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Procès Mendy: saumon et filles en libre service

epa10113620 Manchester City and France international footballer Benjamin Mendy arrives at Chester Crown Court, Chester, Britain, 10 August 2022. Mendy is on trial for eight counts of rape, one count o ...
Verdict imminent pour Benjamin Mendy.Image: EPA

Saumon et filles en libre service, les leçons du procès Mendy

Le procès pour viol de Benjamin Mendy, dont les délibérations ont repris, a révélé la vie dissolue de certains footballeurs, entre sexe à volonté et buffet à gogo. Loin de la perception que le public peut avoir du haut niveau.
05.01.2023, 06:0405.01.2023, 09:44
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Ce n'est qu'une grande villa un peu kitsch mais tout le monde l'appelle «le manoir». C'est un lieu secret, retiré, truffé de caméras et de serrures électroniques. Le «manoir» est à Benjamin Mendy ce que «le château» est à la Star Academy: l'antre de l'irréel.

Ici, le footballeur a assouvi une fascination irrésistible pour la télé-réalité. Il le reconnaît sans peine: sa vie en a emprunté les frivolités et les excès. Une enquête de RMC lui attribue «des relations intimes ou amicales», jusqu'à «des échanges quasi quotidiens», avec plusieurs filles des «Anges» et des «Marseillais».

C'est dans ce «manoir», selon les standards bouffons-bohèmes de la télé-réalité moderne, que Mendy aurait violé ou agressé sept femmes entre octobre 2018 et août 2021. C'est aussi pour sa défense que le footballeur français de Manchester City n'a rien caché de ses penchants, ni de ses vidéos surveillances, jusqu'à exposer une vie de débauche que certains footballeurs célèbres, et pas seulement Mendy, semblent considérer comme la norme. Leur norme.

Avec Ronaldinho, un autre footballeur «tranquille».
Avec Ronaldinho, un autre footballeur «tranquille».

La valeur du «manoir» est estimée à 5,6 millions d'euros. Sa position isolée dans le quartier huppé de Pretsbury n'a pas suffit à la protéger d'un voisinage casanier, d'où les plaintes ont afflué pour des musiques bruyantes, des rugissements de V12 et des feux d'artifice en pleine nuit.

Au «manoir», la soirée commence toujours dans les sous-sols, au bord d'«une piscine immense» où «il faisait chaud et sombre», selon le récit d'une plaignante. Un détail l'a immédiatement frappée: «Il y avait une peinture en noir et blanc de Muhammad Ali sur le mur.»

Les portables sont confisqués à l'entrée, comme les pistolets avant un colloque mafieux. Pour le confort de ses invité(e)s, Mendy engage des chefs, parfois des barmen, des DJ et des artificiers. Tous les victimes présumées décrivent des buffets somptueux, filet de saumon et coeur de midinette en libre service, poulet, mezzés, asperges et autres petits plats cuisinés.

Les digestifs sont à l'avenant. Sur certaines vidéos, des invités semblent inhaler du gaz hilarant ou fumer la chicha. De nombreux témoignages insistent sur les jeux d'alcool. Le plus populaire est visiblement le Jenga, un exercice qui consiste à empiler des pièces de bois sans les faire tomber. Sur chacune des pièces, «des défis étaient inscrits, certains liés à l'alcool, d'autres non».

Exemples des gages d'un Jenga.
Exemples des gages d'un Jenga.

Le sexe n'était au fond qu'une suite logique. A une invitée qui repoussait ses assauts, Benjamin Mendy a revendiqué des rapports complets et méritoires «avec 10 000 femmes» - ce qui n'était visiblement pas une façon de parler. Les jeux de séduction commençaient généralement dans la piscine, en grand comité et petite tenue. Benjamin Mendy ne semblait pas comprendre que, parfois, peut-être même rarement, certaines invitées lui disent non: il prenait ce refus pour de la timidité ou un manque de politesse.

Ce sont sans doute les passages les plus édifiants du procès: récits glaçants de femmes supposément frigides, éperonnées avec des mots crus, dans une ambiance de viande froide. «Je le repoussais sans cesse et il s'agrippait à moi.» «Ce qui me bouleverse le plus, c'est le nombre de fois où je lui ai dit non.» «Il n'avait pas l'air gêné par quoi que ce soit.» «Je me suis réveillée et "Ben" était sur moi. Il m'a dit: "Ne bouge pas".» «Il a tiré mes fesses vers lui. Je disais juste: "Non, non, je ne veux pas coucher avec toi". Il me disait: "C'est bon, ça va, je vais juste m'insérer quelques minutes". Et il a déplacé mon string sur le côté.»

lvre de son pouvoir, Benjamin Mendy jouissait de la vie et d'une certaine immunité, conscient des privilèges que lui offrait sa condition de vedette. La voiture était une autre affirmation de sa virilité. Comme tous les footballeurs dominants, Mendy a épousé les codes de la ploutocratie automobile: il a joué à qui a la plus grosse.

La Lamborghini Aventador, très répandue chez les footballeurs.
La Lamborghini Aventador, très répandue chez les footballeurs.

