Le combiné n'a même plus sa place dans le calendrier de la Coupe du monde. Aucune hiérarchie, rien, pas le moindre repère pour savoir qui endosse le rôle de favorite ou de favori. Une discipline (une manche de super-G puis une autre de slalom) qui périclite et qui n'attire par grand monde, comme en témoignent les tribunes clairsemées de Méribel lundi.
Ces Mondiaux en France sonnent comme un requiem pour le combiné, la fin d'une ode à la polyvalence sur des skis. Pire, les athlètes l'utilisent comme entraînement, pour se familiariser avec la piste. Lara Gut-Behrami, Sofia Goggia, Ilka Stuhec ou encore Tessa Worley n'ont pas pris part au slalom. Elles étaient juste là pour un entraînement de super-G.
On note des non-partantes à la pelle (onze pour le slalom). Jean-Pierre Vidal, champion olympique de slalom en 2022, explique que Lara Gut-Behrami avait «largement le potentiel pour décrocher une médaille», sachant qu'elle est une excellente slalomeuse. Mais elle n'était là que pour une manche. On peut comprendre aisément qu'il faut garder un maximum d'influx nerveux, soigner la condition physique, mais il est dommage de se priver d'une médaille plus qu'éventuelle, surtout avec des écarts aussi conséquents.
Chez les hommes, même refrain: Marco Odermatt se déplace seulement pour une manche, avant de mettre la flèche en direction de l'hôtel.
Le combiné est désormais oublié, renié; il appartient au passé. Jean-Pierre Vidal, consultant pour la chaîne Eurosport, se remémore ses grands moments, les grandes heures des polyvalents.
Les légendaires Kjetil Andre Aamodt, Lasse Kjus, Paul Accola ou encore Ivica Kostelic avaient fait du combiné une spécialité - et une réelle empoignade appréciée des téléspectateurs. Chez les femmes, les duels entre Maria Höfl-Riesch et Lindsey Vonn, Janica Kostelic et Anja Pearson, étaient de toute beauté.
Si lundi, chez les femmes, un duel a opposé Shiffrin et Brignone, chez les hommes, le combiné de ce mardi a une toute autre densité. Ils sont cinq ou six à se battre pour les médailles, mais nous avons cette impression prégnante qu'une indifférence générale enveloppe la course au titre mondial.
Cette entrée en matière sonne comme une insulte, un crachat adressé aux organisateurs après le travail accompli. Comment cautionner des skieurs qui se présentent au départ dans le seul objectif de se faire les dents sur le «Roc de Fer» pour les femmes, et «L'Eclipse» pour les hommes; tout simplement pour préparer la suite et sans la moindre intention d'exceller à un Championnat du monde?
Ces manches d'entraînement ne servent pas les intérêts et la réputation du ski alpin. N'aurait-il pas fallu inverser le super-G et le slalom pour s'éviter de telles manigances? C'est une idée, mais des règles auraient dû être édictées en préambule par la FIS afin d'inciter les participants à disputer les deux manches.
Ce n'est pas nouveau, mais la discipline est appelée à disparaître pour faire la place à d'autres idées: un combiné en tandem (un technicien et un spécialiste de vitesse) ou un combiné mixte comme étudié par la fédération internationale de ski. «Il nous manque une véritable épreuve par équipe, il faut juste trouver le bon format», assure Jean-Pierre Vidal.