Par chance, nos clubs ont oublié leurs bonnes résolutions du Covid
La National League est à peu près aussi équilibrée aujourd'hui qu'elle ne l'est depuis plus de dix ans, quand elle s'appelait encore autrement (LNA). L'écart de 30 points entre le premier (Servette, 82 points) et le dixième (Lugano, 50 points) correspond à peu de choses près à la moyenne de ces dernières années.
Il n'est pas rare que de grands noms se retrouvent coincés dans la moitié inférieure du tableau, comme Lausanne, Lugano, Berne ou Zoug. En 2016, Berne est devenu champion à partir de la huitième place, avant de dominer la ligue jusqu'en 2019. Les ZSC Lions ont entamé la conquête de leur dernier titre (2018) en partant de la septième place.
Ce qui diffère des années précédentes: jamais dans l'histoire du hockey suisse autant d'argent n'a été flambé pour des joueurs étrangers et des licenciements d'entraîneurs. On peut le formuler ainsi: la ligue est devenue folle. Et les folies des managers nous offrent peut-être la meilleure saison de l'histoire.
Souvenez-vous des réflexions intelligentes, les très belles paroles que nos présidents, managers et chefs d'équipe ont prononcé pendant le Covid: ils voulaient devenir raisonnables... Garder les salaires sous contrôle. Maintenir les entraîneurs en poste et préserver leur dignité. Soutenir les jeunes talents. Le fait que le nombre d'étrangers autorisés, durant ce laps de temps, soit passé de quatre à six, correspond aux us et coutumes de notre époque: désormais, ces postes doivent être attribués à «une main d'oeuvre bon marché».
Surtout, le manager de Berne, Marc Lüthi, a vanté la santé florissante du hockey à l'est et au nord, où des joueurs très talentueux envisagent avec impatience de venir enfin montrer leurs capacités en Suisse pour 30 000 ou 40 000 francs. L'augmentation du nombre d'étrangers va dans le sens de l'histoire: elle entraînera une baisse des salaires et des dépenses. Elle est donc saluée.
Pendant la pandémie, beaucoup ont cru aux bêtises qu'ils ont racontées. Un chroniqueur a même craint que le microcosme du hockey suisse devienne sage et ennuyeux. Pas de licenciements d'entraîneurs. Pas d'étrangers hors de prix. Pas de joueurs piqués à un concurrent pendant la saison. Pas la moindre matière à polémique.
Quiconque prend la peine de feuilleter un livre d'histoire de temps à autre sait qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter: nous allons encore passer de merveilleux moments. L'histoire nous enseigne... que personne n'apprend de l'histoire. Après chaque crise, le monde est encore plus fou et déraisonnable qu'avant.
Et c'est comme ça aussi - merci aux dieux du hockey - en National League, où les clubs ont renoncé à leurs bonnes résolutions. Six entraîneurs ont déjà été démis de leurs fonctions, certains même inutilement.
- Christian Wohlwend à Davos, remplacé par ses anciens assistants Waltteri Immonen et Glen Metropolit
- Rikard Grönborg à Zurich; remplacé par un ancien de la maison, Marc Crawford
- Filip Pesan à Ajoie; remplacé par le directeur sportif Julien Vauclair
- Johan Lundskog à Berne, remplacé par Toni Söderholm
- John Fust à Lausanne; réinstallé au poste de directeur sportif et remplacé par Geoff Ward
- Chris McSorley à Lugano; remplacé par Luca Gianinazzi, entraîneur principal des juniors élites
Ça bouge, ça roule dans les principales villes de hockey que sont Zurich, Davos, Lugano et Berne. Et même comme jamais auparavant.