Pas de calcul, pas de diplomatie, pas d'excuses, pas de tergiversations. Mais simplement une réponse claire et honnête. Du Marco Odermatt typique. Et pourtant, il s'en prend plein la tronche de la part d'associations de protection de l'environnement qui, telles des hyènes affamées, se jettent sur tout ce que les célébrités font ou disent et qui n'est pas compatible avec la protection du climat.
Je n'ai rien contre les associations de défense du climat. Leurs objectifs sont souvent plausibles. Mais on peut se demander s'il est vraiment efficace de recourir au populisme en clouant au pilori quelqu'un comme Odermatt pour sa réponse honnête, dans le seul but d'attirer l'attention sur sa propre organisation.
En plus, la manière dont Greenpeace exploite la déclaration d'Odermatt permet au mieux de lutter contre les symptômes du dérèglement climatique. Mais ne serait-il pas plus judicieux de mettre son énergie pour lutter contre les causes?
Dans l'ordre, voilà ce qu'il s'est passé. Pendant les championnats du monde de ski, 140 athlètes ont signé une lettre ouverte à la Fédération internationale de ski (FIS). Ils demandent que le ski s'engage davantage pour la protection du climat. La lettre n'a pas été signée par le surdoué de ce sport, Marco Odermatt. Lorsqu'on lui en parle, il assume et déclare:
C'est ce refus d'Odermatt de signer la missive qui est critiqué par Greenpeace. S'ajoute à cela le fait que le champion du monde de descente et de géant admet qu'il lui arrive de voyager en hélicoptère ou en jet privé en raison du programme chargé des courses et des longues distances entre les lieux de compétition.
Le voilà donc, l'os sur lequel s'acharnent les écologistes. Les stars du sport de haut niveau ont toujours une fonction de modèle dans la société, estime Nathan Solothurnmann, expert du climat chez Greenpeace. «Si elles montrent l'exemple, elles peuvent donc faire beaucoup plus que de réduire leurs propres émissions», avance-t-il. Seulement voilà: il a tort sur certains points.
Point 1: Odermatt n'est pas le bon interlocuteur pour aborder le thème de la protection du climat dans le ski. Le Nidwaldien vit de sa passion et réalise de magnifiques performances. Mais ce n'est pas lui qui décide quand et où il le fait, c'est la FIS. C'est elle qui fixe les règles et les conditions-cadres. C'est à elle qu'il revient de rendre le ski plus respectueux du climat. Pas à le skieur ou la skieuse. Cela ne veut pas dire, bien sûr, que c'est une mauvaise idée que quelqu'un comme le skieur autrichien Julian Schütter prenne l'initiative de rédiger une lettre ouverte.
Point 2: Odermatt n'est pas un sauveur du climat, ni un médiateur de la paix, ni un envoyé spécial de l'ONU, mais un sportif. On devrait cesser de projeter trop de choses sur les athlètes. On a vu ce qu'il peut se passer quand l'opinion publique leur demande de mener une mission politique. Lors du dernier Mondial de foot, les Allemands devaient remporter le titre, changer le monde et résoudre le problème des travailleurs immigrés au Qatar. Au final, ils ont eu trop de lest pour se concentrer sur l'essentiel et ont été éliminés en phase de groupes. Cela ne veut pas dire qu'il faut séparer le sport de la politique. Mais ce travail, c'est celui des fonctionnaires. Ils sont là pour quelque chose.
Point 3: Odermatt est un modèle exceptionnel. D'une part en raison de ses performances phénoménales, mais aussi et surtout en raison de sa nature non artificielle et réfléchie. Ça ne lui aurait pas coûté grand-chose de signer cette lettre, ne serait-ce que pour éviter toute attaque. Mais le Nidwaldien réfléchit très soigneusement avant d'agir. Et il est assez conséquent pour aller à l'encontre du courant dominant, et on ne peut que l'en féliciter.
Tout comme la manière dont il réagit aux photos le montrant en train de danser, une bière à la main. Il est tout aussi faux d'en déduire que tous les enfants qui imitent Marco Odermatt deviendront alcooliques que de supposer qu'il incite quelqu'un à partir en vacances de ski en hélicoptère en sortant de son jet privé. Ceux qui pensent le contraire sous-estiment l'intelligence de notre société. Alors je te le dis: «Marco, reste comme tu es!»
Adaptation en français: Yoann Graber