Deux transferts âprement discutés en Angleterre, moins pour la valeur du joueur que pour le prix payé:
Nouveaux riches? Sans doute aussi de futurs pauvres. Selon une enquête réalisée en 2013, 60% des joueurs de Premier League sont en situation de faillite personnelle dans les cinq ans qui suivent l'arrêt de leur carrière. Ce recensement est l'initiative de Xpro, l'association anglaise des anciens footballeurs. Depuis, un meilleur accompagnement aurait permis de «réduire» la masse en faillite d'environ 15%, selon le syndicat des joueurs professionnels.
Paul Gascoigne, Colin Hendry (1 million de livres de dette, 2 tentatives de suicide), Keith Gillespie, John Barnes, John Arne Riise, Eric Djemba-Djemba… Ils ont dilapidé leur fortune dans toutes sortes d'addiction (jeu, sexe) ou de marottes (collection de voitures, de maisons, d'épouses), avec l'aide d'amis fricoteurs ou de conseillers véreux.
Pour Robert Kiyosaki, gourou du développement personnel et auteur d'un best-seller sur l'indépendance financière («Père riche, père pauvre»), «ce phénomène est absolument normal. C'est d'ailleurs souvent ce qui arrive aux gagnants du loto», explique-t-il au Telegraph.
Robert Kiyosaki rappelle que les footballeurs, s'ils savent jongler avec un ballon, ne sauraient le faire avec des millions: les deux exercices, physique et comptable, ne requièrent pas la même légèreté. «Les athlètes sont des illettrés en matière de finance. Souvent, ils signent de gros contrats à un très jeune âge, sans aucune formation ou préparation. La plupart sont en outre issus de familles pauvres et ne sont pas éduqués à gérer de l'argent, encore moins des fortunes.»
Plus éloquente encore est l'approche insouciante des impôts: de nombreux joueurs de Premier League ne les paient pas ou avec beaucoup de retard, non par étourderie, mais parce qu'ils ignorent jusqu'à leur existence. D'autres, très simplement, n'adhèrent pas au principe. «Je ne vois pas pourquoi je devrais rendre la moitié de mon salaire», a lancé un ancien joueur de West Ham à son agent, cité par la BBC.
La presse britannique avait encore raconté l'histoire d'un très jeune joueur engagé par un club local, aux prémices du professionnalisme. Son contrat en poche, le garçon s'était rué chez le premier concessionnaire Range Rover. Il avait acheté le modèle Sport toutes options, avant de découvrir qu'il ne pouvait pas payer. Il ne connaissait pas le distingo entre salaire brut et salaire net.
Ce n'est pas très différent dans le championnat suisse. Un jour que nous demandions à Christian Constantin si, profitant de sa position dans l'immobilier, certains footballeurs l'avaient sollicité pour placer leurs revenus, le président du FC Sion avait bien rigolé: «Quand un mec signe un gros contrat, en général, il achète un Cayenne le matin et une Lamborghini l'après-midi.»
Parce que le football véhicule d'autres valeurs: si tu n'as pas ta Lamborghini à 20 ans, tu as raté ta vie.