Pendant des semaines, les fans et les médias ont cherché à savoir ce qui se cachait derrière l'absence de Martina Voss-Tecklenburg. Depuis lundi, on sait: dans une interview ouverte avec la présentatrice de la ZDF Katrin Müller-Hohenstein, l'ex- sélectionneuse de l'équipe d'Allemagne, qui a aussi dirigé la Nati féminine entre 2012 et 2018, a raconté pourquoi elle n'était plus réapparue depuis l'élimination surprise de son équipe lors de la Coupe du monde en août dernier.
Présentes dans le groupe H avec la Colombie, le Maroc et la Corée du Sud, les finalistes de l'Euro 2022 avaient été éliminées dès la phase de poules pour la première fois de leur histoire, et ce malgré un carton contre le Maroc en ouverture de tournoi (6-0). Martina Voss-Tecklenburg avait ensuite bénéficié d'un congé maladie.
Revenant ce lundi sur la triste période qui a suivi le Mondial en Australie et Nouvelle-Zélande, la technicienne de 55 ans a parlé de nuits blanches, de vomissements, de vide intérieur, d'angoisses, de surménage. «Je n'allais pas bien, je n'allais déjà pas bien avant le Mondial. Tout était épuisant ces dernières années, a-t-elle rembobiné. Il y a eu un vide dans ma tête après le tournoi. Je n'ai pas pu répondre à certaines questions de mon staff. Ensuite, je suis rentrée chez moi et j'ai parlé à mon mari (...) Lors de ma discussion avec lui, je me suis pour ainsi dire complètement effondrée».
De tels aveux sont rares dans le sport de compétition, et en particulier dans le football – et donc d'autant plus précieux.
Car de nombreux joueurs, entraîneurs ou membres du staff sont confrontés à des périodes de grande détresse psychologique. Qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes, en équipe nationale ou en club. Les problèmes psychiques et les maladies font partie du sport, ils sont souvent aussi la conséquence d'une énorme pression, mais ils sont volontiers dissimulés, notamment en football, cette usine à rêves.
Il faut pourtant des personnalités capables de briser le silence, de dire ce qui ne va pas, d'avouer publiquement leurs faiblesses pour ainsi démontrer leur véritable force. Même si la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande s'est terminée de manière décevante, avec sa franchise, Martina Voss-Tecklenburg s'est révélée, sur ce point au moins, comme une championne du monde.
Elle aurait beaucoup aimé revenir sur le banc allemand, retrouver la vie qui était la sienne avant la compétition. Elle l'avait dit sur Instagram au mois d'octobre.
Son expérience et son témoignage ne resteront malgré tout pas vains. Car en Allemagne, d'autres avant elle ont montré que parler pouvait libérer la parole et changer les mentalités. Comme Per Mertesacker.
Il y a cinq ans, l'ex-taulier de l'équipe nationale (104 sélections) avait confié au magazine Der Spiegel qu'il était régulièrement pris de diarrhées et de nausées avant les matches en raison du stress. À la suite de ce témoignage public, plusieurs professionnels s'étaient sentis plus en confiance pour parler également de leurs peurs et de leurs doutes.
Par leur courage et leur franchise, Per Mertesacker et Martina Voss-Tecklenburg nous ont rappelé, à quelques années d'intervalle, que certaines victoires s'obtiennent ailleurs que sur un terrain de football.