Une première place au classement de Challenge League, un stade bien rempli, un coach qui fait l'unanimité, aucune affaire extra-sportive et une stabilité rarement vue: en quelques mois, le FC Sion s'est métamorphosé. La sombre période de l'ex-cancre de Super League, rythmée par les défaites et les frasques de Mario Balotelli, semble déjà bien loin. Un joueur incarne mieux que quiconque cette résurrection: Kevin Bua.
C'est simple, le Genevois (30 ans) est passé de paria à «joueur du mois» d'octobre. Il vient de recevoir cet honneur après le vote des internautes, qui élisent le footballeur le plus convaincant de Challenge League, toutes équipes confondues. Le FC Sion a évidemment relayé la publication de la ligue, avec la légende «logique» accompagnée d'un emoji avec des étoiles plein les yeux.
Logique 🤩 https://t.co/eyrfyW6UYV
— FC Sion (@FCSion) November 5, 2023
Un message aussi sobre qu'explicite, mais surtout pertinent, à en croire notamment les analyses du Nouvelliste. Le quotidien valaisan a élu trois fois (consécutives) Bua «homme du match» en octobre, contre Wil, Baden et Xamax. «La nomination récompense sa justesse, technique et tactique. Ses retours défensifs en début de rencontre permettent plusieurs récupérations précieuses après des duels perdus par ses coéquipiers», applaudit par exemple Le Nouvelliste après la victoire en Argovie (4-0).
Et face à Wil (3-0) et Xamax (1-0), le numéro 33 de Tourbillon s'est montré décisif, respectivement en ouvrant le score – une superbe frappe dans la lucarne – et en marquant le but victorieux.
Ces récentes performances et les éloges qui en découlent contrastent totalement avec la situation de Kevin Bua en fin de saison dernière. Le Genevois était devenu l'un des bouc-émissaires d'une partie du public et de la presse à cause de prestations – il est vrai – nettement mois abouties que cette saison.
Dans ce même Nouvelliste, il avait reçu la note désastreuse de 1 (sur 10) après les déroutes sédunoises contre Servette (0-5) et le Stade Lausanne Ouchy (0-2 en match aller du barrage). Son appréciation face aux Stadistes avait été justifiée ainsi:
Autrement dit, tout ce qui était reproché à l'ancien attaquant de Servette, Bâle et Zurich semble s'être transformé d'un seul coup de baguette en vertus. Pourtant, ce n'est pas un magicien qui a débarqué à Tourbillon cet été mais bien un nouveau coach, Didier Tholot. Le Français a joué un rôle crucial dans la métamorphose de Kevin Bua, en commençant par lui attribuer un rôle totalement différent: d'ailier, le Genevois est passé à... milieu défensif. Ce dernier racontait fin octobre au Matin comment il avait vécu ce changement de poste:
Le technicien avait motivé sa décision, entre autres, par une perte de vitesse de son joueur, pourtant connu pour ses qualités de dribbles et de percussion. «Son intelligence de jeu, ses qualités techniques et sa clairvoyance lui permettent de s’exprimer devant la défense», avait ajouté Tholot.
Et contrairement à pas mal de footballeurs, Kevin Bua a donc eu l'intelligence et l'humilité d'accepter ce repositionnement, même s'il n'avait jamais joué à cette place. En plus de s'y sentir de plus en plus à l'aise au fil des matchs, le Genevois a progressé dans la mentalité, comme il l'expliquait lui-même au Nouvelliste il y a quelques jours:
Dans ce même article, Didier Tholot louait l'engagement de son désormais milieu défensif: «Il est de plus en plus agressif dans les duels, il anticipe de mieux en mieux les trajectoires des ballons pour intercepter les passes.»
Et forcément, quand une équipe gagne et qu'on s'y sent à sa place – sur les 13 premiers matchs, Bua compte 12 titularisations et 1041 minutes jouées, soit déjà presque autant que toute la saison dernière (1251) –, la confiance revient. Et chez Kevin Bua, elle se marque par une prise de risque accrue, notamment sur les tirs. C'est d'ailleurs comme ça qu'il a marqué ses deux buts cette saison. Deux buts, c'est justement son total sur les deux derniers exercices, alors qu'il était positionné bien plus haut sur le terrain...
Autre signe d'un joueur à l'aise dans ses crampons: sa présence vocale. Le Genevois, plutôt du genre discret, prend de plus en plus de place à ce niveau sur la pelouse. «Il ajoute une présence verbale inédite (...) en replaçant ses coéquipiers ou en les incitant à calmer le jeu», observait Le Nouvelliste dès le premier match à Vaduz. «Certains de mes réflexes me surprennent aussi. Je m’investis pour assumer mes nouvelles responsabilités», répondait le Genevois.
A lui et au FC Sion de continuer sur ce cercle vertueux. Ils tenteront de le faire dès vendredi soir (20h15) avec la réception de Vaduz.