Lucinda Russell (déjà vainqueure en 2017) et montée par Derek Fox. Ce n’est pas la première fois que la course est perturbée. En 1993 déjà, une action militante avait entraîné deux faux départs et conduit à l'invalidation du résultat.
Il faut savoir que le Grand National est un événement sacré en Grande-Bretagne, au même titre que Wimbledon ou la finale de la Cup. Créé en 1839, il s'est déjà déroulé à 175 reprises, interrompu seulement par la Seconde guerre mondiale et le Covid. Aucune course d'obstacle n'est aussi mondialement suivie ni richement dotée: le vainqueur a empoché 1 million de livres sterling.
Le Grand National est surtout impressionnant par la répétition des efforts qu'il réclame. Les obstacles sont certes imposants (1,55 m de haut pour 3 mètres de large), avec un muret en dur coiffé par des branches de sapin, mais ils s'enchaînent surtout à un rythme régulier, sur une distance extrêmement rare pour un steeple-chase. Plus la course avance, plus des chevaux s'épuisent et «s'encoublent» sur les obstacles. Il faut un travail foncier de plusieurs mois pour atteindre un tel niveau d'endurance, le plus souvent avec des chevaux expérimentés et calmes, capables de canaliser leur énergie.
Une soixantaine de chevaux auraient péri dans le Grand National depuis sa création. Un seul jockey, George Ede, est décédé des suites de ses blessures en 1870. Partout dans le monde, les courses de chevaux sont l'objet de contestations de plus en plus soutenues, notamment sur le rythme de vie imposé aux animaux et sur l'utilisation de la cravache.