Le Tour de Suisse s'est élancé ce dimanche d'Einsiedeln et ce ne sont pas seulement plus de 150 cyclistes qui parcourent nos routes. Il y a aussi de nombreuses voitures, des motos et une caravane publicitaire. Autant le cyclisme est un moyen de locomotion écologique, autant une course professionnelle comme le Tour de Suisse, riche en traditions, ne l'est pas.
Cela doit changer. D'ici à cinq ans, le Tour de Suisse souhaite émettre deux fois moins de CO2 qu'actuellement. Tel est l'objectif ambitieux des organisateurs. «Nous sommes sérieux lorsque nous disons que nous voulons devenir plus durables. Cela ne sonne pas seulement bien, c'est aussi un thème central pour nous», affirme le directeur du Tour Olivier Senn.
Plusieurs projets sont prévus pour que, dans cinq ans, les déplacements soient effectivement deux fois plus écologiques qu'auparavant. Mais c'est d'abord le public qui est visé. Près d'un million de personnes suivent chaque année le Tour depuis le bord de la route, dont beaucoup se déplacent en voiture. «Si chaque spectatrice ou spectateur a un trajet en voiture de dix minutes, cela représente déjà une émission de CO2 beaucoup trop importante», estime Senn.
Une campagne de communication et un concours doivent inciter les gens à venir à vélo ou en transports publics. Les fans les plus sportifs peuvent s'inscrire au TdS-CO2-Challenge sur une application. Ils peuvent ainsi indiquer combien d'émissions de CO2 ils réduisent grâce à leur voyage alternatif. Des prix sont à gagner pour les participants. Les spectateurs qui se déplacent à vélo reçoivent en outre un ravitaillement et des petits cadeaux lors des grandes ascensions.
C'est sur le public que se concentrent d'abord les organisateurs du Tour, car ils sont confrontés à quelques obstacles sur d'autres sujets. «Le moyen le plus évident de réduire les émissions serait de changer les véhicules.» Mais tout convertir à l'électrique est pour l'instant irréaliste. Le principal problème est l'infrastructure nécessaire à cet effet. «Si nous arrivons avec autant de voitures à la fois quelque part dans les Alpes, les stations de recharge rapide disponibles aujourd'hui sont loin d'être suffisantes», explique Senn.
Rien que pour les organisateurs du Tour, 55 motos et 94 voitures sont utilisées pendant la course, auxquelles s'ajoutent pour chacune des 23 équipes un bus, un camion, deux grandes camionnettes et environ cinq voitures. Il y a tout de même des premiers essais dans ce domaine. L'année dernière, dix voitures électriques ont été utilisées pour la première fois pour les spectateurs VIP. Cette année, il y a huit voitures de ce type, et quatre hybrides seront également utilisées pendant la course.
«Nous souhaitons augmenter ce nombre», promet Senn. «Mais le passage aux voitures électriques ne se fait pas du jour au lendemain.» La situation est encore plus compliquée pour les motos, car il y aurait jusqu'à présent trop peu de bonnes machines électriques sur le marché pour couvrir de telles étapes.
Avec leurs efforts, les organisateurs du Tour touchent également la corde sensible de certains professionnels. Ils sont de plus en plus nombreux à s'engager pour un cyclisme plus écologique. Marlen Reusser et Gino Mäder font figure de pionniers dans ce domaine. Les deux professionnels suisses s'engagent également au sein de leur équipe pour une gestion écologique.
De tels efforts ont encore du mal à s'imposer dans les équipes professionnelles. Le Tour de Suisse veut y remédier. «Nous souhaitons à l'avenir récompenser les équipes les plus durables et les inciter ainsi à voyager de manière plus écologique», explique Senn.
De petits changements ont déjà été apportés à la colonne publicitaire de l'actuel Tour de Suisse, qui doit devenir un peu plus verte. Ainsi, différents «goodies» seront rassemblés dans un sac et remis en une seule fois aux fans. «Nous, les cyclistes, pouvons être considérés comme des précurseurs pour d'autres disciplines sportives», insiste Senn. Mais pour cela, il reste encore un long chemin à parcourir.