D'une «modeste» Mercedes AMG, il est passé à une Ferrari F12 Onyx Concept, d'abord la noire, puis la jaune. Ses coéquipiers ont fini par le convaincre d'acheter une Lamborghini Aventador, comme tout le monde, un «avion» qu'il conduisait sans permis ni assurance et que la police britannique a fini par envoyer à la casse.

Mendy avait ses entrées et ses habitudes dans tous les établissements branchés de Manchester. Le Parea, proche de chez lui, où il recrutait ses invité(e)s. Le Chinawhite, un club du centre-ville, où il a été filmé debout sur une table, torse nu et pantalon baissé, aux environs de 3 h du matin. «Cette nuit-là, il était tellement bourré. Tout le monde riait et essayait de l'aider», a rapporté une victime présumée. Le lendemain, il y avait match.

Une autre femme raconte une rencontre dans une boîte de nuit... à Barcelone, tandis que Mendy suivait un protocole médical strict, à base de repos, après une lourde opération à un genou. Une troisième témoin fait état d'une agression sexuelle dans la nuit du 2 janvier 2021, une soirée terminée au petit matin, à la veille d'un choc contre Chelsea. Deux jours plutôt, Mendy avait déjà organisé une soirée du Nouvel-An au «manoir», sans respecter le confinement.

La maison de Benjamin Mendy, notamment équipée d'une panic-room, d'une piscine intérieure et d'une grande cuisine.
La maison de Benjamin Mendy, notamment équipée d'une panic-room, d'une piscine intérieure et d'une grande cuisine.

L'erreur serait de croire que Mendy est une sorte d'hédoniste dans un monde de sueur et de Fortalis. Les témoignages recueillis à son procès citent de nombreux autres footballeurs rencontrés au «manoir» ou en boîte, selon une routine bimbolambo-biscoto. Il est notamment avéré que Kyle Walker, Jack Grealish, Riyad Mahrez, John Stones et Raheem Sterling, entre autres joueurs de City, ont participé aux fêtes de Mendy, sans aucun lien avec les accusations de viol et d'agressions sexuelles.

Pep Guardiola était-il au courant? Pendant sa comparution en visio-conférence, l'entraîneur des Sky Blues a d'abord loué la personnalité profondément attachante de Mendy. «C'est un très bon gars. Il aime s'amuser et fait en sorte que les gens s'amusent aussi. Il est difficile de trouver quelqu'un dans le vestiaire pour dire du mal de lui.» Mais Guardiola a délicatement éludé la question de principe: «Je contrôle mes joueurs à l'entraînement mais je ne sais pas ce qu'ils font dans leur vie privée. Je ne suis pas leur père.»

Didier Deschamps, lui, s'est montré plus paternaliste avec Mendy. «C'est quelqu'un qui a des qualités physiques au-dessus de la moyenne, mais les exigences du très haut niveau... Ça va venir, je ne désespère pas qu'il les fasse rentrer dans son cerveau. À lui de prendre conscience qu'il doit prendre soin de son corps sur le terrain et en dehors. Il le sait, je le lui ai dit, redit et redit.» En vain: après sa première sélection, Mendy a enchaîné les blessures.

«Mendy c’est Mendy. Des fois, vous avez envie de le tuer, des fois vous vous dites: quelle chance nous avons d’avoir un joueur comme lui!», avait résumé Pep Guardiola en 2018.
«Mendy c’est Mendy. Des fois, vous avez envie de le tuer, des fois vous vous dites: quelle chance nous avons d’avoir un joueur comme lui!», avait résumé Pep Guardiola en 2018.

Les minutes du procès indiquent pourtant une absence totale de remords sur son mode de vie. Bien au contraire, Mendy en a justifié les raisons avec une naïveté presque touchante: «Je ne suis pas Brad Pitt, a-t-il expliqué à la barre. Je sais que les femmes ne viennent pas vers moi pour mon style, mais parce que le football donne accès à plein de choses. Et ç'a été multiplié par dix à Manchester City. J'ai commencé à recevoir plein de messages sur Instagram. Franchement, c'est si facile de rencontrer des filles et d'avoir des rapports sexuels. Si elles voulaient du sexe et moi aussi, tout était OK. Ensuite, je continuais à faire la fête.»

«Je ne peux pas crier que j'aime le sexe. Ce n'est pas naturel de le dire fort»

Tout au long du procès, dont le jury a repris les délibérations mardi, Mendy a exposé sa vie dissolue, et avec elle les fastes du football professionnel, en arguant d'un attrait naturel. Parce c'était le seul moyen de prouver sa bonne foi; mais aussi avec une fierté non dissimulée. La fierté du gavroche qui a réussi. Qui peut tout avoir. Presque tout.

Le grand public a découvert à travers lui une forme de normalité singulière, le fameux «monde du football», entre luxe et luxure, du grand soir aux petits matins blêmes, jusqu'au rite éminemment masculin des sorties en bande, dans un rapport décomplexé, quasi culturel, à la nudité et à la fête.

«Ça peut paraître bizarre de le dire ici, mais j'ai grandi avec cette façon de faire au centre de formation (réd: au Havre), où c'était normal d'avoir des rapports sexuels avec plusieurs femmes la même nuit. Ça faisait partie de nous», a encore témoigné Mendy, «expliquant» ainsi les orgies du «manoir». Du rêve à la télé-réalité, il n'y avait pour lui qu'un pas de porte.

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