Pascal Zuberbühler a failli tomber de sa chaise dans le studio à Volketswil. L’ancien portier du FCB et de la Nati était hors de lui dimanche, juste après le coup de sifflet final au Parc St-Jacques. Suffisamment pour sortir la sulfateuse à tout va et régler des comptes. Son avis d’expert, sollicité par blue Sport, est accablant: «Vous voulez vraiment continuer avec Heiko Vogel maintenant? Danscette situation? Ma réponse est claire: jamais de la vie! Le FC Bâle ne se portera jamais mieux avec Heiko Vogel sur le banc. Il n’y a aucune chance.»
Il faut dire qu’à l’époque de Zuberbühler, les adversaires ne se rendaient pas à Bâle en se demandant s’ils allaient perdre, mais combien ils allaient perdre. «Zubi» se trouvait ainsi entre les poteaux du Joggeli lors de la victoire 2-0 contre Servette le 8 mars 2003, premier match d’une série de 60 duels sans défaite à domicile qui a duré jusqu’au 13 mai 2006.
17 ans plus tard, son diagnostic sur le FC Bâle est sans pitié.
Assis à ses côtés, Ciriaco Sforza n’a pu qu’approuver. Ce même Sforza qui, en avril 2021, a été limogé de son poste d’entraîneur d’un FCB qui s’approchait déjà dangereusement de la zone de relégation. Il avait dû faire ses valises après une déroute 1-4 contre le FC Zurich, dernière défaite la plus large en date à domicile avant la claque de dimanche. Et après une honteuse défaite 6-2 en Coupe face à Winterthour. Sauf qu’à l’époque, l’entraîneur avait été épargné par les sifflets, car le Parc St-Jacques était vide en raison de la pandémie.
Il en a été tout autrement dimanche après la prestation consternante des Bâlois. Les joueurs et surtout Heiko Vogel ont été chassés du stade sous les huées. On n’avait jamais vu cela. La Muttenzerkurve, qui a pour principe de ne pas siffler son équipe, n’a cette fois pas réussi à retenir sa frustration. Elle devait sortir. Deux jours après le licenciement surprise de Timo Schultz, qui s’était attiré quelques sympathies au bord du Rhin, mais qui n’a pas marqué assez de points.
Le désarroi de Pascal Zuberbühler est si profond qu’il pense que même le potentiel successeur de Heiko Vogel ne pourra rien faire de cette équipe.
Selon lui, la priorité est donc de se débarrasser de Heiko Vogel, qui a tout de même reçu un soutien de la part… de l’entraîneur du Stade Lausanne Ouchy. Son collègue français Anthony Braizat a parlé de reconnaissance et de compréhension pour cette mauvaise passe footballistique («excellent entraîneur», «grand club», «Il faut maintenant un petit coup de pouce, surtout de la confiance et du calme»). Vogel a quant à lui discrètement souligné que le club néo-promu est meilleur dans le jeu de passes que le FCB et qu’il est même en tête du classement dans les statistiques relatives aux duels.
Faut-il s’étonner que ce FC Bâle, avec son effectif chamboulé en quelques semaines de mercato, soit incapable de faire preuve de résilience? Qu’il ait signé le plus déshonorant des triplés en s’inclinant contre les trois néo-promus? Qu’après huit matchs, il ne compte que cinq malheureux points à son crédit?
Vogel a tenté de tempérer la colère populaire («Je peux tout à fait comprendre les expressions de mécontentement, y compris contre ma personne. Les expériences négatives font aussi partie du football»), mais il a beaucoup de travail devant lui. Un travail à la fois élémentaire («La prochaine passe, lecprochain duel: il ne faut pas penser plus loin») et fondamental («L’équipe doit développer un caractère»).
Un constat qui donne aussi une idée des raisons pour lesquelles Schultz a dû quitter le banc rhénan.
Ce qui est certain, c’est que le FCB a remplacé un entraîneur contesté à l’interne par un entraîneur qui, deux jours plus tard, semble avoir déjà perdu tout crédit. Les mêmes personnes qui l’acclamaient il y a onze ans après des soirées magiques de Champions League au Parc St-Jacques se sont lassées de ses méthodes et de sa communication.
Comme il est d’usage dans les situations d’urgence footballistique, le FC Bâle s’est désormais barricadé: les entraînements de la semaine se déroulent à huis clos et l’équipe restera également indisponible pour les médias.
Et comme Zuberbühler n’a pas non plus le pouvoir de retirer le FCB des terrains avec effet immédiat, le match prévu ce dimanche contre YB aura bien lieu. Un déplacement à Berne qui s’annonce d’ores et déjà tendu pour les Bâlois. D’autant que leur dernière victoire dans la capitale remonte désormais à plus de sept ans.
Adaptation en français: Stéphane Combe